
Toujours très populaire au Japon, Le Minor veut se réimposer en France
Julie Menez, le 27.06.2019
L'envie de maintenir des emplois en région et de faire rayonner le "made in France" ont fait quitter Paris à Sylvain Flet et Jérôme Permingeat. Après avoir créé leur marque d'accessoires pour hommes, la reprise de la PME Le Minor, à Guidel, est un nouveau défi relevé avec brio et enthousiasme.
Ils évoluent avec aisance dans l'atelier et sont incollables sur les process de confection des fameux pulls de Le Minor. Et pourtant, Sylvain Flet et Jérôme Permingeat sont issus d'un monde plutôt différent. Ils étaient avant dans le secteur de la finance et se sont rencontrés dans un open space, en costume-cravate. "On a eu un vrai coup de foudre amical et, déjà, l'envie de monter un projet professionnel ensemble", se souvient Jérôme Permingeat.
Un noeud pap' pour un gala marque le début de l'aventure
C'est un gala d'entreprise qui leur en donnera l'occasion, quand les deux amis, à la recherche d'une pointe de fantaisie, se heurtent à l'impossibilité de trouver des noeuds papillons originaux et faits en France. Sylvain Flet sachant coudre, ils conjuguent leur créativité pour sortir des premiers modèles, vite réclamés autour d'eux, alors que les mariages de leurs amis se multiplient. En 2012, le projet se professionnalise et la marque Le Flageolet est créée. Après les noeuds papillons colorés, réversibles et à nouer soi-même, suivront d'autres accessoires : chaussettes, ceintures et écharpes, le tout fabriqué en France.
Sous le charme de Le Minor, dès la première rencontre
En 2015, Sylvain Flet et Jérôme Permingeat sont à temps plein sur leur entreprise, quand ils décident d'élargir leurs produits et de proposer des bonnets. Ils découvrent ainsi l'entreprise Le Minor à laquelle ils passent commande de 800 pièces, d'une dizaine de coloris.
"A l'époque, déjà, se souvient Jérôme Permingeat, on était tombés sous le charme des lieux." Malheureusement, l'entreprise bretonne rencontre des difficultés et accumule du retard dans la livraison. Ce que certains auraient vu comme un problème, les deux jeunes entrepreneurs décident d'en faire un atout : ils viennent filmer les coulisses de la fabrication. "On voulait faire comprendre à nos clients, qui attendaient leur bonnet, tout le travail et le savoir-faire qu'il y avait derrière... et les faire patienter !".
En résulte une sympathique vidéo mettant en avant la précision de la confection. Mais c'est surtout à l'occasion de ce déplacements que les deux Parisiens apprennent que la dirigeante de Le Minor est à la recherche d'un repreneur. "Elle avait posé des clauses : le maintien de l'emploi, le redéveloppement de la marque et de l'entreprise, qui étaient en perte de vitesse, et des conditions financières." Avec le soutien d'Alain Souriceau, ancien président directeur général du journal Les Echos et "spécialiste de la reprise d'entreprise avec une forte vision sociale", le duo se lance et reprend l'usine et les salariés en 2017.
La marque Le Minor retrouve des couleurs
L'entreprise est depuis passée de 22 personnes à 38 et la marque Le Minor a d'ores et déjà retrouvé des couleurs. "Le Minor est une marque traditionnelle bretonne qui n'est pas distribuée en France, soulève Jérôme Permingeat. L'enjeu pour nous est donc de réinstaller la marque en France, comme prêt-à-porter haut de gamme. Bien sûr, nous conservons notre ADN marin mais nous n'hésitons pas à nous en détacher." Une première boutique Le Minor a ainsi rouvert il y a peu à Paris.
Opération séduction en Asie
L'entreprise de Guidel bénéficie aussi de l'appui de Bretagne Commerce International (BCI). "L'équipe est moteur sur la mise en relation avec des partenaires commerciaux et joue pleinement son rôle de facilitatrice", apprécie Jérôme Permingeat.
Avec un investissement de 150.000 € pour renouveler ses machines et une rénovation des locaux envisagée, Le Minor affiche clairement ses ambitions : 10 M€ de chiffre d'affaires d'ici 2024. Ses atouts ? "Une équipe jeune, motivée et un vrai savoir-faire."