Le Cam Menuiserie (22). Une nouvelle génération à la barre et un carnet de commandes bien rempli

Il cultive la discrétion et privilégie, plus que tout, la proximité avec son équipe et ses clients. A 35 ans, Fabrice Le Cam est à la tête de Le Cam Menuiserie. La PME, située à Trégueux dans les Côtes d’Armor,  emploie 24 salariés et a réalisé, en 2022, un chiffre d ‘affaires de 3,8 millions d’euros en croissance de 35% versus 2021. Dans un contexte marqué par une pénurie de main d’œuvre et un recul significatif des mises en chantier de logements collectifs, le jeune dirigeant dévoile son parcours et ses priorités pour pérenniser l’entreprise fondée par son père, Jacky, en 1998.

« Je n’appartiens à aucun réseau d’entreprise, sans doute par peur de perdre mon indépendance. En fait, je préfère cultiver mon réseau naturel », avoue Fabrice Le Cam, gérant de l’entreprise familiale. Une autre raison explique peut-être ce choix. Il fait partie de cette génération, qui, malgré les journées marathon inhérentes à bon nombre de patrons de PME, tient à concilier famille et travail : « quoi qu’il arrive, à 19 h, c’est à moi d’aller récupérer les enfants à l’école. »

2008, installation à Trégueux dans un atelier de 1 000 m²

Armé d’un bac proTMA et d’un BEP BMA, Fabrice Le Cam entre en 2007 dans l’entreprise fondée par son père, Jacky Le Cam, une dizaine d’années plus tôt. Nous sommes en 2007 et l’équipe est encore installée dans le garage de la maison familiale. « Mon père s’était spécialisé dans la construction d’escaliers qu’il livrait sur tout le département.  Sa notoriété grandissant, il a fallu déménager. » En 2008, il investit dans un atelier de 1 000 m² à Trégueux près de Saint-Brieuc, aujourd’hui siège social de la menuiserie. « Passer d’un garage à une surface de 1 000 m² n’a pas été facile. A l’époque, nous n’étions que six et mon père multipliait les heures de travail, y compris le week-end. Sans compter les effets de la crise de 2008 -2009, que nous avons subi comme tout le monde. » Malgré ces difficultés, la PME tient bon, se développe et se diversifie dans la charpente, les menuiseries extérieures et intérieures, l’ossature bois, l’agencement intérieur… En parallèle, elle recrute et compte en 2020 un effectif de 16 salariés pour un chiffre d’affaires de 2,4 millions d’euros.

 

2020, changement de stratégie

« J’ai officiellement repris l’entreprise cette année-là, mais cela faisait déjà quelques années que mon père m’avait plus ou moins laissé la barre. Nous répondions aux appels d’offre, principalement ceux des bailleurs sociaux. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, nous ne travaillons qu’avec des promoteurs privés sur les Côtes d’Armor et Saint-Malo. » En effet, la rupture des chaînes d’approvisionnement en matériaux du fait du Covid, puis du conflit ukrainien a laissé des traces. « Pendant 10 ans jusqu’en 2019, pour un bas de charpente en sapin, nous payions 320 € /m3. En 2020 -2021, nous sommes montés à 610 €/m 3. Aujourd’hui, le prix avoisine 450 €/ m3, ce qui signifie qu’1/3 du prix est resté bloqué et ne redescendra pas. Il a fallu supporter ces surcoûts pendant plusieurs mois. Nos principaux clients, les bailleurs sociaux n’ont rien voulu savoir de nos difficultés. Jusqu’en 2020, ils représentaient 70% de notre activité. Pour retrouver la sérénité, nous avons cessé de répondre à leurs appels d’offre. »

 

Ouverture à de nouveaux marchés

La menuiserie Le cam se tourne alors vers les promoteurs tels que Nexity, HC Partners ou encore Promo Ouest Immobilier, représentant aujourd’hui 50 % à 60% de l’activité, mais aussi les banques, les assurances ou encore les commerces. Pour ces derniers, elle réalise des comptoirs, des parquets, des petites menuiseries d’intérieur…Du sur-mesure , à l’image de la dernière boutique du chocolatier Johann Dubois à Dinan (photo). « On ne travaille presque exclusivement que le bois, c’est à dire ce qu’on connaît. » L’entreprise travaille aussi avec des architectes tels que Stéphane L’Hôtelier (uh Architecture) ou l’agence Cariou et se lance par leur intermédiaire sur le marché des particuliers avec des réalisation haut de gamme. « Charpentes, ossature bois, mais aussi escaliers ou aménagement intérieur et agencement c’est moi qui gère ce marché. C’est ce que j’aime dans ce métier. En changeant de clientèle, nous avons retrouvé des relations plus saines. » Jusque -là, le bouche à oreille fonctionne bien. Le dirigeant a mis en place un intéressement de 2% net sur chaque affaire ramenée par un de ses collaborateurs. « C’est une façon de les fidéliser. »

 

Stabiliser et fidéliser les équipes

Fidéliser pour stabiliser son équipe reste la préoccupation majeure du dirigeant, surtout avec un carnet de commandes rempli jusqu’en juillet 2024. « J’ai la chance d’avoir une équipe jeune. La moyenne d’âge est de 35 ansPour autant, je suis à la recherche de deux charpentiers. La réforme du bac qui limite les redoublements, fait que beaucoup de jeunes arrivent sans permis de conduire sur le marché du travail. Ils sont donc incapables d’aller sur les chantiers. C’est un vrai frein. » Or sur les 24 collaborateurs, 18 d’entre eux travaillent sur les chantiers et dans l’atelier.  Pour rester au plus proche des équipes et du métier, Fabrice Le Cam travaille de temps à autres avec eux sur les chantiers. « Un point auquel je suis très attaché est que mes gars ne doivent pas prendre de responsabilités autres que celles liées à leur travail. Le boulot d’un menuisier n’est pas de participer à une réunion de chantier, qui plus est, souvent conflictuelle et source de stress. »

Dès 2019, Fabrice Le Cam a mis en place la semaine alternée :  4 jours à 35 h et 5 jours à 43 h. La prime Macron est aussi un dispositif qu’il utilise. « Pour des entreprises comme la nôtre, c’est un super dispositif. » En 2022, à la veille des vacances et alors que l’inflation s’accélérait, il a augmenté tout le monde d’1 euro brut par heure. « Ça fait environ 120 euros net par mois en plus sur la fiche de paye. Mes gars travaillent bien. Je ne voulais pas qu’ils subissent une perte de pouvoir d’achat . » Fin 2022 le chiffre d’affaires s’élevait à 3, 8 millions d’euros .  » Ils sera sans doute un peu en deça en 2023, du fait que j’ai moins de menuiseries exterieures. »

Après un début d’année 2023 plutôt atone, les commandes sont reparties en flèche dès le mois d’avril. « On est parti à la recherche de marchés auprès des promoteurs, mairies, etc. Le taux de transformation est très bon. On a aussi réussi à conserver Coopalis, un constructeur de maisons individuelles et un client historique avec qui on travaille depuis 25 ans. » Aujourd’hui, le logement représente 60% de l’activité de Le Cam Menuiserie, le tertiaire, 40 %. Cet équilibre du portefeuille clients ainsi qu’un management horizontal participent sans aucun doute à la pérennité de l’entreprise.

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