Transitions

Agroalimentaire breton. « Le Bien manger, on y a tous souscrit, mais au fond que veut la société ? »

C’est un visage auquel il faudra s’habituer. Rémi Cristoforetti, 57 ans, directeur général de la Coopérative Le Gouessant est le nouveau président de l’Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaire (ABEA). Alors que le décret sur la Reuse s’apprête à tomber et que les entreprises de l’agroalimentaire sont appelées à baisser leurs prix pour redonner un peu de pouvoir d’achat aux français, le nouvel homme fort de l’ABEA décline ses priorités et les défis auxquels l’ensemble du secteur est confronté à savoir l’environnement, le capital humain et la performance industrielle. Il rappelle également que la Bretagne nourrit globalement 1 français sur trois et que sur les 1 500 sites de transformation présents sur le territoire, 1 300 emploient moins de 10 salariés.

Rémi Cristoforetti, nouveau président de l'ABEA
Rémi Cristoforetti, nouveau président de l'ABEA

Centralien, Rémi Cristoforetti a démarré sa carrière dans l’électroménager, en tant que directeur industriel chez Electrolux. C’est en 1997 qu’il bifurque dans l’agroalimentaire avec un premier poste chez Guyomarc’h (56) avant d’intégrer Diana (56 ) où il restera 11 ans. «J’ai beaucoup aidé le groupe à implanter des usines à l’international : Hongrie,  Russie, Thailande, Costa Rica, Chili, etc. » Depuis 8 ans, il est directeur général de la coopérative Le Gouessant à Lamballe dans les Côtes d’Armor. « C’est une gouvernance plurielle avec 40% de femmes et des cultures plurielles et durables : oeufs, volaille, porc, légumes, etc.  .

150 000 euros insvesti en moyenne chaque année pour économiser l’eau

Parmi les priorités de l’ABEA : la performance industrielle : « Dans l’alimentation, tout a de la valeur. Il est essentiel d’avoir ça en tête en permanence, alors que les prix de l’énergie et des protéines augmentent. Le changement climatique, la volatilité des marchés, l’impact carbone…La transition est d’une brutalité très forte. Nous n’avons pas le choix. Nous devons nous engager dans l’usine du futur et investir dans la robotique et l’intelligence artificielle pour produire mieux en utilisant moins de ressources. » Le pilotage de la consommation d’eau est déjà une réalité. « ‘Il y a un an, seule une entreprise sur deux disposait d’un compteur à télé-relève. Aujourd’hui, elles sont deux sur trois, preuve que la prise de conscience est rapide. » En moyenne, les entreprises bretonnes de l’agroalimentaire investissent chaque année 150 00 euros dans la gestion de leurs économies d’eau.

 

 Autre sujet sensible : la Reuse. Depuis 2019 , l’Abea s’est lancé dans un long travail d’information et de sensibilisation auprès des pouvoirs publics  pour lever les blocages réglementaire à la mise en place de cette solution.  «  Dans un contexte de sécheresse, le développement de la réutilisation d’eau permet de conjuguer  des économies substantielles de prélèvements dans le milieu , avec la continuité de notre activité. Rien qu’au sein de 28 sites agroalimentaires identifiés, la quantité d’eau potable économisée serait de 2,5 millions de m². Bien sûr, son usage n’entre pas dans la fabrication de l’alimentation mais est essentiellement réservée au nettoyage des usines. » Le décret qui doit notifier les conditions de son déploiement tombe mercredi 12 juillet. « Certains d’entre nous sont déjà prêts. Ils ont les équipements de traitement nécessaires pour regénérer leurs eaux et les rendre propres pour un nouvel usage. Cependant, on espère que l’exécution de ces conditions sera opérationnelle. »

 

Une rentabilité moyenne d’environ 1%

Sur les négociations commerciales qui se sont tenues entre le 1er décembre 2022 et le 1er mars 2023, la hausse obtenue par les entreprises bretonnes s’élève à 9%, similaire à la moyenne nationale. A nouveau cette année, seules les hausses des coûts liés aux matières premières agricoles ont été totalement acceptées par la grande distribution. « 100 % du besoin lié aux matières premières agricoles a été pris en compte, sauf pour le bio, ce qui entraîne aujourd’hui de vraies tensions sur les filières qualitatives. Par contre, seulement 30% du besoin lié aux matières premières industrielles (emballage, énergie) a été pris en compte. Aussi avec une énergie multipliée par trois entre 2022 et 2023 ,la dégradation  des marges persiste. Nous sommes en moyenne, en Bretagne, à 1%  On reste sur des coûts plus élevés que ceux de 2019. La volatilité des marchés perdure et les trésoreries de certaines entreprises sont très tendues. On nous demande aujourd’hui de baisser nos prix parce que certaines matières premières ont diminué. Mais il faut bien comprendre que le porc qui arrive aujourd’hui dans les étals des magasins a été nourri avec un aliment du bétail au prix le plus fort. »

Pour pallier cette baisse de rentabilité, les entreprises bretonnes sont obligées de faire des arbitrages : « On investit moins, on coupe dans nos dépenses de communication, on redistribue notre portefeuille d’activités, on renégocie nos lignes de trésorerie avec les banquiers, etc. » A ces difficultés s’ajoutent la hausse des importations avec des produits moins chers. « Pour certaines filières comme le poulet, les produits importés représentent 51% de la consommation.  Aujourd’hui on assite même à une pénétration du marché de l’œuf. Le Bien manger, on y a tous souscrit, mais au fond que veut la société ? »

Et le nouveau président de conclure : « L’ABEA est au coeur des enjeux de la filière, qu’ils soient d’ordre économiques, environnementaux, sociaux ou industriels et a une vraie reconnaissance et légitimité dans ses actions et prises de position. Mon ambition pour l’ABEA et pour la filière agroalimentaire est de continuer à porter cette approche collective singulière autour de ces enjeux. », indique le nouveau président, Rémi Cristoforetti.

 

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