Halcyon (35) prend son envol en allégeant tous types de transport, du vélo cargo au lanceur spatial

Un million d’euros. C’est le montant du carnet de commandes d’Halcyon en ce début d’année 2023.  Une étape clé pour cette PME innovante, fondée en 2015  à Rennes par Gwenaël Picaut. Ingénieur de formation en génie mécanique, il multiplie les expériences dont une dans la Défense où il découvre les propriétés de légèreté, de résistance mécanique et de recyclabilité de l’aluminium. Plus que la simple vision d’un matériau d’avenir, il est convaincu que celui-ci permet d’allier durabilité et efficacité énergétiques dans l’industrie du transport. Avec l’aide de l’écosystème breton, il se lance dans la R&D et se spécialise dans le panneau sandwich aluminium. Un brevet est déposé en 2015. La même année, Halcyon reçoit un trophée Crisalide Eco-Activités. Pour autant le plus dur reste à faire : convaincre les industriels du transport,  qu’une TPE peut se révéler être un partenaire de premier plan. C’est aujourd’hui chose faite. Halcyon vient de décrocher un soutien financier de France 2030.

«  Mon métier consiste à alléger tous les moyens de transport » confie Gwenaël Picaut, fondateur d’Halcyon, passé par l’Insa de Strasbourg avant d’enchaîner plusieurs expériences dans l’industrie. Tout d’abord chez Renault à Paris en tant qu’ingénieur méthode, puis chez Gévelot Extrusion  à Laval où il occupe un premier poste de chef de projet. Mais c’est son arrivée en 2007, chez Euro-Shelter à Rennes qui donne un véritable tournant à sa carrière. « Pendant trois ans, j’ai travaillé sur un projet de système radar pour Thales Air Systems. C’est là que j’ai découvert les propriétés de légèreté et de résistance des panneaux sandwich en nid d’abeille aluminium. Ce parcours dans la défense m’a beaucoup appris .  Il n’y a pas plus compliqué en termes de cahiers des charges. »

 

L’innovation chevillée au corps

Convaincu des qualités exceptionnelles de ce matériau , Gwenaël Picaut propose à Euro-Shelter de monter, au sein du groupe, une unit business en charge de développer l’activité « Sandwich ». Des premières applications voient le jour dans le ferroviaire. Nous sommes en 2014. L’ homme veut aller plus loin. «  Je voulais revoir de A à Z le sujet et être en mesure de concevoir  des formes complexes  appliquées au domaine du ferroviaire, comme le nez d’un train par exemple. »  Il quitte le groupe et crée Halcyon en 2015 à Rennes. S’en suit le dépôt d’un brevet : « il permet, à partir de matériaux Sandwich aluminium de réaliser des pièces à double courbure (3D)……Alors que l’état de l’art ne présente que des pièces planes ou à simple courbure (2D) », explique-t-il. Grâce à cette innovation, il intègre  l’incubateur Emergys à Rennes en partenariat avec l’École catholique d’arts et métiers (Ecam).

 

Verdir le marché

Sa réflexion tourne aussi autour des Greentech. « Ce matériau est à même de verdir le marché. L’aluminium déjà industrialisé  est recyclable à vie et sa valorisation ne nécessite que 5% de consommation d’énergie. Au de-là de la croissance démographique mondiale et de l’augmentation des besoins dans l’industrie, la demande pour des produits en aluminium ou intégrant de l’aluminium dans leur composition ne cesse de croître année après année. L’effet de substitution (l’aluminium remplaçant progressivement d’autres matériaux) est bien réel grâce à une combinaison unique de propriétés telles que sa légèreté, sa résistance mécanique, sa résistance à la corrosion ou encore sa recyclabilité. A titre d’exemple, l’aluminium est deux fois plus léger que l’acier. »

 

Développement et industrialisation de petites séries

Fort de son innovation technologique protégée par un brevet,  l’entrepreneur commence à taper à la porte des grands groupes , seuls capables de lui acheter de l’innovation produit et non pas des pièces en série. « Les premières années, nous suscitons beaucoup de  curiosité mais les contrats restent difficiles à décrocher. Nous étions trop petit et manquions de références.»  Loin de se décourager,  Gwenaël Picaut change de stratégie, se tourne vers des clients plus modestes en taille et décroche une première commande pour des pièces de rechange pour un tramway accidenté.  S’en suivent d’autres commandes comme la réalisation de pâles d’éoliennes pour OKwind (35) ou du mobilier urbain pour la ligne 4 du métro parisien .

 

Développement pour PSA

L’activité décolle enfin et la production de pièces en série  oblige Halcyon à déménager . En 2021, l’équipe s’installe dans un bâtiment de 2 000 m² à Saint-Jacques de-la-Lande, près de Rennes. En 2022, elle passe de 4 à 11 salariés. Le chef d’entreprise investit près de 500 K€ en équipement. « Les banques m’ont toujours suivi. Depuis mes débuts, je suis seul maître à bord , j’ai investi avec mes fonds propres. »  En parallèle, la reconnaissance par les différents acteurs de l’innovation s’accroît. L’entreprise intègre un Projets de recherche et développement structurants pour la compétitivité (PSPC) financé par BPI et piloté par PSA. « On travaille sur le sujet du pavillon de la 5 008, autrement dit le toit. C’est un élément incontournable du design des véhicules qui présente, dans le cas présent,  des courbures . Nous avons réussi à l’alléger de 57 %. Notre toit pèse 15Kg contre un peu plus de 30 kg pour un modèle en acier. » A ce jour, c’est le seul cas de figure où Halcyon  s’arrête au développement. «  Etudes, proto, démonstration en préséries, on ne va pas plus loin. C’est à PSA que revient le choix de son partenaire industriel. On opèrera, par la suite, un transfert technologique sous licence. » En 2022, le chiffre d’affaires commence à décoller : 600 000 euros. «  En 2023, au vu du carnet de commande, nous allons dépasser le million. C’est un vrai gap ! »

 

50 à 60% dans l’aérospatiale

Dans le spatial, Halcyon collabore avec le CNES depuis 2018. Sa technologie «low cost» lui  permet de réaliser des pièces techniques ultra-légères et ultra-résistantes pour les lanceurs spatiaux : des coiffes, des jupes, des adapteurs de charge utile ou des réservoirs. « Le nid d’abeille en aluminium résiste à la compression et au cisaillement, il  empêche les parois de flamber. C’est  énorme ! Jamais, je n’aurais imaginé me tourner vers l’aérospatiale. » Aujourd’hui,  ce secteur représente 50% à 60 % de l’activité d’Halcyon. Son savoir-faire est déjà reconnu auprès de nombreuses entreprises comme Duqueine Atlantique,  Ariane Group, Thales Alenia Space, Airbus, etc.

 

« Space Nidalu », un programme d’1,1 M€

C’est aussi pourquoi la PME est  accompagnée par  France 2030 à hauteur de 450 K€, pour son projet « Space Nidalu ». Il s’agit d’un vaste programme d’étude, R&D et conception pour  industrialiser son matériau alvéolaire aluminium et fabriquer en 3D des pièces de structures légères, recyclables et bas coût pour  des micro et mini lanceurs spatiaux. « Nous avons engagé environ 1,1 million d’euros dans ce programme. L’objectif est de faire émerger un écosystème français dans le domaine. » Pour assembler les différents cylindres, la PME travaille sur un système de soudure parfaitement étanche et maitrisé, la technologie du soudage par friction malaxage (FSW), en lien  avec l’Institut Maupertuis.

 

D’autres projets sont en cours,  comme dans le routier, avec l’entreprise Theault (50) qui fabrique entre autres des vans de luxe pour les chevaux. « On conçoit et fabrique  leurs ouvrants. » Ou dans le vélo cargo avec VUF (33) : « nous travaillons sur un prototype de caisson. On va faire en sorte qu’il soit réparable et recyclable. Nous serons les premiers à sortir un tel produit , très léger et avec un système d’assemblage qui, en cas d’accident,  permet de changer juste un panneau et non pas tout le caisson. Ce spécialiste du vélo a placé la décarbonation au cœur de sa stratégie et propose un indice de réparabilité optimum. Côté ferroviaire, j’attends mon heure. On est encore trop petit » conclut Gwenaël Picaut, entrepreneur visionnaire doublé d’un innovateur, soutenu dès le départ par le dispositif Crisalide Eco-Activités,  aujourd’hui déployé au sein de Bretagne Compétitivité.


En quoi consiste le dispositif Crisalide Eco-Activités proposé par Bretagne Compétitivité ?

 

 

 

 

 

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