Filiale du groupe sarthois LDC, la Société bretonne de volaille, plus connue sous l’acronyme SBV, a su, en dix ans, structurer la filière avicole locale et réveiller la production ainsi que la commercialisation, en France et à l’international, de la volaille française.
Créée en 2015, SBV emploie aujourd’hui 4 500 personnes réparties sur les 12 usines* de transformation bretonnes et son unique plateforme logistique aménagée à Ploërmel. Porté par la filière poulet (625 millions d’euros de chiffre d’affaires), le groupe – qui se distingue également par ses productions de dindes, canards et produits élaborés -, clôture l’année 2025 avec un volume global d’affaires de 1,25 milliard d’euros. En amont, SBV fédère 1200 éleveurs indépendants installés sur l’ensemble de la Bretagne. Sur les étals, le groupe agroalimentaire est plus connu sous les marques Ker Chant, Fermiers d’Argoat, Ronsard ou Réghalal pour ce qui concerne la Grande distribution ; Poule et Toque, ID Halal, Cocotte de Bretagne, Le Gaulois ou encore Domaine de Lanvaux pour ses productions adressées à la restauration hors domicile ; et enfin Doux, Prim’s et Canard passion pour ses marchés à l’export.
Avec une capacité d’investissement annuel de l’ordre de 80 millions d’euros, SBV a su transformer ses ambitions en réalités industrielles et ses implantations en locomotives territoriales. « Le développement de notre activité repose sur une responsabilité affirmée vis-à-vis de notre territoire. Pour un emploi créé chez SBV, cinq à six autres sont induits en périphérie. Ainsi, près de 24 0000 personnes en Bretagne dépendent directement ou indirectement de nos activités », souligne Laurent Girard, directeur général de la SBV et l’un des trois premiers employeurs privés en région.
Contrer la domination de l’importation
Après avoir guidé la structuration d’un pôle avicole majeur et moteur – le résultat de ces dix premières années -, la direction de SBV se trouve désormais confrontée à un double défi : relever les courbes de la production et du recrutement pour continuer de progresser, voire d’exister.
Dans nos assiettes, la consommation de volaille tend à augmenter depuis plusieurs années (31,6 kg en moyenne, par habitant et par an, en 2024), alors qu’un poulet cuisiné sur deux provient des marchés d’importation (Ukraine, Pologne, Brésil en tête). « Pour s’en sortir, il nous faut produire un poulet mieux disant que celui d’importation », plaide Laurent Girard qui mise sur la feuille de route RSE du groupe, baptisée Graines d’Avenir, pour réussir cette transformation durable et souhaitable. « Notre mission est à la fois simple et ambitieuse : nourrir les Français avec une volaille de qualité, 100% née, élevée, abattue et transformée en France. » Cela passe, selon lui, par la sécurisation de l’approvisionnement. « Pour servir une alimentation responsable et tendre vers la souveraineté alimentaire, nous devons développer l’élevage en région. Notre accompagnement en ce sens garantit le bon prix aux éleveurs partenaires, le bien-être des animaux et la rénovation ou construction de bâtiments d’élevage économes en ressources et en énergie, détaille le dirigeant.
Un nouvel abattoir en 2028
SBV investit également dans l’élargissement de ses capacités de transformation. Plus de 60 millions d’euros ont ainsi été injectés dans l’automatisation et l’extension des chaines d’abattage pour, d’ici trois ans, sortir 100 000 poulets de plus par semaine en Bretagne (filiale SBV), et 300 000 à l’échelle du groupe LDC (ce dernier produit actuellement 2,3 millions de poulets par semaine). En Bretagne, Laurent Girard mobilise 75 millions d’euros, en 2026, pour la modernisation des outils existants et la construction d’un nouvel abattoir. S’il reste discret sur la localisation précise de ce nouveau site, le directeur avance qu’il sera opérationnel dès 2028.« L’objectif reste identique : répondre par la qualité à la hausse générale de la consommation de volaille. » L’innovation apportée sur de nouveaux produits, comme la gamme des élaborés (en forte croissance – 439 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024), ou sur des accompagnements dédiés, comme la marque Poule et Toque parrainée par des chefs étoilés, concourent à redorer le travail réalisé et accroitre l’activité.
Le second défi majeur à relever concerne la hausse récurrente du besoin de main d’oeuvre couplée à celle de la courbe des âges au sein de l’effectif du groupe. « Près de la moitié de nos collaborateurs seront amenés à partir en retraite dans les dix prochaines années », souligne le directeur général de SBV. L’attractivité devient alors un sujet majeur que l’entreprise agroalimentaire prend à bras le corps en renforçant ses actions de communication et la promotion de ses valeurs. « Acteur de la vie économique locale, nous le sommes également sur un plan social en soutenant les initiatives sportives, culturelles et associatives. Cela fait partie de notre ADN et de notre engagement à faire vivre les territoires« , explique Laurent Girard, soutien inconditionnel du RCV à Vannes, du Fest’Agri 56 ainsi que des festivals Les Vieilles Charrues à Carhaix et du Yaka rire à Locminé. « Les dix prochaines années seront déterminantes. Nous voulons accélérer notre transformation au bénéfice de toute la filière avicole bretonne (éleveurs, collaborateurs, clients et partenaires), tout en renforçant notre ouverture sur le monde. »
*Celvia poulet à Sérent (56), Celvia dinde & élaborés à St Jean-Brévelay (56), Celvia charcuterie à Bignan (56), Michel Robichon à Saint-Thuriau (56), Celtys à Plouay (56), Doux Farmor à Quimper (29), Keranna à Guiscriff (29), Boscher Volailles à Mûr-de-Bretagne (22), LDC Bretagne à Lanfains (22), Farmor à Saint-Agathon (22) et Procanar à Lauzach (56)



