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, le 25.06.2018

Tourisme : la Bretagne a un train d'avance

Avec 42 % du littoral français, sa richesse culturelle et son patrimoine, la Bretagne est la troisième région touristique de France. Et le tourisme représente 8 % du PIB breton. Pour rester une région attractive et dynamique, les acteurs économiques unissent leurs forces. Le mot d’ordre : innovation et ouverture.  

Tourisme Bretagne
Véronique Maignant
Si la météo n'est pas toujours des plus estivales en Bretagne, la région bénéficie d'une image positive. Les touristes viennent pour son littoral, ses itinéraires de balade, sa gastronomie, sa culture, son patrimoine, son calme...

C'est une chance énorme : notre région bénéficie d'une forte identité. Les gens viennent pour les paysages, la tranquillité, le littoral mais aussi l'intérieur. La Bretagne est reconnue comme un territoire préservé", apprécie Anne Gallo, vice-présidente du conseil régional chargé du tourisme et présidente du Comité régional du tourisme (CRT) Bretagne depuis 2015.

Pour l'élue, la Bretagne a tous les atouts pour se positionner comme une destination phare du slow-tourisme, c'est-à-dire un tourisme au grand air (pur et iodé !) et déconnecté. Par exemple, reconnus comme particulièrement apaisants, les chemins de halage bretons enregistrent une hausse de 6 % de leur fréquentation.

"En Bretagne sans ma voiture"

La Bretagne attire chaque année 83 % de touristes français et 17 % d'étrangers. Si les familles prennent encore beaucoup leur voiture, la mise en service de la ligne à grande vitesse  a incité la direction régionale de la SNCF à travailler avec l'ensemble des acteurs du territoire à "inventer le TGV et la vie qui avec". De cette initiative est née : "En Bretagne sans ma voiture".

7 à 8 % des touristes qui visitent la Bretagne arrivent par le train. 350.000 foyers  parisiens n'ont pas de voitures et les Anglais, les Allemands, les Hollandais ou encore les Espagnols et les Italiens sont de plus en plus nombreux à venir. "De toute évidence, il manquait un maillon entre le moment où un visiteur arrive dans une gare et sa destination finale. Historiquement, le monde des transports publics est tourné vers les habitants, beaucoup moins vers les touristes. L'arrivée de la ligne à grande vitesse en Bretagne nous a donné l'opportunité de chercher des solutions et capter une nouvelle clientèle", indique Isabelle Camillerapp, responsable innovation territoriale à la SNCF Bretagne (en photo).

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Des séjours clés en main

D'où en 2015, la mise en place d'un groupe de travail réunissant l'ensemble des acteurs du tourisme, des transports et de la mobilité, privés comme publics mais aussi les institutionnels, au premiers rang desquels la Région, le CRT, les CCI en Bretagne et l'Ademe. Objectif : co-construire avec des hébergeurs bretons des séjours tout compris, alliant découverte du territoire et solutions de mobilités durable. "Notre défi était de permettre aux touristes d'atteindre leur lieu de séjour facilement en moins de quatre heures, se déplacer sur place et se divertir. Nous voulions que le touriste, en couple ou en famille se laisse vivre en toute simplicité, d'activité en activité, pour profiter d'une expérience de séjour innovante où même l'imprévu est prévu. La difficulté fut d'agréger le tout : réservation du train, de la voiture électrique ou du vélo, du séjour en hébergement touristique et des activités". Ils se sont bien évidemment appuyés sur des partenaires qui ont accepté les règles du jeu et également sur des agences spécialisées dans les séjours comme par exemple Funbreizh.

Le premier séjour clés en main tout compris a vu le jour au printemps 2017. "Aujourd'hui ce sont plus de 80 séjours 'En Bretagne sans ma voiture' qui sont disponibles via le site du CRT". Des séjours de deux ou trois nuits "sans mauvaise surprise où tout est vraiment prévu et programmé".  Il n'y a qu'à arriver en train et se laisser guider. Aussi bien pour découvrir la rade de Brest, la Côte de Granit rose, le golfe du Morbihan ou la Côte d'émeraude. En parallèle, le CRT a lancé une vaste action en faveur de la mobilité estimant que la Bretagne tenait là un atout différenciant. Pour imaginer de nouveaux circuits, chaque Destination peut s'appuyer sur le Trotter Game, un serious game conçu par CCI Innovation Bretagne

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Priorité à la qualité de l'accueil 

Le CRT a "découpé" le territoire en onze destinations touristiques (dont une dédiée aux îles bretonnes) soit autant de séjours à faire. "C'est important qu'un touriste ait une idée de ce qu'il pourra visiter une prochaine fois. Chaque destination a sa stratégie de développement et de mise en valeur et il n'y en a pas que pour les côtes et le littoral ! La destination Cœur de Bretagne/Kalon Breizh a un potentiel énorme", note Anne Gallo.

La qualité de l'accueil et du service font partie des facteurs de fidélisation des vacanciers. Certes la Bretagne est connue pour sa chaleur humaine et sa cordialité mais "une entreprise doit avoir des réceptifs de qualité et adaptés si elle veut être pérenne. Les infrastructures doivent être le plus qualitatif possible", rappelle Jean-Paul Chapalain, élu à la CCI Bretagne et vice-président du CRT. Et cela est valable "pour tous les types de clientèle", insiste l'élu.

Mais il est parfois difficile d'avoir un service à la hauteur quand on manque de personnel, problématique à laquelle les professionnels de l'hôtellerie-restauration sont de plus en plus confrontés. "Ils ont du mal à recruter des saisonniers et les saisonniers ont eux-mêmes du mal à se loger car les endroits touristiques ont des loyers plus élevés, pointe la présidente du CRT. L'Umih réfléchit d'ailleurs à des solutions innovantes de logements." Autre piste, un dégrèvement de charges patronales pour les professionnels de l'hôtellerie-restauration qui embaucheraient du personnel saisonnier en CDI. Une proposition qui sera prochainement présentée au gouvernement. 

Cibles locales et étrangères 

En plus de fidéliser les vacanciers qui connaissent déjà la Bretagne, les acteurs économiques veulent développer des offres pour d'autres cibles. C'est le cas des excursionnistes, c'est-à-dire ces Bretons ou habitants de l'ouest de la France qui restent seulement une journée, sans hébergement. D'après l'étude Reflet 2016 du CRT, ils représentent 2,300 Md€ de retombées économiques.

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"Ce sont pour la plupart des séniors très dynamiques auprès desquels tout un travail de sensibilisation sur le bon usage du train est à faire", estime Isabelle Camillerapp. L'idée serait même dans un futur proche de pouvoir proposer aux voyageurs un acheminement "porte-à-porte". C'est tout l'objet du projet en phase de démarrage du "bouton j'y vais". Un outil de navigation capable de proposer au voyageur un mix des offres privées et publiques existantes pour arriver jusque chez soi. "La SNCF se plaît à expérimenter en Bretagne. C'est le territoire le plus en avance en matière de gestion mixte entre le monde du tourisme et de la mobilité. BreizhGo en est la parfaite illustration. Cet outil est interopérable avec tous ceux déployés par la SNCF".

Autre cible à l'étude, les touristes d'Amérique du nord ou d'Asie. Une délégation de professionnels du tourisme canadiens sera accueillie au moment du départ de la Route du Rhum afin de découvrir la région. Les acteurs économiques réfléchissent aussi au marché chinois. "Il ne s'agit pas d'attirer des cars de touristes, comme peuvent le craindre certains, rassure la présidente du CRT. Nous aimerions toucher une clientèle familiale, dotée d'un certain pouvoir d'achat, qui vient en France pour Paris, la Côte d'Azur ou l'Alsace mais ne pense pas encore à la Bretagne."
 

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Simon Cohen

Jean-Paul Chapalain
Président de la CCIMBO-Morlaix et trésorier du CRT Bretagne

Parole d'élu

"Le tourisme représente près de 5 % des emplois en Bretagne. C’est un sujet sur lequel les CCI bretonnes sont mobilisées, notamment au travers de leur participation au Comité régional du tourisme, dont je suis trésorier. Les CCI accompagnent les entreprises du tourisme dans leur problématique de recrutement, via ses offres de formation. Mais nous nous engageons aussi sur la question des emplois saisonniers car l’hôtellerie-restauration peine à embaucher. Or, beaucoup d’entreprises de ce secteur pourraient embaucher à l’année si pendant les quatre mois d’hiver elles étaient exemptées de charges patronales. C’est une proposition sur laquelle nous travaillons.

Enfin, les CCI bretonnes encouragent leurs ressortissants du secteur touristique à miser sur un accueil le plus qualitatif possible. Il s’agit de tirer les infrastructures vers le haut tout en restant ouvert à tous les types de clientèles. C’est cela l’image de la Bretagne : une belle région, ouverte et responsable."



Le tourisme est un secteur d'activité majeure pour la Bretagne.
Il représente 8 % du PIB breton et 58.000 emplois, soit près de 5 % de l'emploi régional. Chaque année, il génère 7 Md€ de retombées économiques.

Cet été, la Bretagne devrait attirer au moins 5 % des Français ayant l'intention de partir en vacances, d'après une enquête du CRT.

Repères

Il existe près de 150 sites Internet touristiques bretons... Un projet de mutualisation devant aboutir à une seule et unique plateforme Web veut simplifier les choses. Baptisé eBreizh connexion, il est porté par le Comité régional du tourisme breton.

"Il s'agit de gagner en lisibilité et de faciliter l'organisation de leurs séjours pour les internautes, avant leur arrivée en Bretagne", résume Anne Gallo. Une fois sur place, les touristes qui voudraient faire des excursions ou des activités pourraient trouver les informations auprès des offices de tourisme ou sur cette plateforme Web.

L'idée est aussi d'intégrer des contenus utilisateurs (commentaires, recommandations, avis).