Nous sommes une industrie de process et travaillons dans un secteur d’activité (le composite hautes performances) où le principe de confidentialité est roi”, commence Yann Dollo, directeur général adjoint de CDK Technologies. Dans les entrailles de cette PME naissent les plus grands et les plus rapides voiliers au monde. “Nos clients sont des concepteurs de bateaux.” Le savoir-faire de CDK se distingue dans la transformation et l’assemblage des matériaux composite qui structurent ces géants des mers. L’innovation et la compétition font partie de l’ADN de l’entreprise, “notre trésor de guerre”, n’hésite pas à imager le DGA. L’entreprise compte à ce jour 75 personnes réparties entre le site de Port-la-Forêt (29) et l’unité de Lo- rient. Son chiffre d’affaires s’élève à près de 8,5 millions d’euros.
Développer une culture de veille
Aux dépôts de brevets “qui sont la porte ouverte à la divulgation d’informations sur nos process”, le directeur préfère déployer des techniques basiques et empiriques, comme la veille qui reste, selon lui, la première des armes à fourbir en ces temps de guerre économique. “Nous menons une veille continue sur nos concurrents, sur leurs niveaux de compétence technique, d’investissements, sur leur performance économique… La voile est un petit milieu où les bruits de pontons sont légion. Il faut apprendre à les croiser et les recouper pour sonder la vérité”, explique Yann Dollo.
La sécurité des données informatiques est également une défense, qui semble presque naturelle aujourd’hui. Sauf “qu’à l’heure des crypto-virus et autre programme d’attaque numérique, une PME comme la nôtre n’a pas les capacités de s’en protéger”, pointe le Morbihannais. Alors, l’entreprise suit des protocoles de sauvegardes croisées, accessibles à son échelle, “des réflexes qui relèvent du bon sens pour éviter la fuite de données”.
Placer l’humain au cœur de l’entreprise
Pour le dirigeant lorientais, ces stratagèmes rodés et validés augmentent leur efficacité s’ils reposent sur une bonne approche de l’humain. “Notre valeur ajoutée dépend du savoir-faire de nos collaborateurs. Autant dire que l’échange et la confiance sont des clés pour notre bon fonctionnement.” Pour lui, faire preuve d’intelligence économique c’est aussi et avant tout savoir gérer l’humain : au sein de l’entreprise, d’abord, en misant sur la stabilité des équipes et la communication directe entre ateliers et management ; à l’extérieur également en favorisant les conditions à l’expansion. “Nous agissons dans un secteur à la fois restreint et ouvert à l’international. En Europe, nous sommes quatre chantiers de ce type à exercer, alors forcément, ton concurrent devient souvent ton partenaire et/ou sous-traitant. Il faut alors savoir coopérer tout en préservant la confidentialité !”
Pour cela, la voile est un milieu singulier, si ce n’est privilégié, baigné par la culture de l’humilité et de la solidarité. Depuis toujours, les marins sont copains avant d’être rivaux… “Encore aujourd’hui, malgré l’univers ultra concurrentiel, les skippers n’hésitent pas à dévier leur trajectoire de course pour secourir un marin en difficulté. Tous savent replacer l’homme au cœur de leur histoire.” Une valeur phare de l’intelligence économique.
