Justine Bonnot a décroché sa thèse en 2019. Formée l’Insa de Rennes, encouragée par son directeur de thèse à l’Institut d’Electronique et des Technologies du numériques (IETR), elle prend conscience que ses recherches sur l’optimisation de la consommation énergétique des systèmes embarqués ont un potentiel industriel.
Transfert technologique
« Pendant trois ans, j’ai maturé technologiquement mon projet en intégrant Inria Startup Studio. J’ai eu la chance de pouvoir compter, et de compter encore, sur l’accompagnement et l’encouragement des laboratoires de recherche rennais. Ce travail d’équipe m’a permis de démontrer l’extraordinaire potentiel de gains qu’il était possible de générer en consommation d’énergie, vitesse d’exécution ou surface de silicium sur des applications logicielles, tout en garantissant leur performance. J’ai également mesuré l’intérêt du marché pour une solution générique capable d’analyser tous types de langages informatiques. » Bien décidée à créer son entreprise, Justine Bonnot franchit le pas en avril 2022, en s’associant à Bouygues Telecom Flowers, filiale de Bouygues Telecom. C’est la naissance de WedoLow à Rennes.
Des logiciels embarqués omniprésents dans notre quotidien
Dans un premier temps, l’entreprise se tourne vers les grands comptes issus de l’automobile, la défense ou encore le spatial, une dizaine à ce jour, pour les aider à réduire la consommation énergétique de leurs produits électroniques. « Les applications embarquées ont beau être invisibles aux yeux des utilisateurs, elles sont pourtant présentes partout, dans nos voitures, nos montres connectées, nos cafetières mais aussi les robots industriels ou encore les satellites ». Gourmandes en code, elles consomment énormément de ressources et prennent de la place. « Imaginez, en 2025, un véhicule embarquera davantage de logiciels qu’aujourd’hui. Cela devrait représenter plus de 650 millions de lignes de code au total ! Cet important volume nous oblige à̀ repenser radicalement nos méthodes de développement afin d’en maitriser l’impact environnemental et économique. Aujourd’hui, nous sommes les seuls sur le marché mondial à proposer une solution. »
Un marché mondial
La première version développée par la startup permet de diagnostiquer rapidement les logiciels embarqués et d’identifier les optimisations algorithmiques possibles. Son modèle économique passe alors par un abonnement avec une licence annuelle. « C’est très rassurant de travailler avec des grands comptes, mais les cycles sont lents. » Fort de ce constat, WedoLow élargit son champ des possibles et travaille à un produit destiné aux développeurs individuels. Mise sur le marché au printemps 2025, cette nouvelle version va plus loin que la première. « Notre produit, développé en mode SaaS, se connecte au code source des logiciels et analyse les divers critères de performance clés. Il génère un diagnostic précis de son code et quantifie son potentiel d’optimisation sur ces critères de performance. Le développeur peut ensuite facilement choisir tout ou partie des options qui paraissent pertinentes et les implémenter. Dans tous les cas de figures, il garde la main sur son logiciel. Notre outil détecte toutes les zones non performantes », précise la dirigeante.
Un premier closing de 700 K€ d’ici fin 2025
Aujourd’hui, WedoLow a une longueur d’avance sur la concurrence. « Avec notre solution, nos clients réduisent en moyenne de 50 % la consommation d’énergie de leurs logiciels embarqués, de 30 % l’espace mémoire utilisé, et améliorent le temps d’exécution de 40 % ». Afin de rester le N°1 sur ce marché mondial en plein développement et conquérir de nouvelles filières comme le machinisme agricole, l’entreprise prépare une levée de fond de 1,5 million d’euros. « Nous allons la mener en deux tranches. Nous espérons boucler un premier closing de 700 K€ d’ici fin 2025 auprès de fonds deeptech et des business Angels. » Objectif : constituer une force commerciale et marketing à l’échelle internationale.
Lauréate du prestigieux concours i-Lab en 2024 (France 2030), WedoLow devrait s’imposer rapidement comme un leader de la sobriété numérique. D’ailleurs le public du Forum Economique Breton ne s’y est pas trompé. Lors du concours de pitchs organisé le 11 septembre à Saint-Malo par le réseau des CCI et Madyness dans le cadre de la tournée nationale du Fundtruck, Justine Bonnot a une nouvelle fois été plébiscitée. Gagnante de cette étape régionale, elle participera à la grande finale, courant décembre à Paris.
