La gestion de l’air dans les grandes surfaces c’est eux ; la pressurisation des cabines d’avion, c’est eux aussi. Leur signature s’est imposée sur les toits ou les tarmacs comme celle du leader français du marché BtoB de la CVC (climatisation, ventilation, chauffage). Trois lettres : ETT accolées sur d’imposantes armoires en aluminium fixées au sol ou sur un essieu roulant, et à l’intérieur desquelles sont installés des systèmes complexes de rafraichissement et/ou de chauffage de l’air ambiant.
Créée en 1979 à Ploudalmézeau, dans le nord Finistère, ETT (pour Energie Transfert Thermique) est devenue une ETI familiale de renommée internationale qui emploie plus de 400 collaborateurs (dont près de 300 sur son seul site de production, à Ploudalmézeau) et plus de 80 millions d’euros de chiffre d’affaires. Un parc de 20 000 de ses machines est installé en France et à l’étranger, l’export représentant 17% du volume d’affaires de cette entreprise dirigée depuis 2014 par Antoine Millot.
Cette part à l’international pourrait considérablement gonfler – à tout le moins, c’est ce qui est visé – avec l’ouverture récente d’une nouvelle ligne de production réservée à une innovation de rupture validée cet été : la conception d’un système de rafraichissement à fluide frigorigène zéro carbone. « Nous avons réussi à intégrer le fluide R290 dans nos systèmes de traitement de l’air« , explique Antoine Millot, directeur général d’ETT. Plus communément connu sous le nom de propane, ce fluide R290 apporte des caractéristiques décuplées en termes de performance et d’impact environnemental. « Aujourd’hui, dans les systèmes de climatisation présents sur les toits des centres commerciaux (ce qu’on appelle des ‘rooftops’), le fluide frigorigène le plus répandu, le R32, émet des gaz fluorés répertoriés parmi les gaz à effet de serre. Avec le R290, ces émissions sont neutres. Le R290 n’a aucun impact sur la couche d’ozone et ne génère pas de polluants éternels (PFAS) par dégradation dans l’atmosphère », confirme le dirigeant qui poursuit : « Quand on remplit le système avec 1kg de fluide frigorigène de type R32, on estime que cela peut générer 675 kg de CO₂. Avec le fluide R290, c’est 0,02 kg de CO₂, soit quasiment zéro ! Le gisement d’économie potentielle de CO₂ s’avère donc très significatif. »
« Une première mondiale »
Installée dans une des ailes de l’immense atelier d’ETT (18 000 m2), cette nouvelle ligne de production a coûté près de 2 millions d’euros, dont une partie a été soutenue par le programme national PIA4, dédié à la recherche et à l’innovation. « Cette ligne – une première au monde – permettra de produire à échelle industrielle une nouvelle gamme de rooftops, baptisée « Ultima Green Line » et conçue pour la ventilation, le chauffage ainsi que la climatisation des grands volumes, dont les moyennes et grandes surfaces commerciales et les entrepôts« , précise Jean-François Hostiou, directeur industriel chez ETT.
Parallèlement à cette innovation et pour aller encore plus loin dans la décarbonation de leur solution, les ingénieurs et opérateurs d’ETT ont couplé l’utilisation du fluide R290 avec un système de refroidissement adiabatique, c’est-à-dire un processus thermodynamique naturel transformant un air chaud et sec en air frais et humide via un passage aqueux. « C’est calqué sur le fonctionnement de la transpiration humaine », image Antoine Millot. Là encore, les gains énergétiques constatés avoisinent les 70% d’économie en comparaison avec des systèmes de climatisation classiques. Pour couronner le tout, ETT élabore un pilotage intelligent de ses datas pour accroitre encore le potentiel d’économie énergétique de ses machines, « de l’ordre de 50% supplémentaire ». In fine, la combinaison de systèmes innovants développés par ETT place l’entreprise finistérienne à la pointe des technologies proposées, et en avance de plusieurs années sur les réglementations européennes imposées en faveur de la décarbonation.
« L’innovation reste une pierre angulaire de notre entreprise qui nous permet de compter parmi les leaders du génie climatique. Nous ambitionnons d’être le premier industriel français de ce secteur acteur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre liés à la CVC« , conclut Antoine Millot.
