Elles ne sont qu’une poignée d’entreprises à France à être autorisées par l’Etat à cultiver et exploiter le cannabis à des fins thérapeutiques. La biotech morbihannaise Chenevia, fondée par Quentin Beauvais, ancien skipper devenu entrepreneur, Lucas Mutzig, passionné d’agroécologie, et Jean-Baptiste Daguerre, Docteur en pharmacie, pourrait compter parmi celles-là.
Implantée en Morbihan, la jeune pousse – qui a remporté le prix éponyme aux derniers Oscars du Morbihan – dispose des compétences et des fonds nécessaires à la mise en route de cette filière.
Une levée de fonds de 3 millions d’euros
Propriétaire d’une ferme de 7 hectares destinée à la culture de « cannabis bien-être » ou cannabidiol premium, Chenevia vient de mobiliser trois millions d’euros auprès d’investisseurs privés, d’un pool bancaire (mené par le Crédit agricole du Morbihan) et de Bpifrance pour la construction et l’aménagement d’un complexe industriel de production haut de gamme de 1500 m2, comprenant une serre technologique et un laboratoire pharmaceutique dédié à la culture de cannabis thérapeutique. Le permis de construire devrait être déposé d’ici la fin de l’année. « Notre mission est de produire un cannabis médical de haute qualité, conforme aux Bonnes Pratiques de Fabrication (ou GMP en anglais) », précise Quentin Beauvais, également membre de l’association professionnelle Santé France Cannabis et, à ce titre, participant aux discussions avec les pouvoirs publics sur les actions de développement et d’encadrement de la filière française du cannabis médical*.
Améliorer les vertus thérapeutiques du cannabis
En France, tous les acteurs opérationnels de la culture et de l’exploitation du cannabis thérapeutique sont prêts pour initier cette chaine de production. Chenavia est également dans les starting-blocks pour devenir un maillon essentiel de cette filière naissante en France. Depuis trois ans qu’elle est créée, l’entreprise morbihannaise fourbit ses outils et ses capacités pour être présente sur la ligne de départ et performante dès les premiers tours de piste. « Notre innovation repose sur la recherche génétique pour améliorer les vertus thérapeutiques du cannabis« , explique Quentin Beauvais. Chenevia se donne une année à sérier différentes espèces et leurs effets sur la douleur. « Nous souhaitons élargir le champ d’action du cannabis thérapeutique et cibler d’autres maladies sur lesquelles ses molécules peuvent agir, comme l’endométriose« , détaille Quentin Beauvais, entouré d’une équipe d’orfèvres agro- et biologiques pour écrire ces nouvelles partitions médicales. Le dernier arrivé étant Harold Kintz, Docteur en chimie, spécialisé dans les nanomatériaux.
Un marché européen, voire mondial
De la culture de la plante à l’extraction de ses qualités médicales, Chenavia entend développer une industrie verticale et répondre à toutes les étapes de production en délivrant, in fine, des fleurs séchées ou de l’huile de cannabis à ses clients. Ces derniers, des laboratoires exploitants pour la majorité, ont déjà exprimé leur intérêt auprès de la biotech morbihannaise. Avant que la France ne s’ouvre à ce marché, Chenevia pourra déployer ses débouchés dans plusieurs pays européens où le cannabis thérapeutique est légalisé. « D’une tonne de produits finis vendue la première année, nous devrions rapidement être en capacité de fournir une dizaines de tonnes d’ici cinq ans », escompte Quentin Beauvais, entrepreneur dans l’âme et dans les faits.
Au niveau mondial, le marché du cannabis thérapeutique connait une croissance significative. Il est évalué à hauteur de 130 milliards de dollars d’ici 2028.
Découvrir l’entreprise Chenevia
*Point législation : après avoir autorisé l’expérimentation du cannabis médical en 2021 auprès de quelque 2500 patients, le gouvernement français vient de relancer le processus de légalisation du cannabis médical en transférant ses textes législatifs à la Commission européenne pour examen juridique. S’ils sont validés, ces textes pourraient être soumis au vote du Parlement lors du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.