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Croissance

Ostrea monte en cadence pour faire face à la demande de son matériau à base coquillages recyclés

Camille Callennec, Tanguy Blévin, Theo Joy et Maxime Roux, les quatre cofondateurs d’Ostrea ont inauguré à Thorigné-Fouillard, près de Rennes en Ille-et-Vilaine, leur démonstrateur industriel de 5.600 m2 dédié à la production d’un matériau durable et haut de gamme, issu de coquillages recyclés. A l’horizon 2027, ce sont plus de 2 500 tonnes de coquilles Saint-Jacques et de coquilles d’huîtres issu de la façade Ouest, contre 500 tonnes aujourd’hui, qui seront ainsi transformées selon un procédé inédit et breveté. En parallèle, la production actuelle de 10 000 m² de surface de matériau devrait grimper à 40 000 m², soit la capacité maximum du site inauguré, ce jour, devant un parterre d’élus et partenaires venus en nombre.
V.Maignant
Les quatre fondateurs d'Ostrea (de gauche à droite) : Camille Callennec , Tanguy Blevin, Théo Joy , Maxime Roux et le maire de Thorigné Fouillard (35), Gaël Lefeuvre

« L’économie circulaire c’est l’avenir des matériaux et l’industrialisation sa réponse, déclare Camille Callenec, un des quatre cofondateurs d’Ostrea. Si l’aventure a démarré en 2020, c’est en 2021 qu’elle se concrétise avec un premier échantillon et un premier business plan. « A l’époque, nous occupions un ancien hangar à lapins, situé non loin d’ici, à Breteil », se souvient-il. En 2022, Ostrea voit officiellement le jour. L’équipe emménage dans un atelier de 1 000 m² au Rheu, près de Rennes, puis en 2023 opère sa première levée de fonds de 1,2 million d’euros. « C’est aussi l’époque de notre première machine et d’un premier brevet. »

 

Des paillettes de coquillages standardisées

La phase la plus longue a été la constitution d’une filière régionale, aujourd’hui composée d’une dizaine d’acteurs (ostréiculteurs, producteurs ou collecteurs de coquilles Saint-Jacques, d’huîtres et dans une moindre mesure de moules) capables de valoriser les résidus coquilliers en paillettes standardisées. « On a co-développé avec eux un process répondant à un cahier de charges bien précis. Aujourd’hui, environ 500 tonnes /an sont ainsi transformées. On vise les 2 500 tonnes d’ici 2 ans. » Ces paillettes sont prises en charge par Ostrea qui les incorpore à un savant mélange à base de ciment bas carbone, d’additifs et autres fibres végétales. Ce mélange est ensuite usiné dans des plaques de 3, 5 cm x 1,5 cm x 2 cm (épaisseur) dont la surface est traitée (vernis + hydrofuge) puis polie, avant d’être transformé selon les besoins du client.

« Le matériau à l’état fini répond à une exigence de texture et de résistance. Aujourd’hui on fait des tests pour atteindre une épaisseur de 1 cm. » Avec cette capacité à inventer une solution industrielle circulaire Ostrea a rapidement su s’imposer comme un acteur incontournable du design et de l’aménagement intérieur. Son matériau haut de gamme se destine à de multiples applications : mobiliers, plans de travail et revêtements de sols.

 

Une production de 40 000 m² de surface de matériau d’ici 2027

« Aujourd’hui nous inaugurons notre démonstrateur industriel de 5 600 m². C’est une étape intermédiaire avant un déploiement à l’échelle européenne. En quelques mois, nous sommes passés d’une production de 1 000 m² de surface de matériaux à 10 000 m². L’objectif est de monter à 40 000 m² », poursuit Camille Callenec. Le chiffre d’affaires qui était de 500 K€ en 2024 devrait donc grimper sensiblement dans les mois à venir. « La demande dépasse encore nos capacités actuelles de production et notre carnet de commande est complet jusqu’à la fin de l’année. La R&D reste au cœur de l’entreprise. Tous les produits qui sortent d’ici doivent être irréprochables.»

Architectes, marbriers ou encore cuisinistes sont de plus en plus nombreux à travailler avec Ostrea, à l’image des Cuisines Morel dont une des usines se situe en Bretagne. « Nous travaillons depuis deux ans avec Ostrea car leur matériau répond à trois tendances : le design, les conditions de résistance et une empreinte carbone parmi la plus faible sur le marché. Avec ce nouvel outil de production, nous espérons amplifier notre partenariat à l’échelle nationale pour toute notre offre biosourcée », témoigne Martin Treboux, Directeur Marketing chez Cuisines Morel, présent à l’inauguration.

Premiers pas à l’international

De quoi renforcer la confiance des investisseurs. Bouclée en mars dernier, la seconde levée de fonds d’un montant de 5 millions a réuni Bpifrance Amorçage Industriel et BNP Paribas Développement, ainsi que des investisseurs privés et des partenaires bancaires. « Ce soutien nous a permis de financer le démonstrateur de Thorigné, mais aussi de muscler nos capacités commerciales. Nous venons de prendre nos premières commandes en Belgique. L’Angleterre et le Canado où nous avons noué des partenariats pourraient suivre prochainement », conclut le co-fondateur d’Ostrea dont l’équipe de 20 salariés devrait grimper à 25 en 2026. Avec plus de 200 projets réalisés en moins de deux ans, l’entreprise a collaboré avec des clients prestigieux tels que le nouveau siège mondial d’AXA, des boutiques pour Christian Louboutin ou encore des bureaux pour la présidence de la République.

 

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