Au Space, les agriculteurs retrouvent la confiance

Originaire de Callac dans les Côtes-d’Armor, mère de deux enfants, Anne-Marie Quémener est à la tête du Salon international de l’élevage et des productions animales (Space), 2e salon mondial des professionnels de l’élevage. Un événement incontournable pour le monde économique breton. Créé en 1987 sous l’impulsion de la Chambre régionale d’agriculture, le Space se tient chaque à Rennes, au mois de septembre. En 2019, il recensait plus de 1 400 exposants, dont un tiers à l’international, et 110 000 visiteurs. 

Quel regard portent les agriculteurs sur le Space ?

Malgré son ampleur, le Space reste un salon professionnel convivial durant lequel beaucoup d’agriculteurs nous disent se sentir protégés des attaques extérieures, de la remise en cause parfois extrêmement violente de leur métier. Ils retrouvent la confiance. Le salon renvoie une image conforme à leur métier, à savoir moderne et innovante. L’agribashing qui consiste à dénigrer systématiquement les pratiques de l’agriculture qui seraient responsable, selon certaines personnes, de la mauvaise qualité des eaux, de la mauvaise alimentation, etc. nuit à l’image du métier au quotidien. Il faut être très vigilant, il en va du renouvellement du métier d’agriculteur. Le Space a vu le jour à Rennes, parce que la Bretagne est le 1er bassin agricole en France. Il vivra si les productions animales et végétales restent chez nous.

 

Pourquoi est-il aussi attractif ?

Le Space est de plus en plus ouvert sur le monde avec aujourd’hui 14% de visiteurs internationaux. Les Chinois, les Russes ou encore les Africains viennent chercher notre savoir-faire. C’est un moteur pour l’économie agricole mais aussi pour Rennes et sa métropole. Cette année, nous avions retenu la thématique du climat pour aider les agriculteurs à adopter de nouvelles pratiques culturales. Les retours ont été très positifs car les visiteurs ont découvert de nouvelles solutions techniques. La R&D et l’innovation sont aussi notre marque de fabrique. Le Space est aussi un moment important dans l’agenda des responsables politiques et professionnels, puisqu’il leur permet d’aller à la rencontre des acteurs des filières animales. C’est une caisse de résonance médiatique très forte pour le monde agricole. Il met en avant l’excellence française en matière d’élevage et rend tangible sa capacité à fournir des produits de qualité pour les consommateurs.

 

Quel a été votre parcours avant de devenir Commissaire générale du salon ?

Originaire des Côtes-d’Armor, je suis fille d’éleveurs. Autant vous dire que je connais bien le monde agricole. J’ai démarré ma carrière au Space en 1993, en tant que stagiaire, après avoir décroché un diplôme de traducteur trilingue et poursuivi des études à l’École supérieure de commerce de Rennes. Je me revois encore dans ce bureau de la Chambre d’agriculture, où je passais mon entretien pour obtenir ce stage auprès de Joseph Jouzel, premier Commissaire général du Space.

C’est lui qui a bâti les fondations de notre structure. A l’époque, le Space accueillait 719 exposants et 66 500 visiteurs et fonctionnait avec seulement deux salariés permanents. Grâce à mon niveau de langues, je me suis vue confier rapidement un certain nombre de responsabilités pour développer la notoriété de ce salon à l’étranger ainsi que les relations presse à l’international. Ce n’est qu’en 1997 que j’ai intégré l’équipe en tant que responsable de la communication, avec pour objectif d’attirer les journalistes du monde entier. Rappelez-vous, à l’époque Internet était à ses balbutiements et les réseaux sociaux n’existaient pas. Commence alors un travail de longue haleine pour faire connaître le salon. Il fallait capter de nouveaux visiteurs et multiplier les contacts et les déplacements avec les entreprises pour mieux répondre à leurs attentes. De fil en aiguille, j’ai vu mon champ d’action s’élargir à l’évènementiel, puis au développement international du salon. Depuis le 1er janvier 2016, j’occupe le poste de Commissaire générale du salon. Je suis entourée d’une équipe de 9 permanents qui grimpe à 15 durant le salon.

 

Jusqu’ici, quels sont vos souvenirs les plus marquants ?

Ma première édition en tant que Commissaire générale s’est déroulée en 2016, année précédant celle des élections présidentielles. Tous les candidats sont passés au salon. Nous avons dû organiser des circuits différents pour chacun d’entre eux. Le président Macron, qui, à cette époque, n’avait pas encore fait acte de candidature, a lui aussi fait le déplacement avec, je me souviens, une préparation très méthodique. L’édition 2013 restera gravée dans ma mémoire. Jean-Michel Lemétayer, co-fondateur et président du Space, auprès de qui j’ai eu la chance énorme de travailler pendant 20 ans, est décédé subitement, le 31 juillet. Lorsque nous avons ouvert le salon, un mois plus tard, c’était glaçant. Travailler à ses côtés, c’était un gage d’exigence, de bonne humeur, de convivialité, de performance, avec ce sentiment de progresser à vive allure simplement en l’écoutant et en l’observant. Grâce à ses talents de visionnaire, il impulsait toujours une dynamique de progrès tout en défendant sans relâche les intérêts des agriculteurs.

 

Que nous préparez-vous pour l’édition 2020 ?

Le contexte concurrentiel sera plus fort, le mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage (Sima-Paris) ayant décidé de se positionner en novembre au lieu de février. Dans cette perspective, nous avons travaillé avec une agence à la mise en place d’une plateforme de marque. La priorité était de bien identifier nos valeurs, ce qui fait notre force, pour mieux communiquer. Le Space ne doit plus être perçu comme le reflet d’une agriculture conventionnelle ou intensive. Il représente aujourd’hui les différentes formes d’agriculture où le bio et les circuits cours ont une place de plus en en plus prépondérante. En 2020, nous ouvrirons le salon au secteur de l’aquaculture. C’est la production animale qui progresse le plus dans le monde. Les entreprises bretonnes comme Le Gouessant, Olmix ou encore MG2MX proposent déjà de nombreuses solutions dans le domaine. Essentiellement développée en Asie, l’aquaculture intéresse de plus en plus l’Afrique. L’espace InnovSpace devrait encore se développer. Cette année, nous avons reçu 135 dossiers de candidatures. C’est devenu un label d’innovation pour les entreprises. Cependant, rien n’est jamais gagné d’avance. A travers le Space, nous souhaitons que l’agriculture occupe toujours une place de premier rang dans le concert mondial et, surtout, qu’elle remplisse sa vocation première : nourrir les hommes tout en préservant la planète.

 

Vous avez reçu, en juin dernier, des mains de la Préfète, les insignes de chevalier dans l’ordre national du Mérite. Que ressent-on dans un moment pareil ?

C’est un honneur pour moi et un signe fort à l’attention des acteurs du monde agricole. J’ai vécu ce moment avec une grande intensité. Sans un soutien familial fort et l’engagement d’une équipe extrêmement soudée, jamais je n’aurais pu mener un tel parcours professionnel.

 

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