Algaia (29). Plongée au cœur de la filière algue

[PORTRAIT PALMARES 2020-2021] L’algue brune n’aurait pas livré tous ses secrets ? Entre les alginates et les biostimulants, qui sont les principaux composés que l’entreprise Algaia extrait et valorise, les agents actifs de la laminaire qui peuple les fonds marins d’Iroise n’ont pas tous été révélés. Installée à Lannilis (29), Algaia engrange une croissance de 15% par an. Un temps ralentie en 2020, l’activité a repris et reste boostée par des innovations que l’entreprise génère en continu.

Cofondateur et directeur général d’Algaia, Frédéric Faure fonde la croissance de l’entreprise sur les recherches que ses équipes laborantines mènent en interne. « Aujourd’hui, nous exploitons 50% de l’algue brune et oeuvrons à la multiplicité de ses valorisations. » L’entreprise a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros.

Révéler le potentiel des algues

Avant d’acquérir, en 2017, l’ancienne usine Cargill de Lannilis, Algaia existait à travers une startup spécialisée dans l’exploration et l’innovation algale. « Depuis 2016, nous travaillons sur le potentiel des algues. Notre philosophie est basée sur l’extraction multiples, à savoir la valorisation maximale des composés et principes actifs issus de cette matière première unique et sauvage. Notre objectif est clairement de révéler tout le potentiel des algues fraîches de la mer d’Iroise, en travaillant avec les acteurs locaux de la filière goémonière, afin de développer des solutions d’origine naturelle innovantes et durables pour l’agroalimentaire, la cosmétique, la nutrition, la médecine, la santé des plantes et tous les nouveaux marchés qui explosent avec le retour en force de la naturalité », explique Frédéric Faure, ingénieur issu de l’école nationale supérieure de chimie, de biologie et de physique de Bordeaux.

De l’idée au produit

La répartition des activités d’Algaia sur trois sites, entre son laboratoire de recherche et de développement à Saint-Lô, son unité de production à Lannilis et son bureau commercial à Paris, forge sa singularité et sa force. De l’idée au produit vendu, l’entreprise maîtrise la chaine complète. La proximité de la mer d’Iroise et l’accès privilégié au gisement de matière première restent l’atout majeur de la stratégie d’Algaia. « En rachetant cette usine, on a doté Algaia du maillon complémentaire et essentiel qui lui manquait : la transformation des algues à échelle industrielle. A l’exception de la Chine, qui reste le premier transformateur d’algues brunes, la France est le second pays mondial à les travailler », présente Frédéric Faure.

En zone assimilée « Europe », il existe 3 groupes spécialisés dans cette industrie, un en Norvège et deux en France, dont un seul y a son siège : Algaia. « On contribue à la souveraineté et à l’exception nationale avec l’exploitation de cette algue », avance Frédéric Faure qui revendique également une fierté locale de faire vivre une activité patrimoniale des Abers. 

Située au bord du plus vaste champ naturel d’algues brunes d’Europe, l’usine de Lannilis traite quotidiennement environ 200 tonnes d’algues fraiches récoltées par les goémoniers voisins. Plongés dans une succession de bains pour être lavés, broyés, précipités, essorés puis séchés, ces extraits d’algues sont réduits en poudre afin d’isoler les alginates, ces agents naturellement épaississants connus sous le nom scientifique E401. Ce sont ces composés qui sont ensuite vendus majoritairement à l’international. 

Renforcer l’innovation biomarine

Après un premier trimestre 2020 favorable, expliqué par l’arrivée de nouveaux clients, fuyant probablement l’approvisionnement chinois, les ventes d’Algaia ont ensuite ralenti avec la fermeture de la restauration collective et de certains marchés d’Europe du sud. Mais la crise a aussi révélé des tendances fortes de consommation, sur lesquelles le pôle R&D d’Algaia planche. L’innovation biomarine a donc été renforcée. Nourriture vegan, pigments naturels, impression 3D, cosmétique zéro nanoparticules (assimilés à des plastiques) sont autant de niches que les laborantins d’Algaia explorent afin d’apporter des textures nouvelles, des actifs et des ingrédients d’origine 100% naturel. « Il nous faut anticiper ces marchés. Notre organisation et notre agilité de fonctionnement nous permettent d’être réactifs », souligne Frédéric Faure.

75 personnes travaillent sur le site de Lannilis (29), qui abrite également les services administratifs et le siège d’Algaia. « Nous sommes convaincus du trésor naturel et accessible que nous avons ici, un large champ des possibles à explorer sur les bienfaits de ces espèces végétales sous-marine », projette Frédéric Faure. Dernièrement, les trois co-fondateurs du groupe (Fabrice Bohin, Frederic Faure et Franck Hennequart), leurs actionnaires et investisseurs stratégiques ont réuni 2,2 millions d’euros pour continuer le déploiement de la stratégie industrielle de l’entreprise fondée sur la valorisation de la biomasse algale.

Voir le site Algaia
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