Armé d’un BTS opticien lunetier et d’une expérience de deux ans chez des professionnels indépendants, le rennais Grégoire Troënès a lancé, en avril 2016, « Opticien chez Vous ». Son leitmotiv : être au plus proche des gens.
Pas d’antécédents familiaux, la vocation du jeune Grégoire Troënes est née d’une volonté d’indépendance : « j’ai toujours voulu êtres mon propre patron et exercer dans le médical, au service des gens.» Après son BTS obtenu à l’Institut supérieur d’optique à Rennes, durant lequel il acquiert une expérience chez l’opticien indépendant Taillandier, il enchaîne des contrats chez François perchais Optique à Bain de Bretagne (35) puis à Guichen (35), en milieu rural. « Mon projet correspond mieux à cette dernière clientèle, plus isolée et dépendante, chez qui exercer à domicile en tant qu’opticien répond à un vrai besoin. Ce qui me plaît dans ce métier, c’est la multiplicité des tâches. Je fais de l’atelier, de l’optométrie, du relationnel… J’allie technicité et contact avec les gens. Nous sommes encore peu nombreux sur ce créneau, j’ai saisi ma chance ! »
Accompagnement de la CCI
Entre la constitution des statuts et l’obtention des prêts bancaires, quatre mois ont été nécessaires pour créer, sous forme de SASU (société par actions simplifiée unipersonnelle), « Opticien chez Vous ». « J’ai été accompagné par le service Création de la CCI Ille-et-Vilaine, en particulier dans la mise au point de mon business plan et mon site Internet. Via l’intervention des conseillers entreprise, j’ai obtenu un prêt d’honneur de 4 000 euros de la plateforme d’initiative locale « Initiative Rennes ». Pendant trois ans je vais continuer à bénéficier d’un suivi personnalisé ainsi que du parrainage d’un chef d’entreprise. En phase de création, c’est indispensable d’être entouré et soutenu pour ne pas baisser les bras, surtout face à la quantité de dossiers à remplir ! »
Investissement de départ de 25 000 €
Avec son prêt bancaire en poche, Grégoire Troënès s’est acheté une voiture et tout le matériel nécessaire pour effectuer des examens médicaux : pupillomètre, frontofocomètre et autres pinces mais aussi une chaufferette pour redresser les montures ou encore un ordinateur avec logiciel dédié, équipé d’un lecteur carte bancaire +carte vitale. Au final l’investissement s’est chiffré à environ 25 000 euros. «Je me déplace dans un rayon de 40 km autour Rennes et propose tous les services en magasin d’optique, sans les contraintes : tiers payant, lentilles, 2e paire gratuite. Je m’occupe de tout, de la commande des verres à l’ajustage des lunettes du client sur son visage, en passant par la réparation des montures et l’envoi des demandes de remboursements.»
Un travail de prospection, aujourd’hui payant
Après tout juste un an d’activité «Opticien chez Vous » compte déjà 140 clients fidèles. «Je me suis fait connaître un peu partout, mairies, pharmacies, dentistes, maisons de retraite, Ehpad, CCAS, salons pour les séniors, etc ». Ce long travail de prospection commence à payer. « Si au départ, j’ai imaginé vendre en parallèle des lunettes sur Internet, j’ai finalement privilégié le service et la vente à domicile. Je travaille sur rendez-vous. Mon statut me permet d’avoir peu de charges, je n’ai pas de loyer et je négocie directement avec mes fournisseurs. Comme il n’y a pas d’intermédiaire et que j’ai réussi à intégrer un centrale d’achat, j’ai des prix de vente intéressants, en moyenne 20 % moins cher qu’en boutique. Et surtout, tous les services sont gratuits, comme le déplacement pour la réparation d‘une paire de lunettes. »
Un choix de 400 paires de lunettes
Grégoire Troënès propose le même choix que dans un magasin. Il travaille essentiellement avec des montures d’origine France ou Europe garantie, à partir de 40 €, mais peut dépasser les 1 000 euros pour des produits haut de gamme. «Mon prix moyen se situe à 150 euros et je travaille avec une quinzaine de marques. Avec ma mallette mobile (photo)conçue pour la vente de lunettes à domicile, je propose jusqu’à 450 montures, dans tous les styles, pour hommes, femmes et enfants. Il n’y a pas d’attente comme en boutique. Le relationnel est très différent : il y a plus d’écoute, plus de proximité et de convivialité. Mes revenus ne me permettent pas encore de me dégager un salaire, sauf une fois, mais c’est un choix de vie et l’aventure ne fait que commencer. A terme, j’aimerais étendre mon activité à l’ensemble du département. Aujourd’hui, je suis heureux dans ce que je fais», conclut le jeune créateur. Et ça se voit !