« La reprise ? Oui bien sûr, j’y ai pensé, mais l’envie de créer un projet de A à Z avec Marie, mon épouse, était plus forte. Seadelis n’a vu le jour que parce que nous étions deux associés, souligne d’emblée Francis Dhéret, co-fondateur de la SARL en juin 2007. 2010 a été une année particulièrement difficile du fait de l’augmentation généralisée des matières premières. Notre CA, en hausse de 17 %, a atteint moins de 2 millions d’euros, un montant en-dessous de ce que nous avions prévu. Des produits comme le saumon ou la noix de Saint-Jacques ont vu leurs prix multiplier par 2. Le premier semestre 2011 se présente mieux et nos marges sont en hausse. » Avec une douzaine de salariés, « tous en CDI », Seadelis conçoit et fabrique des plats cuisinés surgelés, « des produits dans l’air du temps mais de tradition culinaire française », précise Francis Dhéret. C’est essentiel ! Les produits de la mer que nous utilisons comme le lieu jaune, le cabillaud, la coquille Saint-Jacques ou bien encore le maquereau, évoquent tous les côtes françaises. En quelque sorte, nous cultivons le nationalisme culinaire. »
Saveur et R&D dictent la stratégie de Seadelis qui, chaque jour, fabrique entre 4 000 et 8 000 pièces, avec un processus de production à mi-chemin entre artisanal et industriel. « Nous sommes la R&D de nos clients, pour des petites séries qui nous permettent de travailler un plus grand nombre d’espèces et proposer une carte régulièrement renouvelée. Notre petite taille induit un circuit de distribution court et donc une grande réactivité. Pour nos achats, nous passons par des importateurs et la vente de nos produits se fait uniquement via les spécialistes de la distribution RHF. De ce fait nous n’avons ni service marketing, ni logistique. »
La GMS en ligne de mire
Seadelis s’adresse au marché national de la restauration commerciale, des établissements du type brasserie, se positionnant sur le moyen de gamme. « Le gros de la consommation, poursuit le dirigeant, se situe à Paris, dans le Sud et en Rhône-Alpes. Nos clients recherchent des produits de qualité de 2nde transformation dont ils maîtrisent le prix de revient en toutes saisons ainsi que la sécurité alimentaire et l’approvisionnement. Nous travaillons avec eux par système de collections, une tous les six mois et une spéciale en fin d’année. Pour Noël 2011, par exemple, nous avons mis au point, avec l’un de nos clients, une recette à base de homard breton. 500 kg sont d’ores et déjà commandés pour 2 000 pièces à réaliser. Je peux vous dire que c’est un très beau produit, tel que nous aimons les imaginer et les travailler. » Après quatre ans d’existence, Seadelis est à même de proposer aujourd’hui une large gamme de plats mis au point par le chef : maki de saumon, brochette de sardine, parmentier de maquereau etc. Le restaurateur n’a plus qu’à aromatiser et dresser l’assiette à sa convenance. En 2011, grâce à l’Allemagne où de nouveaux clients ont vu le jour, la part à l’export est remontée à 10 % après être tombée à 5. Depuis quelques mois également, la PME ouvre un peu plus la porte de la GMS et commence à fabriquer pour des marques distributeurs comme Bofrost (livraison surgelés à domicile).
Portés par la reprise et désireux d’investir dans d’autres marchés, Francis et Marie Dhéret envisagent à l’horizon 2013 de racheter et d’agrandir leur bâtiment d’une surface actuelle de 1 000 m². La Communauté de Communes de Montauban de Bretagne les soutient dans leur projet.
Véronique Maignant
N° 209 septembre 2011