Il se rêvait en footballeur professionnel. Il est à la tête de Cordon Electronics une ETI familiale qui emploie 2 800 personnes dont 1 000 réparties sur deux sites près de Dinan (22), point de départ de l’aventure. Bien avant tout le monde, Serge Cordon a fait de la RSE son activité principale en réparant puis en reconditionnant des produits télécom et électroniques grand public. Soit 23 millions de pièces traitées en 2021. En s’apprêtant à ouvrir son capital à de nouveaux actionnaires, le capitaine d’industrie entend plus que tout pérenniser l’entreprise qu’il a créée il y a plus de 30 ans.
Serge Cordon a le sourire. Nous sommes mi-novembre 2022, le président directeur général du groupe éponyme s’apprête à faire évoluer son capital avec l’entrée comme actionnaires minoritaires de fonds bancaires nationaux, fortement ancrés en région. Ils se partageront entre 25% et 30% des actions du groupe et 10% supplémentaires seront réservés aux cadres dirigeants qui bénéficieront de facilités d’achat d’actions. « Je prépare l’avenir et celui de mes collaborateurs les plus proches. Dans deux ans, je me désengagerai des sujets plus opérationnels pour me concentrer sur la stratégie et les relations avec mes clients et partenaires », rapporte Serge Cordon qui table sur un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros en 2023, 500 millions en 2024. Avec un total 26 sites industriels, le groupe breton est implanté en Italie, en Allemagne, en Roumanie et en Hongrie, pour ce qui est de l’Europe, au Mexique et au Brésil pour ce qui est du continent américain.
Au service de l’électronique durable
Le chemin parcouru est remarquable. Spécialiste depuis plus de trente ans de la réparation et la rénovation de produits électroniques, Cordon Electronics s’était d’abord lancé dans le service après-vente des minitels pour ensuite s’orienter vers les téléphones portables en 1996, puis les décodeurs, les box Internet, les téléviseurs et plus récemment les machines à café professionnelles. « Nous sommes un acteur reconnu sur le marché de la réparation des décodeurs ainsi que celui des smartphones. Nos clients, parmi lesquels les opérateurs de téléphonie, veulent aller vers la responsabilité sociétale et environnementale. C’est en plein dans ce que nous faisons. Par exemple, nous reconditionnons les mobiles avec des pièces certifiées pour des appareils remis sur le marché 50% moins chers. » A côté de ces réparations effectuées en « marque blanche », le groupe, dont le plus grand centre industriel est situé à Quévert (Côtes-d’Armor), déploie depuis presque trois ans sa propre marque, Cadaoz. Celle-ci propose sur sa plateforme d’e-commerce des smartphones reconditionnés au grand public et aux entreprises ainsi qu’un service de réparation en ligne. Chaque appareil vendu subit 45 points de contrôle différents et est garanti pendant douze mois. « Les différents téléphones sont reconditionnés en France. Preuve de notre engagement, nous venons de décrocher le label Ecovadis, médaille d’or », précise le PDG. Toute cette activité « télécom » génère 72% du chiffre d’affaires du groupe.
Déploiement de Cadaoz Service
L’activité « Consumer Electronics », 9% du chiffre d’affaires, se développe également avec, par exemple, la réparation des téléviseurs Sony ou de machines Nespresso, plus généralement tout ce qui a trait à la réparation du petit électroménager, le brun et le blanc. « En Belgique, nous venons d’ouvrir un bureau pour un contrat Nespresso. En parallèle, nous constituons sur tout le territoire près des grandes villes une équipe de techniciens itinérants capables d’intervenir rapidement pour nos clients grands comptes. C’est un nouveau projet qui vient de passer sous l’enseigne Cadaoz Service. » Quatre agences ont vu le jour dans le Grand Ouest. L’objectif est de mailler progressivement tout le territoire, pour répondre rapidement aux besoins des clients.
Démarrage du reconditionnement de batteries
Parmi les autres diversifications récemment opérées par le groupe, celle menée dans le reconditionnement de batteries devrait rapidement monter en puissance. « Plusieurs ingénieurs ont travaillé sur le sujet. Après deux années de R&D, le process est validé. C’est très complexe, il a fallu sécuriser le site et installer sur notre site à Quévert des Shelters. Nous avons démarré l’été dernier et visons dans un premier temps, les batteries de vélos et de trottinettes. Les équipes réparent et remplacent les sous-éléments des batteries, environ 1 500 chaque mois. Et pourquoi pas à terme prendre en charge les batteries des voitures », poursuit le PDG.
La question d’impact environnemental est aussi au cœur de la stratégie du groupe. Le rachat en janvier 2022 de RSB basée en Haute Savoie, spécialisée dans le démantèlement de déchets électroniques et plastiques, va lui permettre d’accélérer dans l’économie circulaire. « L’entreprise était jusque-là un sous-traitant pour une partie de nos opérations de traitement des box et décodeurs. Cette acquisition va dans le sens de nos engagements RSE. Elle nous permettra d’enrichir et compléter notre gamme de services en élargissant le périmètre de compétences au recyclage et à la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Nous pouvons ainsi offrir des solutions globales à nos clients, de la fabrication jusqu’au démantèlement et au recyclage des DEEE. Comme vous le voyez, nous sommes en plein développement et mon ambition n’a jamais été aussi forte », conclut Serge Cordon, qui entend encore améliorer la rentabilité de son groupe afin de lui garantir son indépendance.
Chiffres clés
Effectif 2 800 dont 450 l’étranger
CA 2021 : 262 M€
26 sites industriels dont 7 à l’étranger