L’hôtel de Perros, une institution de mère en fille depuis quatre générations

Jeune, elle s’était promise de ne jamais travailler dans l’hôtellerie. Le poids de l’héritage familial dans le choix des études a été plus fort. Après 10 années passées dans l’hôtellerie de luxe à New York, Armelle Di Tommaso a repris, en juillet 2013, avec sa sœur Laurence, l’hôtel de Perros. Cet établissement 3 étoiles en plein cœur de Perros-Guirec (22) est dirigé depuis quatre générations par les femmes de la famille. Réseaux sociaux, écolabel, concurrence d’Airbnb…La perrosienne s’adapte et se réinvente. Attachée à son territoire, elle vient de prendre la tête du club hôtelier de la ville qui compte un peu plus de 600 chambres d’hôtel et environ 700 chambres Airbnb.

Née en Afrique, en Mauritanie, Armelle Di Tommaso a six ans quand ses parents reviennent s’installer à Perros-Guirec (Côtes d’Armor). Nous sommes en 1978, soit 30 ans après l’ouverture de l’hôtel de Perros par son arrière-grand-mère et sa grand-mère. « Après voir tenu le bar-épicerie de la mairie, grâce à la revente de plusieurs terres agricoles héritées, elles ont acheté un terrain pour bâtir un hôtel. » Lors du décès de la grand-mère, en 1978, c’est la mère d’Armelle, 3e génération, qui reprend le flambeau. « Elle l’avait promis. » Cet engagement entraîne le retour de toute la famille en Bretagne. La petite fille découvre Perros-Guirec et y fait toute sa scolarité : école, collège, lycée… « Ma mère s’investit à son tour dans l’affaire et développe le restaurant. Pour moi, ce n’était pas une vie : on habitait l’hôtel et on n’avait que la cuisine pour pièce commune. A l’époque, je disais que je ne travaillerai jamais dans l’hôtellerie. » A 18 ans, bac en poche, elle part un an aux Etats-Unis, comme fille au père, puis finalement revient en France où elle intègre l’école hôtelière de Paris. « Il fallait bien que j’entreprenne des études. » C’est ainsi que la gérante de l’hôtel de Perros finit par marcher dans les pas de sa mère.

 

Formée dans les palaces

Pendant ses études, elle côtoie un habitant de Trébeurden qui travaillait aux Etats-Unis. Il lui parle de l’hôtel de luxe historique The St Régis à New-York. Deux mois plus tard, elle est recrutée et devient, au fil des mois, maître d’étage au sein du prestigieux établissement. Elle côtoie une clientèle de stars, prend du galon et s’envole à Washington puis à Philadelphie où le groupe a ouvert deux autres hôtels de luxe. « J’étais en charge du développement du service Majordome Butler, un service qui satisfait à toutes les exigences des hôtes, connaît leurs besoins, et leurs attentes. » Elle y reste deux ans et demi, rencontre entre temps son mari, lui aussi dans l’hôtellerie, et fonde une famille. En 2008, c’est le retour en France, à Perros-Guirec. « Ma mère avait besoin de moi. » En 2013, elle reprend l’hôtel avec sa sœur, Laurence. Les deux femmes ferment le bar, « ce business ne m’intéressait pas », et engagent de gros travaux de rénovation, plus de 400 K€. « Le montant aurait été beaucoup plus élevé si mon mari n’avait pas réalisé une grosse partie de ces travaux. » Les chambres ont été agrandies pour proposer des chambres studios avec kitchenette. Aujourd’hui, sur les 17 chambres que compte l’hôtel, un tiers sont des studios.

L’Ecolabel européen pour afficher ses valeurs

Pendant la crise du Covid, les conditions d’hygiène drastiques imposés aux hôteliers ainsi que la pénurie de certains produits agissent comme un déclencheur. « J’ai réalisé que depuis longtemps nous utilisions presque exclusivement des produits naturels. Notre linge est lavé sur place, dans notre propre buanderie, comme dans les grands palaces. Nous faisons très attention à notre consommation d’eau et d’énergie, au tri, au recyclage. De ce fait, notre impact carbone est faible. En fait, nous étions écoresponsables sans le dire et sans l’afficher. » Cette prise de conscience pousse la dirigeante à décrocher l’Ecolabel européen. Produits d’entretien, consommation d’eau, consommation d’énergie, …Tout est passé en revue. Le 1er juillet 2024, l’hôtel de Perros est labellisé Ecolabel. « Une telle démarche a un coût, mais en affichant nos valeurs et nos actions en faveur de la protection de l’environnement, alors même que nos pratiques étaient déjà en phase avec les critère requis, nous n’avons plus recueilli un seul avis négatif sur Internet. »

 

L’humain d’abord et avant tout

Membre de The Originals, Human Hotels & Resorts, groupe hôtelier Coopératif en France et 4ème marque hôtelière en France, l’hôtel de Perros bénéficie de tous les services d’une grande chaîne hôtelière, « l’indépendance en plus ». La visibilité et la distribution digitale sont très performantes mais Armelle Di Tommaso doit prendre le virage des réseaux sociaux. « C’est indispensable. Pour l’instant je gère en interne, mais ça prend beaucoup de temps. C’est un nouveau métier, même si je reste persuadée que c’est encore l’humain qui fait la différence. » A chaque évènement, l’Open Engie, ou le festival de la BD par exemple, elle décore la réception pour accueillir les groupes. « J’installe des raquettes ou des BD un peu partout. C’est un clin d’œil mais ça fait son petit effet. Au quotidien, je me sers de ce que j’ai appris dans l’hôtellerie de luxe à savoir un service personnalisé. » La saison 2025 démarre mieux que celle de 2024. « En avril, nous avons un taux d’occupation de 65 %, ce qui est bien, et les réservations pour les mois de juin et juillet sont en hausse par rapport à 2024, à la même époque. »

S’adapter face au phénomène Airbnb

L’arrivée d’un nouveau centre de vacances dans le centre-ville de Perros-Guirec avec à la clé une centaine d’appart hôtels a poussé les hôteliers, fin 2024, à recréer un collectif. La présidente n’est autre qu’Armelle Di Tommaso. Sur les 600 chambres que compte la ville, environ 250 appartiennent à des hôtels 4 et 5 étoiles. « Avec 100 chambres en plus, les établissements 2 et 3 étoiles vont forcément être impactés. Nous subissons déjà la concurrence d’Airbnb. » Perros-Guirec compterait 700 chambres Airbnb « et le phénomène ne fait que s’amplifier. L’autre jour, j’ai eu un appel d’un patron de chantier qui me demandait si j’avais une chambre de libre pour un de ses ouvriers. A priori, celle réservée sur Airbnb était insalubre. Il a passé trois jours chez moi puis est retournée en Airbnb. Une autre fois, c’est un client Airbnb qui vient prendre son petit déjeuner chez moi. C’est à la fois étonnant et inquiétant », conclut Armelle Di Tommaso qui doute qu’un jour sa fille reprenne l’établissement : « ce qu’elle aime, c’est la chimie ».

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Contact :  marie-christine.favennec@cotesdarmor.cci.fr

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