Ekinops, 20 ans et de grosses ambitions dans les réseaux de télécommunication

Ekinops, née à Lannion il y a 20 ans, connaît un développement rapide ces dernières années, à coup d’innovations technologiques et de croissances externes. Elles valent à l’entreprise de compter aujourd’hui 540 collaborateurs à travers le monde, avec en corollaire, 66% du chiffre d’affaires réalisés à l’étranger. Présent chez les plus grands opérateurs télécoms mondiaux, le Breton entend devenir un acteur majeur dans plusieurs domaines : l’Edge (traitement des données à la périphérie du réseau jusqu’au cœur des sites entreprises), les réseaux de transport optique métropolitain et les plateformes Cloud. De nouvelles acquisitions verront le jour en 2024.

Nous sommes mi-octobre et les chiffres du 3e trimestre 2023 viennent de tomber. Ekinops, qui a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires en hausse de 23% à 127,6 millions d’euros terminera l’année 2023 avec une croissance à un chiffre et non deux comme annoncé courant 1er semestre. « Certes, on a connu un coup de mou, mais nos fondamentaux restent les mêmes », indique Didier Brédy, PDG d’Ekinops. Un contexte économique dégradé, l’écoulement des surstocks constitués par les grands opérateurs courant 2022 face à la pénurie de composants électroniques et une année de référence (2022) exceptionnelle expliquent cette contre-performance toute relative. A fin septembre, le chiffre d’affaires atteignait 98,8 millions d’euros, en progression de 3% versus septembre 2022.

 

Reprise de OneAcces en 2017

Ekinops a vu le jour à Lannion en 2003, « juste après la bulle Internet » sous l’impulsion de deux anciens ingénieurs d’Alcatel. « Ils ont réussi le coup de force de lever 7 millions d’euros auprès de quatre investisseurs et devenir une start-up à la pointe sur un marché mondial. Je suis arrivé en tant que DG en 2005. On a levé de l’argent et construit un produit. » Après cette première phase de croissance importante, l’entreprise entre en bourse en 2013, puis s’agrandit via des acquisitions telles que OneAccess, en 2017 : « A l’époque, nous faisions 18 millions d’euros de chiffre d’affaires avec un effectif de 80 salariés. OneAccess pesait 60 millions et employait 360 personnes. C’était très ambitieux. » Suivent en 2019 le rachat d’une activité d’OTN de Padtec, puis en 2021, celui de SixSq.

2024 : inauguration d’un nouveau siège à Lannion

Malgré le fait que OneAccess avait son siège à Paris, le siège du groupe Ekinops est resté à Lannion. « Je suis très attaché à notre ancrage breton. L’endroit est magnifique pour faire de la R&D. On y trouve l’excellence en matière d’ingénieurs et notre turn over est très faible. » Sur les 540 personnes que compte le groupe, une cinquantaine a été recrutée en 2023 et plus de la moitié sont des ingénieurs dont 86 basés à Lannion, l’un des 7 centres R & D d’Ekinops. « Les perspectives de croissance nous amènent à investir dans un nouveau site. Le projet global est de 3 700 m² sur deux hectares. » Le chantier, mené par Lannion Trégor Communauté qui est propriétaire du site, est estimé à 5 millions d’euros. Les travaux ont démarré l’an passé. « On devrait prendre possession des lieux courant mars- avril 2024. » Outre le site trégorois, le groupe dispose de deux autres sites en France, à Massy (91) où travaille une centaine de personnes et Sophia-Antipolis (06), un « petit centre de R&D ( 20 personnes) dont l’activité porte sur la virtualisation et les logiciels. »

L’Amérique du Nord : 26% des ventes

A l’international, Ekinops possède une dizaine de filiales dont le site de Bengalore en Inde (70 à 80 personnes), dédié à l’activité logiciel, celui de Campinas au Brésil (25 personnes) tourné vers le transport optique tout comme celui de Rockville aux Etats-Unis (25 personnes). D’autres entités sont situées en Allemagne, Espagne, Suisse, Belgique, Canada et Australie. Sur les neuf premiers mois de 2023, les ventes à l’international représentent 66% du chiffre d’affaires du groupe, contre 64% un an auparavant. « L’Amérique du Nord est devenue une zone stratégique représentant désormais 26% des ventes du groupe sur la période (vs. 22% un an auparavant). » Le Groupe dispose également de représentation commerciale dans plus de 10 pays incluant la Suède, la Pologne, les Émirats arabes unis, le Kazakhstan et le Royaume-Uni. Ekinops possède également des bureaux en Belgique, Allemagne, Espagne et Australie.

Une activité majeure dans les routeurs et commutateurs

Pour produire ses équipements réseaux, commutateurs Ethernet ou routeurs, Ekinops s’appuie sur des partenaires européens comme Videoton et Ekinops Belgium. « Une fois montés, ils reviennent chez nous où ils sont testés est intégrés, avant de repartir dans le monde entier. Nos clients sont principalement des gros opérateurs comme Orange ou SFR, qui derrière vendent un service aux PME-PMI et ETI. » Sur ce segment, en recul au 3e trimestre 2023, le groupe réalise 70 à 80 millions d’euros de chiffre d’affaires soit plus de la moitié de l’activité. « Ces derniers mois les entreprises ont freiné leurs dépenses et puisé dans leurs stocks. Notre objectif reste cependant le même, à savoir grignoter des parts de marché à l’américain Cisco qui détient de l’ordre de 70% du marché mondial des routeurs. », poursuit Didier Brédy. Le potentiel reste très important : « nous ne détenons que 10% du marché européen sur les segments que nous adressons. »

Se massifier par croissance externe

 

Désormais, c’est l’activité Logiciels & Services qui affiche la plus forte croissance, + 44% au 3e trimestre 2023. « Tout récent, ce marché ne représentait que 10% de l’activité du groupe il y a deux ans. C’est 15% aujourd’hui. Nos logiciels couvrent différents besoins : sécurité, routage, gestion des téléphones, Teams, etc. » Enfin, si l’activité transport optique se porte bien, Ekinops n’a pas encore atteint la taille critique pour peser sur un marché mondial qui génère entre 15 et 20 milliards d’euros de revenus. « Chaque année, les gros opérateurs français passent des marchés de 100 et 150 millions d’euros. C’est environ 80% de notre chiffre d’affaires. Même si nous sommes le seul acteur français sur ce marché, il est évident que nous ne pouvons pas encore répondre aux très gros « deals ». C’est pourquoi, nous devons grossir et faire des acquisitions. »

 

L’équipementier télécom breton a les moyens de ses ambitions. « Nous avons sécurisé 100 millions d’euros de financement. » conclut Didier Brédy. Cette enveloppe, qui s’ajoute à la trésorerie nette de 20,5 millions d’euros dont disposait Ekinops fin décembre 2022, a été octroyée par un pool bancaire et comporte un crédit de croissance externe de 50 millions d’euros (pouvant être porté à 90 millions) ainsi qu’un crédit renouvelable de 10 millions d’euros. Même si son activité marquera le pas en 2023, Ekinops reste positionnée sur un marché très porteur.

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