Ils sont montés à la capitale pour faire cette annonce de taille ! Olivier et Jacques Barreau, les cofondateurs et co-dirigeants de l’armateur-torréfacteur Grain de sail, basé à Morlaix, lancent la construction d’un troisième navire, Grain de sail III, encore plus grand, encore plus large, encore plus lourd. Et pour ce projet, Grain de sail change de braquet en dessinant un voilier porte-conteneur de 110 mètres de long et d’une capacité d’emport de 2200 tonnes (loin des 5O tonnes de Grain de sail I et 350 tonnes de Grain de sail II).
Un gréement de voiles rigides
L’innovation ne s’arrête pas là : ce nouveau navire sera constitué d’un gréement singulier qui saura se faire remarquer sur les quais de Saint-Malo, son port d’attache, et ceux de New-york. « Pour ce prochain navire, nous travaillons avec les Chantiers de l’Atlantique pour développer un gréement type Solid Sail, soit le développement de très grandes voiles rigides capables de réduction des plans de voilure (prise de ris) », explique Olivier Barreau, président de Grain de sail. Au total, ce nouveau bateau sera doté de 4000 m2 de voiles, afin de décupler sa capacité vélique. Côté efficacité : ce navire devrait réduire l’empreinte carbone de plus de 90 %, « avec des émissions entre 1 et 2 grammes de CO2 par tonne transportée par kilomètre parcouru, soit 10 à 20 fois moins que la flotte actuelle. »
Depuis 2020 et la mise à l’eau de leur premier voilier-cargo, Grain de sail n’arrête pas de repousser les limites du tout vélique. Grain de Sail I (24 mètre de long et 50 tonnes de chargement) était un démonstrateur technique et financier pour la jeune entreprise ; en 2023, Grain de sail II a ouvert les cales d’un navire plus grand (52 mètres et 350 tonnes) à des chargeurs extérieurs. Avec ce prochain navire, Grain de sail III – qui sera mis en service en 2027 -, l’armateur breton définit un nouveau modèle en invitant davantage de chargeurs à passer à ce nouveau mode de transport. « On pousse les curseurs pour servir une cause sincèrement juste : la décarbonation« , plaident les frères Barreau.
Une levée de fonds de 20 M€
Pour soutenir ce développement, l’entreprise morlaisienne amorce une levée de fonds souhaitée à 20 millions d’euros. « Nous voulons opérer une augmentation du capital afin de garder notre cap sur l’ouverture de la commercialisation de nos cafés et chocolats en Europe, en plus de la France et des Etats-Unis où nous sommes déjà bien implantés ; et le développement de notre force commerciale pour séduire et embarquer plus de chargeurs extérieurs », détaille Jacques Barreau, directeur général.
Portée par une notoriété élargie à l’international, Grain de sail a réalisé 14 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. « Nous sommes rentable sur la partie agroalimentaire, pas encore sur la partie navigation. » Le budget estimé pour la construction du Grain de sail III s’élève à 35 millions d’euros, selon les dirigeants et commanditaires de ce chantier. « L’équilibre d’une entreprise au XXIe siècle s’établit entre son impact économique et écologique« , rappelle Jacques Barreau, promoteur d’un nouveau sillage entrepreneurial.
