Un développement européen pour AB Technologies

Avec 35 millions de CA réalisés en 2008 et 65 personnes réparties sur l'ensemble de ses 3 sites, AB Technologies développe une stratégie de croissance à l'international. Cette PME, créée à Sulniac en 1990 par Bertrand et Charlotte Jouault, y commercialise 60% de sa production de fromages ingrédients (PAI).

‘La croissance externe nécessite d’avoir un plan stratégique défini à 3 ans, explique Philippe Leray, responsable de la stratégie et développement. Les 18 premiers mois sont consacrés à la phase d’intégration et les 18 suivants au développement. Avec Lactofresc (Barcelone – 34 personnes) acquise en début d’année 2009, nous allons bientôt entamer la phase de redéploiement de l’activité.’
Avant d’arriver à ce stade d’internationalisation, AB Technologies a développé, depuis sa création, un savoir-faire en texturation de fromages, à savoir la possibilité de rajouter des additifs pour les rendre plus fonctionnels. Ces fromages ingrédients répondent aux besoins croissants des marchés de l’agro-alimentaire, de la grande distribution et de la restauration hors foyers (RHF). Blocs, boudins, barres, cubes, râpés, ficelles, liquide, pâteux, plaque, AB Technologies propose plus de 1 500 produits à destinations multiples comme les secteurs des plats préparés, pizzas, viandes, poissons, sandwichs et salades. ‘C’est une tendance lourde du marché, les produits alimentaires intermédiaires (PAI) répondent à une demande de fonctionnalités de plus en plus performante et un retour à des produits plus naturels. Nos produits peuvent être à 100 % d’origine végétale’ Avec aujourd’hui 3 sites, 2 en France à Sulniac et Trédion, et 1 en Espagne à Barcelone, le groupe dispose d’une capacité de production de 20 000 tonnes. L’innovation et l’internationalisation déterminent sa stratégie de croissance.

L’Angleterre, première cible à l’international
– La première filiale d’AB Technologies a vu le jour en 1996, à Birmingham.’C’est un bureau avec 2 personnes car, en matière de commerce, les préférences nationales restent prédominantes. C’est encore plus vrai dans l’agro-alimentaire. Les Anglais achètent aux Anglais. Avec le rachat espagnol, nous souhaitons devenir rapidement une des références européennes sur ces marchés de niches. Ceux-ci sont très consolidés et nos clients aussi. Qu’ils soient issus de l’agro-alimentaire ou de la grande distribution, nous sommes consultés par les plus grands. Notre culture d’innovation les intéresse car tous ces grands groupes transfèrent de plus en plus leur activité de R&D sur leurs fournisseurs. A nous de leur apporter les idées.’Le laboratoire R&D d’AB Technologies emploie 4 personnes.

L’Espagne, une porte ouverte sur le bassin méditerranéen
_ Ancien directeur d’Olmix (Bréhan), Philippe Leray a pris ses fonctions chez AB Technologies en octobre 2008, afin d’entamer les négociations avec la cible espagnole. Depuis un an, Bertrand Jouault cherchait à s’implanter sur ce marché et avait dans ce but mandaté un cabinet. Plusieurs dossiers ont été étudiés avant de retenir celui de Lactofresc. Le protocole d’accord a été signé en décembre pour un aboutissement en février 2009. ‘En matière de croissance externe, il faut très vite rentrer dans le vif du sujet, autonomiser, responsabiliser et appliquer les procédures du groupe. Nous avons effectué la restructuration en 6 mois à savoir que nous avons rationalisé la production, revu l’effectif de 38 à 34 personnes et nommé un responsable de site. Bertrand Jouault ou moi-même effectuons le déplacement environ toutes les 3 semaines. Aujourd’hui, la capacité de production du site est de 5 000 tonnes pour un marché domestique tourné vers la RHF et la GMS. Le plus difficile, en reprenant cette PME, a été de constater l’écart de niveau de qualité de production avec notre propre référentiel. La bonne surprise a été de ressentir de leur part une forte envie de s’investir et d’intégrer notre savoir-faire.’

Consolider les synergies
_ Pour beaucoup d’entreprises, le plus important pour réussir une croissance externe est la capacité d’intégrer l’interculturel, d’en faire une force. ‘Bertrand et moi-même parlons couramment l’espagnol. Au même titre qu’un protocole de qualité ou un process, il est indispensable de déterminer une langue industrielle commune. Nous allons bientôt entamer la phase de redéploiement de l’activité en spécialisant nos différents sites. Nous avons une bonne connaissance des besoins de l’agro-alimentaire, eux disposent de celles de la RHF et de la GMS. Dans le monde de l’alimentation, ces 3 marchés sont devenus interdépendants mais plus on se rapproche du client final, plus on conserve nos marges.’Les mois à venir vont être déterminants pour le développement d’AB Technologies. Il va lui falloir mener à bien sa phase de redéploiement et poursuivre sa stratégie de croissance en conquérant d’autres sites complémentaires. Pour ce faire, Bertrand Jouault a fait rentrer dans son capital, en novembre 2009 et à hauteur de 10%, Synergie Finance Gestion, la filiale du Crédit Mutuel Arkea.
« Nous sommes contents d’avoir opéré cette acquisition dans une période difficile, conclut Philippe Leray car, aujourd’hui, nous sommes prêts à chasser d’autres cibles.’

Véronique Maignant
_ N° 197 décembre 2009 janvier 2010

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