Originaire de Roscoff, Gaëlle Mouster a créé sa première entreprise à 25 ans dans le secteur de la communication après avoir suivi une formation en ergothérapie, puis en graphisme. Très vite, elle bifurque dans le domaine de l’édition avec la création, à Montréal, d’une Maison d’édition. « J’avais 30 ans et je voulais fuir Paris. J’ai créé le magazine “Les Nouvelles Esthétiques Canada” dont j’ai été la co-propriétaire et la directrice de création pendant 15 ans. Parallèlement je vivais ma passion de l’art à travers le body-painting et la peinture sur toile. » A 35 ans, la réalisation de son premier tatouage par un tatoueur auvergnat installé en banlieue de Montréal lui a fait découvrir cet univers mystérieux de l’art corporel permanent. « La rencontre avec ce tatoueur a déclenché une nouvelle passion, que je vis maintenant pleinement. » Peu de temps après, elle ouvre son premier studio de tatouage, en banlieue Sud de Montréal puis revient en 2015 en Bretagne, où elle choisit Lannion pour ouvrir Dermoglam, un nouveau studio de tatouage.
Professionnaliser le métier
En 2020, l’envie de transmettre sa passion et sa technique la pousse à ouvrir un premier centre de formation Breizh Tattoo Academy. « Il fait partie des plus gros studios de tatouage en France avec quatre tatoueurs et un pierceur. Je l’ai créé sous statut SARL car j’ai une vision très corporatiste du métier. Je veux qu’il se professionnalise et qu’il progresse. Hélas, très peu de tatoueurs ressentent ce besoin. Une grande majorité d’entre eux exercent sous statut d’autoentrepreneur voire sans statut. Aujourd’hui, pour s’installer, il suffit d’une formation hygiène et salubrité de 21 heures. Avec un collectif, on se bat pour que le métier soit reconnu et validé par un diplôme d’Etat, un CAP en l’occurrence. Nous sommes des artistes. On crée des dessins. Mais en les reproduisant sur des corps, on devient artisan. » Après un développement rapide, elle décide de s’agrandir. Plus centrale, plus proche de l’axe TGV Paris-Brest, Lamballe devient son port d’attache. Elle y ouvre, en 2022, un espace de 200 m² à la fois école et studio de tatouage et revend celui de Lannion à son associé.
12 places pour 80 demandes
Chez Breizh Tattoo Academy, la formation dure six mois, trois mois à l’école et trois mois de stage en studio. Le programme complet inclut le cours d’hygiène et salubrité nécessaire à la pratique du métier de tatoueur, perceur ou technicien(ne) en dermo-pigmentation. L’entreprise qui compte 5 femmes propose également une spécialisation en tatouage adapté à des suites opératoires (aréoles mammaires à la suite d’un cancer du sein, masquage de cicatrice par des tatouages artistiques, accompagnement au deuil). Sur les 80 dossiers que reçoit l’école pour chaque nouvelle session de formation, seule une douzaine d’entre eux seront sélectionnés. « Ils ont entre 18 et 58 ans. La moitié est issue d’une école d’art, l’autre est en reconversion. Les demandes ne cessent de progresser mais je ne souhaite pas grossir. » Depuis récemment l’école propose aussi une formation au recouvrement de tatouage.
Soigner le corps et l’âme
« Pour être tatoueur, Il faut d’abord aimer l’humain. On marque, sur les corps des gens, leurs étapes de vie. C’est un moment décisif, surtout pour les plus jeunes qui se font tatouer pour passer à l’état d’adulte et entrer dans un nouveau corps. Il faut à la fois gérer ces émotions et le mal qu’on peut leur faire en les piquant. » Il faut compter 80 euros pour un petit tatouage. Le phénomène touche tous les âges et tous les milieux sociaux. Aujourd’hui, un quart de la population française est tatouée, chez les moins de 25 ans, ils sont la moitié. « Il faut que le tatouage se voit. La place de choix, c’est l’avant-bras, poursuit Gaëlle Mouster. Chez les jeunes de 16 ans, le tatouage vient souvent après un décès, pour conserver une part de l’âme de l’être perdu. Lorsqu’un proche est malade, c’est une façon de partager sa souffrance. Je fais beaucoup d’accompagnement au deuil. »
« Pour dessiner les aréoles mammaires à la suite d’un cancer du sein, je travaille avec un chirurgien. Il m’arrive aussi de travailler sur des têtes à la suite d’une calvitie précoce ou d’une alopécie. Je masque aussi certaines dépigmentations, des traces de scarification, des cicatrices… En matière de tatouage de reconstruction le champ d’intervention est très large. Pour les gens, il s’agit de faire peau neuve, de changer de peau pour renaitre sous une forme moins meurtrie. Le tatouage participe d’un rite de renaissance, une manière de se reconstruire sans oublier, conclut Gaëlle Mouster dont le site internet, très graphique a été réalisé en lien avec le conseiller numérique de la CCI Côtes d’Armor.
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