En juillet 2017, Serge Simon a repris avec sa femme Marie-Claude, l’hôtel Bellevue à Trégastel, poussé par l’envie de s’investir dans un projet local. Après un an d’activité et de vastes travaux de modernisation, le moment est venu pour le couple de s’organiser face à l’ubérisation croissante de l’hôtellerie.
Serge Simon a jusqu’ici roulé sa bosse dans l’industrie. Directeur des opérations pour un grand groupe, il n’a eu de cesse de parcourir le monde. Et puis un jour, le besoin de se sédentariser et s’impliquer localement avec sa femme dans un projet d’entreprise, le pousse à changer de vie. Résident à Ploemeur-Bodou, le couple jette alors son dévolu sur un trois étoiles, l’hôtel Bellevue situé sur la Côte de Granit Rose.
Des investissements à hauteur de 500 000 euros
«Il était à vendre depuis trois ans, explique Serge Simon. Les choses ont un peu trainé, mais en juillet 2017, nous avons fini par signer. Ensuite, dès la fin de la saison, nous avons engagé d’importants travaux de modernisation. Imaginez, les fenêtres n’avaient pas été changées depuis 1930, année de la construction de l’hôtel ». Outre les 110 fenêtres, le couple a refait à neuf le système de chauffage, l’accueil, la cuisine, la partie restauration ainsi que cinq chambres pour l’accueil de personnes à mobilité réduite. « Ces chambres sont situées dans un bâtiment annexe qui en comprend neuf au total. Dans le bâtiment principal où nous avons 22 chambres sur deux étages, un ascenseur a été installé ». Budget total des travaux : 500 000 euros. « Le Crédit-Agricole et la BPI nous ont soutenus. La Région et la CCI des Côtes d’Armor, également, via une avance remboursable de 100 000 euros », obtenue dans le cadre du Pass Investissement. Un des conseillers tourisme à la chambre de commerce conseille également les propriétaires pour le renouvellement de leur classement en trois étoiles. Un diagnostic est en cours. « Damien Chaignon m’apporte aussi tout son référencement et son réseau pour m’aider à mailler le territoire», souligne Serge Simon. Prochain investissement en vue : l’achat d’un nouveau système informatique et logiciel d’hôtellerie.
Une clientèle étrangère
Avec ses 31 chambres réparties dans deux bâtiments, l’hôtel Bellevue est le dernier de cette taille à Trégastel. Résultat, le couple travaille très bien avec les autocaristes et reçoit de nombreux groupes de touristes étrangers, des Allemands et des Suisses en particulier. « C’est lié à l’histoire de l’hôtel. Nous avons beaucoup de randonneurs pédestres et cyclistes. Si je manque de chambres, je fais appel aux deux autres trois étoiles de Trégastel. Côté restauration, je travaille avec le Transat et les Triagoz. Entre professionnels, il est essentiel de nous entraider, voire de nous fédérer. Nous devons développer la culture du clustering ». Un des principaux objectifs de Serge Simon est de renforcer l’activité « Groupe », de manière à obtenir un taux de remplissage moyen de 50 % sur 9 mois.
Engager une harmonisation des systèmes touristiques
Un autre défi à relever prochainement va être d’apprivoiser tout le système de réservation en ligne. Il est clair que les plateformes digitales sont arrivées à profiter de l’ordre établi du marché au détriment de l’existant. « L’atout ubérisation a été largement valorisé. Pas l’Atout France. L’ubérisation de l’hôtellerie est extrêmement forte. Aujourd’hui, être hôtelier indépendant ne veut plus dire grand-chose. Sur une chambre vendue à 100 euros, les plateformes absorbent environ 40% des flux financiers. Les deux modèles sont irrémédiablement liés.» Par ailleurs, la différence de traitement entre les hôteliers et les loueurs d’appartements est vécue de façon totalement discriminante par le propriétaire de l’hôtel Bellevue. « Pourquoi avons-nous autant de normes d’accueil au public à respecter, avec des charges que l’on connaît, quand les autres n’en ont aucune. Il est grand temps d’engager une profonde harmonisation des différents systèmes touristiques. La concurrence est saine mais les règles doivent être les mêmes pour tout le monde. Si rien n’est fait, il ne restera en France que des chaînes nationales ou internationales. Pourtant, c’est une âme, un accueil personnalisé, une tranquillité et une vue sur mer que viennent chercher ici, les touristes.». Désormais ouvert neuf mois sur douze, l’Hôtel Bellevue proposera dès 2019 une petite restauration ainsi que la possibilité de privatiser quelques salles, le temps d’un évènement, d’un mariage, d’un anniversaire, etc.