Mehdi Haouas a 25 ans quand il quitte la Tunisie, sa terre natale, pour démarrer à Paris des études en marketing et management des services. C’est à l’occasion de son premier stage en alternance, chez Malakoff Médéric qu’il se frotte au marketing stratégique et au marché B to B. « Je ne connaissais rien au tissu économique. Cette première expérience a été très formatrice. »
En 2014, Master en poche, il décroche son premier job chez Gan Assurances en tant que chef de produits, responsable de l’efficacité commerciale. Il y restera 10 ans après avoir gravi de nombreux échelons. « Mon manager de l’époque, m’a donné carte blanche. J’étais en prise directe avec le terrain à savoir les agents généraux et les inspecteurs répartis sur toute la France. Nos échanges ont nourri mon envie de quitter le siège et d’être comme eux en contact avec le client. » En 2019, Mehdi Haouas devient à son tour Inspecteur commercial en Assurances de personnes sur les départements 22, 35 et 50. Il quitte Paris et s’installe à Avranches dans la Manche, à une trentaine de minutes de Saint-Sauveur-des-Landes, en Ille-et-Vilaine, futur siège de l’entreprise.
« L’équipe du soir »
En 2021, au cours d’un séjour en Tunisie, le hasard lui fait croiser le chemin de Souheib Habibi, un copain d’enfance, responsable d’atelier chez Safran. « Assez vite, on commence à échanger sur l’emballage alimentaire. J’avais en tête la loi anti-gaspillage et l’interdiction à venir de l’utilisation du plastique. Très vite on s’est mis dans un cadre très rigoureux pour étudier le marché de l’éco-emballage. Chaque soir à 21 h, en visio, on partageait nos idées et informations. On a même développé un petit ERP artisanal pour mieux suivre le projet. Sa vision technique était complémentaire de la mienne plutôt axée sur la stratégie marketing. On s’appelait l’équipe du soir. Nos échanges duraient tard dans la nuit », se souvient Mehdi Haouas, aujourd’hui PDG de Breizh emballage.
Un écosystème breton à l’écoute
Fin 2021, Mehdi Haouas pousse pour la première fois les portes de la CCI Ille-et-Vilaine, à Javené près de Fougères. Très vite le projet prend corps. « A l’époque le gouvernement avait alloué un budget à la réindustrialisation. Nous tombions au bon moment. L’équipe en place nous a encouragé et très vite mis en relation avec tous les réseaux susceptibles de nous accompagner financièrement. Nous leur devons beaucoup. » Pendant les deux années qui suivent, ils montent leur dossier, décrochent un Pass création, 30 K€, auprès de la Région Bretagne, une prêt à taux 0 de 49,5K€ auprès d’Initiative Pays-de Fougères et un prêt d’honneur à taux 0 de 45 K€ auprès du réseau Entreprendre Bretagne. « Durant un an, j’ai aussi bénéficié d’un accompagnement sur mesure de mon parrain, Jean-François Auger, co-gérant de Kertrucks. Chaque samedi, il ouvrait, exprès pour moi, les portes de son bureau et me mettait progressivement sur la voie. Je lui en suis infiniment reconnaissant. »
La qualité du dossier et la personnalité du dirigeant ont aussi convaincu le Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine et la BPGO de leur accorder un prêt bancaire, « alors même que nous n’avions aucun apport ! » Nous sommes en juillet 2023. Restait à trouver un local. Ce sera chose faite un an plus tard, fin 2024, à nouveau avec le concours de la CCI Ille-et-Vilaine. « Nous recherchions un bâtiment à louer, ça a pris du temps. »
Un investissement de 900 K€
Breizh emballage voit le jour en janvier 2025 et les deux associés prennent possession de leurs locaux un mois plus tard. « L’investissement total s’élève à 900 K€ dont 60% pour les machines de fabrication. Nous disposons de 2000 m² dont une grande partie réservée à la production et au stockage. Le papier est une matière première vivante sensible à l’humidité. Nos clients pourront stocker, s’ils le souhaitent, leur sacs chez-nous. » Les deux grosses lignes de fabrication de sacs sont encore en rodage mais commencent à produire. « Nous fabriquons des sacs personnalisables jusqu’à 4 couleurs avec fonds en V ou en soufflet, mais aussi des sacs à fonds carré avec poignées plates ou torsadées ainsi que des sacs drive. » Selon le format, la capacité de production va de 7200 sacs /heure à 33 000 pour les plus petits.
Une production dédiée aux gros volumes
Engagée dans une démarche RSE, Breizh emballage utilise un papier certifié FSC, une colle d’origine alimentaire et une encre à base d’eau. « Aujourd’hui, à l’exception de nos bobines de papier de 400 à 600 kg qui viennent d’Espagne ou de Finlande, tous nos achats sont d’origine France . Notre objectif est de travailler rapidement avec Gascogne (40), seul fabricant français de papier Kraft. » Le nerf de la guerre c’est l’optimisation de la production. « On adresse des gros volumes. Nos cibles ce sont la grande distribution, l’e-commerce, la vente à emporter, le drive. 1 000 sacs, on ne sait pas faire. Nous sommes en discussion avec la Coopérative U. On échange aussi avec Leclerc ou encore La Brioche Dorée. » Toutes ces enseignes affichent une préférence française, voire locale dans leurs achats. « Etant les seuls sur ce marché en Bretagne, nous démarchons dans un premier temps une clientèle régionale. Le site de production de sacs en papier Kraft le plus proche se situe à Limoges. » Actuellement le site tourne avec cinq personnes dont les deux associés. A l’horizon N+3, l’effectif pourrait grimper à 16 personnes avec une production en 2×8 et un chiffre d’affaires avoisinant les 3 millions d’euros.
Ecologique, fabriqué à partir de fibres de bois, biodégradable et recyclable, le papier Kraft est devenu incontournable dans l’emballage. Sur un marché en plein essor, de l’ordre de 3% de croissance annuelle d’ici 2030, Breizh emballage entend devenir l’acteur de référence en Bretagne.
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