A Lorient, Windcoop transforme la transition écologique en réalité de marché

Née d'un rêve, celui de faire évoluer le transport maritime de marchandises, la coopérative de transport maritime décarboné est devenue réalité. Dans quelques jours, Windcoop signe le lancement de la construction de son porte-conteneurs à voile. Le premier d'une longue série pour créer une flottille qui (r)ouvrira des routes commerciales sur les océans du monde.

Début 2026, soit dans un peu plus de deux ans, le premier voilier cargo porte-conteneurs conçu et armé par la coopérative maritime lorientaise Windcoop hissera les voiles pour rejoindre Madagascar. A l’échelle de ce projet, c’est demain ! « Nous sommes à la veille de signer le contrat avec le chantier naval qui construira ce premier bateau, conçu, dessiné et commandé par Windcoop. Il faut deux années de construction », escompte Alice de Cointet, directrice opérationnelle chez Windcoop, en charge du plan de financement de ce premier investissement.

Première levée de fonds quasi bouclée

Avec la hausse des matières premières et des services, le budget pour la construction de ce premier porte-conteneurs, de 90 mètres de long et 1400 tonnes de capacité de chargement, a été réévalué à 28 millions d’euros. La compagnie maritime d’intérêt collectif, qui a ouvert son capital (1 personne = 1 voix) à des particuliers, des entreprises, des chargeurs, des fonds d’investissements et des clients, a sécurisé plus de 6,2 millions d’euros (dont une part sous promesses) sur les 7,8 visés par cette première levée de fonds. L’objectif devrait être atteint dans quelques mois, afin d’approvisionner les 20% du budget requis. Le reste sera garantit par des prêts bancaires classiques liés au système maritime. « L’idée est de proposer aux citoyens la réappropriation du transport de leurs biens de consommation. En proposant un modèle coopératif, chacun peut soutenir le transport vélique, l’écologie et l’innovation sociale, mais aussi s’investir en tant que sociétaire dans la stratégie de la compagnie basée sur un modèle durable, respectueux de l’homme et de l’environnement », explique Alice en soulignant l’innovation sociale de ce montage juridique dans l’actuel écosystème maritime.

Et ses paroles ne sont pas chimères puisque le business plan avancé, aligné sur la transition écologique, projette une rentabilité rapide assise sur : 1/ le tracé de routes commerciales directes, donc au final plus rapides que celles des cargos conventionnels réalisées avec escales ; 2/ la structure du navire (20 pieds) capable de transporter 100 conteneurs et d’économiser jusqu’à 60% d’énergie fossile ; 3/ des prix stables car non indexés sur les fluctuations du carburant ; 4/ des connexions entre ports secondaires favorisées par le faible tirant d’eau et l’entière autonomie du voilier Windcoop en termes de chargement et déchargement (grues embarquées) ; 5/ la location de cabines à une dizaine de passagers par voyage.

« C’est un projet viable sécurisé par l’expertise et la complémentarité des entreprises fondatrices de cette coopérative », souligne Alice qui rappelle la synergie des trois acteurs à l’origine de Windcoop  : Niels Joyeux, cofondateur de la compagnie lorientaise Zéphyr&Borée qui vient de concevoir et mettre à l’eau Canopée, son premier cargo à voile moderne, Mathieu Brunet, président de l’entreprise méditerranéenne Arcadie fabricant d’épices (marque Cook) et de tisanes (Les Herbiers de France), et Julien Noé fondateur d’Enercoop fournisseur d’électricité d’origine renouvelable organisée en coopérative citoyenne.

Une première route commerciale vers Madagascar

La première route servira le commerce d’Arcadie, de Marseille à Madagascar pour rapporter les épices et les plantes que l’entreprise française a besoin. « Pour cette première route, le chargement est quasi complet. Nombre d’entreprises ont montré leur intérêt pour exporter leurs produits (verrerie, textile, GMS) et d’autres pour importer des matières premières exotiques », explique Alice. Afin d’assurer ces échanges, le premier cargo réalisera 5,3 rotations par an. « Rapidement, il nous faudra doubler la cadence en armant un second voilier », prévoit la directrice opérationnelle, mobilisée par les prochaines campagnes de financement.

A terme, la coopérative Windcoop souhaite gérer une dizaine de bateaux et trois routes commerciales, dont deux transatlantiques. La prochaine d’ailleurs devrait relier la Bretagne à l’Amérique centrale. Des entreprises françaises, telles que le torréfacteur Lobodis, le fabricant d’arômes natures Prova, le réseau Biocoop, ont déjà montré leur intérêt et rejoint Windcoop dans l’aventure. Des investisseurs aussi. D’autres suivront dès que la coopérative lorientaise aura démontré l’efficacité de son modèle unique de porte-conteneurs décarboné.

La compagnie maritime militante, comme elle se définit elle-même, a d’ores et déjà été reconnue et récompensée lors des derniers Trophées Crisalide.

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