Avec Natpack, le laboratoire breton Aquatonale prend le virage de la cosmétique en poudre, mais pas que…

D'ici 2040, tous les emballages plastiques à usage unique seront interdits. Une réglementation qui impacte un grand nombre de secteurs d’activité. Parmi eux celui de la cosmétique. Depuis trois ans, le laboratoire breton Aquatonale travaille à la mise au point d’un contenant composé à 70% de biomatière végétale et 30% de coquillages. Natpack®, un premier modèle de 65 ml vient de sortir à 100 000 exemplaires. S’il vise d’abord la cosmétique en poudre (shampoing, gel douche, exfoliant…), un marché en hausse de 23% en 2022, il pourrait aussi intéresser les fabricants de poudres alimentaires. Eco conçu, lavable, démontable, rechargeable, fabriqué 100% en France, ce contenant pour poudres est le tout premier sur le marché.

La Bretagne, terre d’innovation. Ce slogan sied parfaitement au laboratoire Aquatonale situé à Allaire près de Redon. Crée en 1990 par Pierre Boutigny, il développe, formule et fabrique des soins cosmétiques pour le visage et le corps. Avec un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros et un effectif d’une trentaine de personnes, la PME vend principalement à l’international. « 65% de notre activité concerne l’export, l’Asie et le Moyen-Orient en particulier. Nous fabriquons sous marque blanche mais aussi sous nos propres marques (Perlucine, BeatyMed, Thalaspa…). Nos clients sont les centres de thalassothérapie, les spas, les instituts de beauté mais aussi certains magasins bio », confie Sophie Boutigny, Directrice d’Aquatonale dont le site de production s’étend sur 4 000 m².

 

2019 : une première gamme de soins à bases de coquilles d’huîtres

C’est l’interdiction au 1er janvier 2018 des microbilles en plastique dans les gommages et nettoyants qui a poussé , dans un premier temps, Aquatonale à s’intéresser aux coquillages et plus particulièrement à l’huître blanche échouée sur les plages bretonnes. Dès 2019, l’équipe de R&D met au point un premier soin naturel certifié COSMOS, 100 % français et éco-responsable, à base de poudre de coquille d’huîtres blanches. « Depuis nous avons élargi la gamme. Elle ne contient aucun ingrédient controversé. Nous assurons nous-même la collecte des coquilles sur certaines plage du littoral breton. Ce sont des coquilles brassées par la mer sans micro-organisme. »

 

La cosmétique en poudre, plus écologique

En 2020, une seconde étape voit le jour avec cette fois, en ligne de mire, d’ici 2040, a fin des contenants plastiques à usage unique. Une telle réglementation, si elle n’est pas anticipée, peut tout simplement faire plonger la PME. Aquatonale se lance alors dans le développement d’un contenant entièrement eco-conçu, capable de remplacer le paper tube, certes recyclable, mais pas étanche et non adapté à un environnement humide (douche). Elle cible en premier lieu ses propres produits de cosmétique en poudre. « Pour nous, c’est un nouveau virage, assure Sophie Boutigny. Dans le sillage de la cosmétique solide, les produits en format poudre se font une place grandissante sur le marché de la beauté, +23 % en 2022. Shampoing, démaquillant, gel douche, exfoliant etc. Vous versez un peu de poudre au creux de votre main, vous émulsionnez et vous appliquez. C’est pratique et c’est surtout très écologique. Ces poudres permettent de s’affranchir de produits d’hygiène liquides, composés bien souvent à 90% d’eau, aux emballages volumineux, le plus souvent en plastique. »

Un premier contenant de 65 ml

Deux ans de R&D auront été nécessaires pour mettre au point Natpack®. Composé à 70% de biomatière végétale et 30% de coquillages, ce premier flacon de 65 ml a demandé 300 000 euros d’investissement pour fabriquer le moule de prototypage. « Nos 100 000 premiers exemplaires viennent de nous être livrés et nous en avons déjà écoulé 50 000. Ils sont fabriqués en Bretagne et servent dans un premier temps au packaging de nos propres poudres. »

Cependant, l’aventure ne s’arrête pas là. Avec son flacon zéro déchet qui favorise le vrac, Aquatonale ambitionne de conquérir d’autres marchés. Le laboratoire cherche à lever 500 000 euros pour fabriquer d’autre moules de prototypage avec des volumes différents. « Il faut savoir que d’ici 2030, les supermarchés de plus de 400 m² devront instaurer 20% de vrac dans leur rayon. Notre flacon réutilisable à vie peut donc intéresser les industriels de l’agroalimentaire désireux de baisser leur empreinte carbone : sel, sucre, farine, etc. On peut imaginer toutes sortes d’usages », conclut Sophie Boutignoux dont l’entreprise s’apprête à transformer des contraintes réglementaires en opportunité de marché.


 

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