Il a grandi au milieu des échantillons de papiers-peints et de moquette dans la maison familiale qui tenait aussi lieu de siège de l’entreprise de ses parents depuis sa création en 1985. Ce n’est qu’en 2013, alors que l’Entreprise Dejoie emploie une vingtaine de salariés pour un chiffre d’affaires d’à peine un million d’euros, que la PME déménage dans un bâtiment neuf de 1 000 m² à Pleslin-Trigavou (22). « Nous avons également saisi l’occasion d’investir dans une cabine à peinture, un choix audacieux à l’époque. » C’est aussi à cette époque qu’Edouard Dejoie devient cogérant aux côtés de son père, Vincent, et acquiert 20% du capital.
« Mon père a toujours été un pionnier. Dès la création de l’entreprise, il a mis en place une politique RH axée sur l’attractivité salariale et plus largement sur le bien-être au travail. Cela s’est traduit par un plan d’épargne entreprise qu’il abondait chaque année, des heures supplémentaires systématiquement payées, des abonnements au Stade Rennais pour les salariés, des évènements conviviaux, etc. » Cette démarche globale lui a valu de recevoir le prix national de Stars et Métiers en 2009 dans la catégorie « gestion des ressources humaines. « Ce fut un formidable coup d’accélérateur pour l’entreprise qui a vu son carnet de commande bondir en quelques semaines. » Edouard Dejoie s’est vu alors confié le suivi de l’ensemble des chantiers de peinture et rénovation d’intérieur, son père préférant conserver la partie ravalement.
Les cabinets d’architecture, 60% de l’activité
Durant la décennie qui a suivi, le dirigeant s’est attaché à gagner la confiance d’architectes de renom comme Bachmann Associés à Dinard. Celui-ci lui confie des chantiers prestigieux à l’image de la rénovation du château de Locguénolé à Kervignac dans le Morbihan ou plus récemment celle de la villa Saint-Germain à Dinard. « Nous réalisons toutes les peintures intérieures et extérieures, la pose du béton ciré et des revêtements muraux. On fait appel à nous en raison de la qualité du travail et le respect des délais. » Aujourd’hui, les cabinets d’architecture représentent 60% de l’activité de la PME. « On intervient principalement sur la côte, de Saint-Cast-le-Guildo à Cancale, en passant par Dinard, Saint Briac et Saint-Malo. » Entretemps, Edouard Dejoie a aussi ouvert un bureau à Rennes piloté par un de ses anciens salariés : « la mobilité interne et la montée en compétences ont toujours fait partie de l’ADN de l’entreprise. »
En 2020, juste avant le Covid, l’effectif atteint 34 salariés pour un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros. Pendant les deux années qui suivent, il grimpe à 64 salariés. « La crise sanitaire ne nous pas empêché de travailler, ni de nous développer. Par contre, on a subi une perte financière de 900 K€ lors de la rénovation d’un château relais. C’est le résultat d’une croissance mal maîtrisée. Depuis on redresse progressivement la barre et d’ici deux ans la situation sera totalement assainie. Ça va dans le bon sens. » Pour gagner en productivité et éviter qu’un tel scénario ne se répète, le dirigeant a structuré son équipe. Le départ en retraite de son père, en juillet 2023, lui en a donné l’occasion. En six mois, il a recruté et fait monter en compétences un chargé d’affaires, un responsable logistique et achat, un assistant comptable ainsi qu’un conducteur de travaux. « J’ai également investi dans un logiciel de gestion BTP, pour suivre en temps réel, l’état des commandes, de la facturation, des stocks etc. Via une appli, les salariés déclarent leurs heures, les conducteurs de travaux suivent l’évolution des chantiers. On a gagné en agilité. » En janvier 2023, Edouard Dejoie a par ailleurs racheté ID Intérieur à Dinan, une PME de 7 salariés dont 80% de la clientèle est constituée de cabinets d’architecture. Il se donne cinq ans pour devenir la référence sur son marché.
L’expertise de Bretagne Compétitivité
Aujourd’hui, l’équipe est redescendue à 54 salariés et le chiffre d’affaires, clos en mars 2024, atteint 3,3 millions d’euros contre 3,9 millions d’euros un an plus tôt, mais avec une rentabilité supérieure. « Nous avons une quarantaine de chantiers en cours et 2,6 millions d’euros de commandes à honorer, soit environ 7 mois de travail devant nous. Nous sommes confiants dans l’avenir d’autant plus que nous travaillons très peu pour le marché de la construction neuve. » Outre les cabinets d’architecture, le portefeuille clients de l’Entreprise Dejoie se répartit entre les particuliers (10%), les syndics de copropriété (20%) et les professionnels (20%). Ces derniers regroupent principalement les commerces, l’hôtellerie-restauration et les locaux d’entreprise, etc. Ils présentent un potentiel de chiffre d’affaires jusque-là peu exploité. « C’est pourquoi nous avons fait appel aux experts en stratégie commerciale de Bretagne Compétitivité*. Après avoir analysé notre positionnement marché, l’évolution de notre environnement (clients, concurrents, tendances de marché, …) et de notre offre produits, l’équipe nous a fait un ensemble de propositions en termes de parcours client, de pistes de diversification et de nouveaux services. Elle nous a également fourni une feuille de route stratégique avec des objectifs collectifs et individuels. Une telle démarche est nécessaire pour se réinventer et répondre aux nouveaux usages des consommateurs. »
Mieux recruter
L’entreprise, qui par ailleurs continue à recruter, a également adopté de nouveaux outils RH. « Jusque-là, nous recrutions par cooptation et bouche à oreilles. Ça ne suffit plus pour rester compétitif. Il faut recruter les meilleurs talents, élargir notre champ de recherche et être attractif. C’est ce sur quoi nous avons travaillé avec la CCI Côtes d’Armor*. » Etablissement de fiches de postes à pourvoir, rédaction d’offres d’emploi attractives/différenciantes, création du compte entreprise auprès de France Travail, etc. C’est tout cet accompagnement dont a bénéficié Edouard Dejoie. « J’ai aussi été mis en en relation avec la Conseillère entreprise France Travail référente afin de prendre connaissance de tous les dispositifs en faveur des chefs d’entreprise comme la PMSM (période de mise en situation en milieu professionnelle) ou la POEI (préparation opérationnelle à l’emploi individuelle). C’est une vraie découverte. » L’accompagnement porte aussi sur la marque employeur et le dépôt des offres sur les réseaux sociaux… « Je viens de recevoir mes premières candidatures. Il ne me reste plus qu’à sélectionner les meilleurs. », conclut le dirigeant.
*Membre du réseau EEN, Bretagne Compétitivité accompagne les TPE PME bretonne dans le management de l’innovation. Un financement est possible par l’union européenne dans le cadre du programme EEN ou dans le cadre d’une formation, par votre OPCO. Dans le cas présent le Prestation de Conseil en Ressources Humaines a été financé via l’OPCO Constructys Bretagne.
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