« Les distributeurs alimentaires ont pour habitude d’écarter de leur rayon tous produits qui ne rentrent pas dans leurs critères. Parce qu’ils ont quelques grammes en plus ou en moins ou présentent un défaut à peine perceptible, ils partent dans les méthaniseurs ou sont utilisés en alimentation animale. C’est une aberration », estime Fabien Gastou cofondateur avec Faustine Calvarin Beesk .
Une solution anti-gaspi destinée aux professionnels de la restauration
L’entreprise, basée à Betton en Ille-et-Vilaine, négocie et achète auprès des producteurs et industriels de l’agroalimentaire des produits qui ne seront jamais commercialisés. Ces produits Hors normes (DLU dépassées, trop petits, tachés, écarts de production, boudés par les consommateurs…) sont collectés puis vendus à la restauration commerciale et collective sur l’ensemble du territoire national. « On s’est lancé en 2018, avec le groupe Ansamble, sur la région parisienne, là où sont concentrés beaucoup de grands groupes susceptibles d’intégrer notre solution anti gaspi dans leur démarche RSE, poursuit l’entrepreneur. Pendant 10 ans, il a vendu aux transformateurs des machines capables de détecter le moindre défaut pour satisfaire le cahiers des charges des distributeurs. « C’est là que j’ai découvert et compris le problème. On vit dans un modèle de surproduction, on produit pour jeter. Et ça, j’ai fini par ne plus l’accepter. » En France, il existe des solutions anti-gaspi depuis plusieurs années, à l’image de « Too good to go » ou « Nous, anti-gaspi ». « Elles s’adressent aux consommateurs. Nous, nous intervenons sur l’amont, en BtoB, où un vide existait. »
Un million de repas sauvés en 2022
Aujourd’hui, ce sont près de 400 restaurants qui cuisinent chaque jour les produits distribués par Beesk. « Nous avons un catalogue d’environ 150 références : fruits, légumes, fromages, laitages, traiteur, viandes, charcuterie, boulangerie, etc. Nous sommes multi familles et 80% de nos produits sont récurrents. C’est ce mix qui intéresse nos clients et qui rend le coût de sauvetage attractif. Pour travailler avec nous, chacun de nos clients doit s’engager à ce qu’au moins 5% de ses achats passent par chez nous .» Parmi ces derniers, on trouve 40% de restaurants concédés auprès des grands acteurs de la restauration collective et 60% de restaurants autogérés dépendants de collectivités, d’associations ou d’entreprises issues de l’évènementiel ou de l’hôtellerie. « En 2022 nous avons ainsi sauvé 1 million de repas à savoir des repas composés à 100 % de produits Beesk. » Par la même, l’entreprise les aide aussi à satisfaire à la loi EGalim (qui exige au minimum 50% de produits durables et de qualité, dont 20% de produits issus de l’agriculture biologique)*.
25% de fournisseurs bretons
Côtés fournisseurs, Beesk travaille avec près de 90 industriels de l’agroalimentaire répartis sur l’ensemble du territoire. « L’entreprise est née dans le bassin rennais parce que nous en sommes originaires. Je savais pouvoir compter sur mon réseau pour démarrer, notamment en sourcing. 25% des fournisseurs sont bretons », souligne Fabien Gastou . Parmi eux, citons Traiteur de Paris, Terre d’Embruns, Société Bretonne de Volaille, Ty Coz, Savel, Geldélis ou encore OLGA. Les clients commandent en ligne. Aujourd’hui les camions partent des entrepôts de Rungis et Lyon pour livrer principalement les régions Ile-de-France et Auvergne/Rhônes-Alpes. « Début 2024, nous allons ouvrir un 3e entrepôt, dans l’Ouest. Nantes ou Bordeaux, ce n’est pas encore décidé. »
Il s’agit de satisfaire une demande exponentielle et conquérir de nouveaux marchés. « Depuis mi-mai, nous enregistrons une croissance de 15% à 20% par mois. Est-ce le contexte inflationniste qui veut ça ? » Quoi qu’il en soit, Beesk, qui a réalisé un chiffre d ‘affaires de 1,4 million d’euros en 2022 dépassera les deux millions d’euros en 2023. L’équipe atteint désormais 15 collaborateurs. Outre l’achat des produits, leur transport et leur livraison en cuisine, l’entreprise assure également l’animation des restaurants. « Il s’agit de changer les habitudes, des cuisiniers comme des convives. On a une grosse activité de communication, de pédagogie, de sensibilisation sur nos produits hors normes. Nous voulons convaincre un maximum de chefs de s’engager dès à présent dans une démarche RSE, pour assurer la restauration de demain.»
La croisade contre le gaspillage alimentaire ne fait que commencer. Beesk table désormais sur 3 millions de repas /an 100 % antigaspi. Un défi qui s’accompagne, en 2024, d’une extension géographique à l’Ouest. Pour parvenir à cet objectif, les deux fondateurs pourront compter sur leurs actionnaires auprès desquels ils ont levé en 2023 plus d’un million d’euros. Parmi ces derniers, des investisseurs entrepreneur bretons à l’image de Guy Canu, président d’Igeo ou Gilles Bocabeille et Brigitte Koh -Bocabeille , ex dirigeants de Soreal Ilou.
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