En Bretagne, depuis 7 ans, l’industrie textile connaît un rebond. Ses effectifs ont progressé de 16% entre 2015 et 2021 et le nombre d’entreprises, de 9%. Cette renaissance de la filière qui rassemble quelque 350 TPE/PME s’observe en particulier dans l’industrie du cuir et de la chaussure. Elle entraîne aussi d’importants besoins en emplois et de nouvelles compétences en particulier dans la production. Pour attirer des candidats, les dirigeants bretons tablent en priorité sur la formation professionnelle continue et souhaitent se structurer. Voici en résumé ce qui ressort de l’étude* approfondie sur l’industrie textile menée par la CCI Bretagne en lien avec Mode Grand Ouest et le concours financier du Conseil régional et de l’Etat (DREETS).
Partout en France grâce notamment à l’argument du « made in France » la filière textile se redresse, après des décennies de désindustrialisation. La Bretagne n’échappe pas à cette tendance. Selon la CCI Bretagne l’amorce de cette reprise remonte à 2015. Aujourd’hui l’industrie textile bretonne compte près de 350 entreprises réunissant plus de 3 000 salariés. « C’est 400 de plus par rapport à 2015 ». Ils représentent moins de 2% de l’emploi industriel breton et 0,4% des effectifs salariés totaux. Le nombre d’établissements connaît lui aussi une augmentation, de près de 9%, représentant la hausse la plus importante enregistrée en France après la Corse.
L’industrie du cuir et de la chaussure en plein boom
Autre caractéristique bretonne, la filière est composée très majoritairement de TPE. 75% d’entre elles emploient, en effet, moins de 5 salariés. Enfin, la croissance de ces emplois est portée par l’industrie du cuir et de la chaussure (+158,1% en 7 ans). La part de ce domaine d’activité dans l’emploi total de la filière a doublé en 6 ans passant de 14% à 30%. L’étude de la CCI bretagne nous apprend également que les zones d’emplois de Quimper et Fougères concentrent à elles deux 51% des effectifs salariés de la filière textile en Bretagne (pour 18% des établissements).
Parmi les fabricants textiles, on trouve des entreprises comme A l’Aise Breizh, Safar, 3D-Tex ou encore North Sails. Elles comptent toutes moins de 100 salariés, contrairement à celles issues de l’industrie de l’habillement, de plus grande taille, à l’image Armor Lux, de Guy Cotten, d’Orca Accessoires ou encore les Ateliers Fim. L’industrie du cuir et de la chaussure (articles de voyage, de maroquinerie et de sellerie) qui enregistre une forte progression depuis 2015 concentre près d’un tiers des emplois. Deux entreprises emploient plus de 100 salariés. Il s’agit des Ateliers de Vitré et Bagages France Luxe.
450 couturiers à recruter
Dans ce contexte favorable, 95% des dirigeants d’entreprises interrogés par la CCI Bretagne* anticipent une croissance ou une stagnation de leur activité. Sur l’ensemble de la filière, pas moins de 1 164 projets d’embauche sont recensés dans les 24 prochains mois. « Les métiers de la production qui comptent le plus de projets de recrutement (913) sont aussi parmi les plus en tension. La filière – et notamment le domaine de l’industrie de l’habillement – devra embaucher près de 450 couturiers en Bretagne dans les 24 prochains mois ». Des métiers pour lesquels le niveau d’étude attendu ne dépasse pas le baccalauréat (CAP et BEP compris) mais qui attirent peu de candidats. En conséquence, les entreprises bretonnes du textile n’échappent pas à la pénurie de main d’œuvre presque structurelle qui frappe les industries françaises depuis quelques années. 95% des entreprises interrogées qui déclarent avoir recruté ces deux dernières années ont rencontré des difficultés.
L’image de la filière et de certaines entreprises serait en cause ainsi que la localisation géographique des acteurs, souvent éloigné des grands centres urbains. La solution passe par la formation. « Les entreprises du textile expriment une envie d’intensifier des coopérations jugées jusqu’ici comme « timorées » avec les écoles, universités et lycées », rapporte la CCI Bretagne. Cependant, elles tablent d’avantage sur la formation continue, l’organisation de la transmission des savoir-faire pour fidéliser les salariés. Pour ce faire, elles ont conscience qu’elles doivent renforcer leurs liens afin de mener des actions collectives, se faire entendre et au final continuer à se développer sur le territoire.
Découvrir l’intégralité de l’étude sur l’industrie du textile, cuir et habillement en Bretagne
* 1 enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la filière soit 90 entreprises interrogées en juin 2022.