
Après plusieurs mois de repli, la construction neuve reprend de légères couleurs en Bretagne, +0,6% sur un an à fin juillet 2025. « Le marché est porté par le collectif neuf et les maisons en bande, moins par l’individuel, explique Marie-Laure Le Priol à la tête de la Fédération morbihannaise du bâtiment. Toutefois, depuis deux mois, les mises en chantier de maisons individuelles cessent de baisser. » Il faut dire qu’on revient de très loin : « En 2024 la Bretagne a enregistré une chute de 50% des vente de maisons individuelles. A l’échelle nationale, on est passé d’une moyenne de 120 000 ventes avant la crise du Covid, à 50 000 en 2024. » L’enjeu est de taille, le neuf pesant 47 % du marché de la construction en Bretagne. Dans ce contexte, la crainte d’une nouvelle disparition de Prêt à Taux Zéro qui a été élargi en 2025 à tout le territoire et dans le neuf est dans tous les esprits. « Cet outil est indispensable pour garder la dynamique enclenchée ces derniers mois. »
Une rupture avec les Politiques
Dans l’entretien et la rénovation, 53% du marché de la construction en Bretagne, les voyants sont au vert. Les carnets de commande affichent en moyenne, près de 18 semaines de travail dans la région, contre 14,6 semaines dans le reste du pays, soit une hausse de 1% en volume sur un an. Mais là encore, les représentants de la FFB en région se désolent d’une telle situation d’instabilité. « Nous sommes écœurés par ce qui se passe en ce moment. Alors que les chefs d’entreprise assument leurs responsabilités, les partis politiques pensent à leurs prochaines élections, souligne Stéphane Le Teuff, président de la Fédération régionale (3 500 adhérents, plus de 83 000 emplois soit 2/3 des salariés du secteur). On constate une rupture. On craint un blocage du pays à partir du 8 septembre. Il entraînerait l’arrêt ou du moins la suspension des mises en chantiers, alors que 100 000 demandes de logements sociaux sont aujourd’hui insatisfaites en Bretagne. »
MaPrimeRénov, Statut bailleur privé …des dispositifs en suspens
Sentiment partagé par Jean-Michel Galle, président de la Fédération en Ille-et-Vilaine. « Avec une dissolution, on se prépare à un gel total des décrets ou décisions prises par le gouvernement et la restriction de subventions. » C’est notamment le cas de MaPrimeRénov : « c’est la 16é fois que ce dispositif est modifié. Même les professionnels sont perdus. » 60 000 dossiers sont en attente et avec la réouverture du guichet programmé le 1er octobre, 13 000 logements doivent en bénéficier d’ici fin 2025. « Les remises en cause permanentes de ce dispositif ont déjà fragilisé un certain nombre d’entreprises dans le département, entre 15 et 20 sociétés sont en difficulté », indique Bruno Poupon, à la tête de la Fédération du Finistère. Idem Pour Le statut de bailleur privé qui pourrait bien passer à la trappe en cas de dissolution. « Déposé par Mickaël Cosson, député costarmoricain, poussé par la ministre du Logement, ce nouveau statut constitue une réponse pour aider les investisseurs particuliers. Il est envisagé pour remplacer la loi Pinel dès 2026, avec un objectif de relancer l’investissement locatif. Avec une dissolution, il risque d’être renvoyer aux calendre grecques ! », poursuit Stéphane Le Teuff.
La REP bâtiment, un fiasco
Autre sujet de crispation : la REP Bâtiment (PMCB). Depuis mai 2023 les entreprises de bâtiment sont concernées par la « responsabilité élargie du producteur » (REP) : un dispositif vertueux qui permet de financer la reprise et le recyclage des déchets de chantier. Mais il semble que le caractère « vertueux » de ce dispositif, rendu obligatoire par la loi AGEC, n’existe que sur le papier. « On paye une contribution auprès d’un éco-organisme pour une reprise gratuites de nos déchets sur les chantiers. Seulement voilà, le service n’est pas assuré. » En 2024, la performance de collecte des déchets était identique à la situation qui prévalait avant la mise en place de la REP (60% déchets recyclés). « Après de mois de protestation, pour obtenir plus de transparence sur le montant des éco-contributions perçues par éco-organismes, nous avons obtenu un moratoire du gouvernement. Que va-t-il advenir , s’il y a une dissolution ? », conclut Jean-Michel Galle tout en rappelant qu’en moyenne entre 2001 et 2023, la Bretagne enregistrait 24 100 logements neuf par an, contre 20 000 aujourd’hui. « On a perdu l’équivalent d’un département comme le Morbihan. »