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Véronique Maignant et Maude Duval , le 05.05.2021

La Bretagne se prépare à accueillir des touristes avides de vacances et d’expériences

Le calendrier annoncé du déconfinement affole les réservations : les touristes devraient à nouveau privilégier la Bretagne, son littoral et ses arrière-pays, pour leurs pauses estivales. Les acteurs institutionnels et professionnels s’affairent à l’ouverture des hospitalités. Comme 2020, la saison 2021 s’annonce exceptionnelle, et devrait permettre à la Bretagne de renouer avec les taux de fréquentation atteints avant la crise. Reste une appréhension : les salariés et les saisonniers seront-ils au rendez-vous pour satisfaire une clientèle avide de services et de loisirs ?

Cette année, nous accueillons le Tour de France. Depuis quatre ans, la fréquentation des véloroutes et les voies vertes ne cessent d’augmenter", explique Audrey Legardeur, Directrice du CRT Bretagne
CRT Bretagne - Simon Bourcier
Cette année, nous accueillons le Tour de France. Depuis quatre ans, la fréquentation des véloroutes et les voies vertes ne cessent d’augmenter", explique Audrey Legardeur, Directrice du CRT Bretagne

Le tourisme en Bretagne, « avant la Covid-19 », c’est près de 13 millions de touristes, 100 millions de nuitées, 58 000 emplois directs et indirects et 6,6 milliards d’euros de retombées économiques soit environ 8% du PIB régional. « Malgré ce que nous avons pu entendre ici et là, l’embellie estivale n'aura pas suffi. En 2020, nous avons enregistré une baisse de la fréquentation touristique de - 22 % sur l’ensemble de l’année et – 6% sur les mois de juillet et août. La Bretagne a perdu 22 millions de nuitées quel que soit le mode d'hébergement ou la provenance des visiteurs. Les pertes pour la filière sont comprises entre 1,5 milliard et 1,8 milliard d'euros. », indique Audrey Legardeur, directrice du CRT Bretagne.

 

83% de la clientèle est française

Cependant, en 2020, la région a su rebondir et a enregistré des chiffres bien meilleurs que la moyenne nationale, grâce notamment à la clientèle française qui a privilégié les vacances sur le territoire national plutôt que les traditionnelles destinations exotiques. Le même scénario pourrait se répéter en 2021, en raison de l’incertitude qui plane une nouvelle fois sur les voyages à l’international.

Les professionnels le sondent d’ores et déjà. « Chaque prise de parole du gouvernement qui a trait au déconfinement engendre un flot de réservations », rapporte la directrice du CRT. Quand la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé fin avril l’ouverture « sans conditions » des séjours aux Américains vaccinés, « nous avons aussitôt enregistré des réservations venues d’outre-Atlantique pour cet été en Bretagne », relaie Audrey Legardeur. La tendance est d’autant plus amplifiée chez les touristes européens et surtout nationaux qui organisent également leurs vacances d’été par ici. En Bretagne, 83 % de la clientèle touristique est française et parmi elle, 30% bretonne. Les Franciliens arrivent en deuxième position, suivis des visiteurs des régions Hauts-de-France et Rhône-Alpes. 

 

La prévision d’une consommation dite  revanche

Après la frustration de consommation due à plusieurs mois de fermeture des commerces de proximité et des établissements de loisirs, les acteurs institutionnels et professionnels du tourisme en Bretagne prévoient accueillir une vague de vacanciers avides de services et de prestations. « On s’attend à vivre un phénomène dit de consommation revanche », anticipe la directrice du CRT Bretagne. A savoir que les vacanciers devraient avoir un appétit aiguisé voire vorace à retrouver des plaisirs et des besoins de consommation. « Il faut se préparer à une forte demande et s’assurer que l’offre sera bien en adéquation », soulignent plusieurs acteurs confrontés à un (autre) problème conjoncturel émergent : les recrutements.

 

Des hôteliers-restaurateurs en quête de salariés et saisonniers pour la réouverture !

Alors que la saison touristique se profile en Bretagne, les hôteliers-restaurateurs sont confrontés à une problématique urgente. Il faut remotiver le personnel et trouver des saisonniers, qui risquent de manquer à l'appel. « Avec la Covid-19, une pénurie de main d’œuvre se fait jour. Après plus d’un an d’arrêt d’activité, les salariés ont changé de mode de vie et pour certains de secteur d’activité.  Il faut remettre les gens au travail. C’est là tout le problème », constate Jean-Paul Chapalain, Président de la CCIMBO Morlaix.

Pour les saisonniers, alors que la période approche, notamment sur la côte, le contexte est particulièrement délicat. « Une grande majorité d’hôteliers avaient ouvert et embauché pour le week-end de Pâques. Après les annonces du Gouvernement, et l’instauration de la limite des 10 km, ils ont décidé de refermer dès le lundi. Ils essayent de les maintenir en chômage partiel jusqu’au 15 mai mais certains quittent le métier et se sont déjà orientés vers des CDD dans l'agriculture ou l'agro-alimentaire, après avoir vu leurs promesses d'embauches reportées à plusieurs reprises. »

En Bretagne, le calendrier tant attendu est enfin tombé ! Ce jeudi 29 avril Emmanuel Macron a détaillé les quatre étapes qui vont jalonner le retour à la normale dans le pays. Ainsi le 19 mai, les restaurateurs pourront rouvrir leurs commerces, avec un couvre-feu à 21 heures, et dans la limite de six personnes par table. La profession attendait avec impatience la validation de cette promesse car les trésoreries sont mises à mal après des mois de fermeture. L'UMIH Bretagne (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) martèle qu'il faut être prêt pour la réouverture et ne cache pas l'angoisse de ses adhérents.

 

La restauration en mal de main d’oeuvre

« Le gouvernement nous a écoutés, parce que c'était vraiment essentiel d'avoir au moins trois semaines entre les annonces de réouverture et la date choisie. Nous pourrons à nouveau accueillir des clients le 19 mai, du moins en terrasse, dans deux semaines. Le délai reste court, il faut s'organiser. On attend encore des précisions sur les modalités d'ouverture : quelles terrasses seront autorisées, les patios aussi, ou encore quel protocole sanitaire ? On souhaitait la mise en place d’une jauge intérieure car toutes les régions n’ont pas les mêmes conditions climatiques. Il faudra attendre le 9 juin. On espère également ouvrir avec le protocole de septembre 2020 et ajouter si nécessaire un QR code à scanner à l’entrée des restaurants", explique Dominique Spenlehauer, Président de l'Umih des Côtes-d’Armor. Un système qui pourrait d’ailleurs s’avérer plus efficace que les mesures prises avant la fermeture des restaurants, à savoir laisser ses coordonnées dans un carnet de rappel pour tracer les contaminations au Covid-19.

En Bretagne, le secteur hôtelier, café, restaurant, représente 10 000 établissements et 45 000 salariés hors saison, soit 10 % des emplois de la région. Dominique Spenlehauer chiffre à 15 000 le nombre de postes à pourvoir pour les saisonniers dès le mois de mai dans les bars-restaurants et à 10 000 en hébergement. Y aura-t-il assez de main d’œuvre ? "C'est compliqué", rajoute-t-il. Nous comptons entre autres sur Pôle emploi pour relayer nos offres. »

Les propriétaires et gérants de campings rencontrent la même problématique. En Bretagne, 700 structures proposent ce mode d’hébergement. « Le secteur emploie 5 000 salariés dont 3500 saisonniers », compte Nicolas Dayot, président de l’Union bretonne de l’hôtellerie de plein air et nouvellement réélu président de la Fédération nationale. Les postes ouverts en restauration ont cette année du mal à trouver preneurs.

 

La saison est lancée pour l’hôtellerie de plein air

Ouverts depuis le début de l’année, les campings se remplissent significativement depuis le 3 mai et la levée de la limitation des déplacements. Seul ombre au tableau : la fermeture des piscines qui pourrait devenir pénalisante si elle persistait. Selon Nicolas Dayot, 60% des touristes pourraient remettre en cause leur séjour en camping si l’accès aux piscines restait interdit. « On espère obtenir leur réouverture pour la fin mai, même sous conditions. Le protocole sanitaire appliqué à l’été 2020 a prouvé son efficacité », plaide le représentant des hôteliers de plein air.

Chaque année, 12 millions de nuitées sous tente, caravane, mobil-home et autre hébergement insolite sont enregistrées en Bretagne. En 2020, l’hôtellerie de plein air a également enregistré une baisse de 20% de son chiffre d’affaires. Pour autant, ce secteur qui reste le mode d’hébergement des vacances privilégié en France, est aussi celui qui a le moins souffert à l’échelle de l’Europe. « Nous pouvons compter sur une clientèle domestique qui sauve les meubles. Elle représente 2/3 de nos usagers ; et encore plus en Bretagne où les locaux ont une propension encore plus marquée qu’ailleurs à partir en vacances dans leur propre région », constate Nicolas Dayot.

En 2020, le camping a également attiré une nouvelle clientèle. « Dans ce contexte de pandémie, nous cochons toutes les cases entre le plein air, les grands espaces, la distanciation entre les emplacements… » De nouvelles tendances viennent renforcer l’offre. « Les sanitaires individuels font leur apparition avec l’installation d’unités mobiles sur les emplacements », explique le président de la fédération nationale. Le développement des services numériques a également été exponentiel au cours des 12 derniers mois, et facilite notamment les modalités de réservation, véritable enjeu en ce début de saison.

 

Des outils au service des professionnels

Afin de mieux identifier l’origine de ces visiteurs et suivre au plus près la fréquentation touristique, le CRT a investi dans Flux vision, une offre « Big Data » proposé par Orange. « Nous allons ainsi récupérer les données émises par les cartes SIM des clients. Ces données distinguent les clients français et les étrangers. L'analyse des signaux nous sera livrée au bout de 72 heures seulement », précise Charlotte Le Thiec, directrice adjointe, en charge de la promotion. Ces informations, totalement anonymes, permettront au CRT d’améliorer sa connaissance des parcours clients, d’ajuster ses stratégies marketing et commerciales et ainsi mieux soutenir les professionnels du tourisme. Ces derniers se sont vus proposés un certain nombre d’outils ou de services. Comme la présence gratuite sur le site tourismebretagne.com, l’accès gratuit à ELLOHA pour mettre en place de la réservation en ligne ou encore l’accès gratuit à FaireGuest pour suivre sa réputation en ligne.

 

Un tourisme authentique et de partage

« Malgré la crise, beaucoup de choses changent et des opportunités émergent, reprend Audrey Legardeur. Avec ses 2700 km de côtes et ses 522 plages, la diversité de ses paysages et des activités liées, son patrimoine et ses savoir-faire, la Bretagne jour la carte de la réassurance. Nous proposons une offre à taille humaine : ce qui a pu nous desservir un temps devient notre ADN et garantit notre succès. La Bretagne est alignée avec toutes les aspirations du moment », enchérit la professionnelle du tourisme qui se dit confiante et optimiste pour la saison qui s’ouvre.

« Cette année, nous accueillons le Tour de France. Depuis quatre ans, la fréquentation des véloroutes et les voies vertes ne cessent d’augmenter. Entre avril et septembre, il y a eu 1,2 million de passages (+9% par rapport à 2019). De plus en plus de gens sont attirés par le canal de Nantes à Brest. Nous constatons aussi le renforcement d’un tourisme authentique et de partage ; un tourisme dit durable qui privilégie les découvertes qu’elles soient patrimoniales, artisanales, expérimentales… Les visites d’entreprises ont le vent en poupe tout comme les micro-aventures à travers la nature. » Et pour cela, la Bretagne offre un terrain de jeu illimité.

Les CCI : un réseau d'appui aux  acteurs du Tourime

Vos contacts aux quatre coins de la Bretagne

CCI 22 : Marie-Chritine Favennec - marie-christine.favennec@cotesdarmor.cci.fr

CCI 29 : Marie Léost (Morlaix) - Marie.leost@bretagne-ouest.cci.bzh ; Delphine Lequin (Brest) - Delphine.lequin@bretagne-ouest.cci.bzh

CCI 35 : Bénédicte Vivien -BVivien@ille-et-vilaine.cci.fr

 

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