Armé d’un CAP mécanicien, René Lebreton a d’abord exercé 10 ans chez Plastic Omnium au sein de l’atelier peinture. « Je suis arrivé en tant qu’intérimaire et j’ai fini chef d’équipe. » En 2000, il intègre l’entreprise adaptée Bretagne Ateliers, devenue en 2022 Talendi, en tant que responsable de production. « Garant de la qualité, j’avais sous ma responsabilité une centaine de personnes. On assemblait de manière synchrone avec notre donneur d’ordre, PSA, les pédaliers de voitures. En 2008, la crise des subprimes a entraîné la chute du secteur automobile. L’effectif a fondu à 30 personnes et j’ai saisi l’indemnité qui m’était proposée dans le cadre d’un plan de départ volontaire pour repartir de zéro et créer mon entreprise. Je n’avais pas d’idée précise, mais je voulais faire quelque chose d’utile et efficace. »
Un service générateur de confort
Suivent deux années de formation dont une en immersion au sein de l’entreprise Le Rheu environnement (35). « J’ai découvert à quel point la filière était dominée par de gros acteurs. Ils déposent leurs bennes, là où il y a de gros volumes, à savoir dans l’industrie, les hypermarchés, les collectivités, etc. Les TPE et commerçants se débrouillent souvent seuls, faute d’offres de service. » En février 2012, après avoir sondé une vingtaine de professionnels autour de Guignen, il se lance et crée Lebreton Environnement, une entreprise de collecte et de valorisation des déchets professionnels. « J’ai démarré avec un prêt de 35 K€ pour acheter mon premier camion ainsi que des Rolls que je mets à la disposition de mes clients, au fond de leur réserve où ils entassent cartons, plastiques et autres papiers. Non seulement, ils n’ont plus besoin d’aller à la déchèterie, mais ils ont optimisé leur réserve. »
Boulangerie, garage, pharmacie, restaurant, collectivité…Lebreton Environnement collecte, dans un rayon de 40 Km, plus d’une centaine de professionnels. « Si un client est satisfait, il reste chez nous car c’est un service qui libère du temps, générateur de confort. D’ailleurs, ceux que j’ai démarché en 2012, sont toujours là. En fonction des volumes, on définit ensemble la fréquence des collectes, de manière à optimiser chaque tournée. Recycler, c’est non seulement bon pour la planète mais ça génère aussi des revenus. » Des attestations de collectes assurent la traçabilité des matières jusqu’à 10 flux différents.
Un système déployé en local
De retour à l’entrepôt, un bâtiment de 500 m² acquis en 2021, les cartons sont compactés dans une presse à balle des 600 kg et stockés jusqu’à remplir un camion complet soit l’équivalent de 22 tonnes. « On travaille uniquement en local avec des papeteries ou des acteurs comme Omni-pac à Allaire (56) qui transforme le carton en boites à œufs, mais aussi Paprec. Aujourd’hui, le carton se vend environ 99 euros/tonne, mais en mai, par exemple, il est monté à 105 euros. » Chaque mois, deux camions de 22 tonnes de carton sont ainsi valorisés. « Un carton peut être recyclé jusqu’à 7 fois. D’ici deux ans je souhaite doubler ce volume. »
Concessionnaire Ostreya (anciennement Geode Environnement)
En 2015, Lebreton Environnement s’est diversifié dans la gestion des déchets du BTP. « Nous sommes devenus concessionnaire exclusif pour la Bretagne de Geode Environnement appelé, depuis juin dernier, Ostreya. » Cet acteur, présent sur toute la chaîne de valeur du tri, de la massification, du recyclage et de la valorisation des déchets en France, met à disposition des chantiers, des stations de tri avec cinq 5 big bag destinés à valoriser les métaux, le placo, le bois, le carton et le Dib (Déchet industriel banal). « On est en lien avec les conducteurs de travaux. Via une application, ils nous informent de l’évolution du chantier. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, on fait évoluer la station de tri. Tout l’enjeu est de sensibiliser les ouvriers au tri. On récupère le carton. Des déchèteries professionnelles comme Romy ou Suez se chargent du reste. Si c’est bien trié c’est repris à coût zéro. »
Depuis 2018, l’activité n’a eu cesse de progresser et en 2024, l’arrivée d’Anaïs, la fille de René Lebreton, à la communication et Benjamin Ravache, son beau-fils, à l’exploitation, ont fait grimper l’effectif à cinq. « On est capable de traiter 300 chantiers à l’année. » L’entreprise travaille avec une petite dizaine de constructeurs, à l’image de Trecobat, mais aussi avec des promoteurs comme Pierre Promotion. « Depuis début 2025, on enregistre une baisse d’environ 25 % de l’activité mais on sent que ça repart (début juillet). Les dernières modalités du prêt à taux zéro laissent entrevoir une reprise des chantiers en fin d’année. » Au 31 mars 2025, le chiffre d’affaire de l’entreprise s’élevait à 300 K€.
A 55 ans, René Lebreton entend bien poursuivre son bonhomme de chemin et transmettre, d’ici quelques années, son entreprise à ses enfants. « Je suis resté très proche de mes clients. C’est la principale clé de la réussite et de la pérennité d’une entreprise », confie celui qui a été lauréat de la dernière édition de Crisalide Eco-Activités organisé par Bretagne Compétitivité.
