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Véronique Maignant, le 26.03.2019

Commerce de proximité : comment saisir sa chance avec le numérique ?

Le temps du savoir acheter au bon prix, de se constituer un stock qui corresponde à la demande est révolu. Désormais, le commerçant propose à ses clients, par le biais d'un site internet, individuel ou collectif, un accès à ses produits ou services en lui garantissant si nécessaire la livraison, l'installation et mieux encore le service après-vente. Avec le numérique, les commerçants changent de métier. Sont-ils tous prêts à le faire ? Pour les aider à passer ce cap, les chambres de commerce et d’industrie bretonnes proposent un ensemble d’atelier numériques et de formations.

Aujourd’hui, en France, 80% des achats non alimentaires démarrent par Internet. On va d’abord faire son shopping sur la boutique virtuelle avant de mettre les pieds dans le magasin physique.
GPO
Aujourd’hui, en France, 80% des achats non alimentaires démarrent par Internet. On va d’abord faire son shopping sur la boutique virtuelle avant de mettre les pieds dans le magasin physique.

Aujourd'hui, en France, 80% des achats non alimentaires démarrent par Internet. On va d'abord faire son shopping sur la boutique virtuelle avant de mettre les pieds dans le magasin physique. Pour David Lestoux, spécialiste des questions numériques et de commerce de centre-ville, fondateur du cabinet qui porte son nom à Lamballe (22), le multicanal devient à la fois une concurrence et un formidable moteur de fréquentation pour le commerce physique.

Identifier ses besoins en numérique

"Les commerçants doivent absolument appréhender Internet comme une opportunité". Tout l'enjeu consiste à bien définir leurs besoins et trouver celui qui sera le mieux adapté à son activité : "Les besoins en numérique des cafés-restaurants passent par la valorisation de leur menus et un système de réservation performant. Les commerces en équipement de la personne doivent en priorité développer leurs ventes en ligne et faire en sorte que leurs clients vivent une expérience shopping telle, qu'ils seront enclins à la partager via leurs réseaux sociaux. Chaque client doit potentiellement devenir un influenceur. Le secteur alimentaire a prioritairement besoin d'un système de commande en ligne relié à un service de livraison, etc."

>> Lire le témoignage de Géraldine Scardin, à Lorient

Plusieurs niveaux de numériques

En fonction de ces besoins très divers, il existe, selon David Lestoux, plusieurs solutions. A chacune d'entre elles correspond un niveau de numérique. Le premier d'entre eux est le "numérique individuel" : chaque commerçant gère son site.

Vient ensuite le numérique collectif du commerçant : il globalise l'offre de plusieurs d'entre eux sur un même site. "Ces solutions sont destinées à leur simplifier la vie. Ce sont typiquement les marketplaces. En France, on constate qu'elles ont encore du mal à trouver leur place".

Le troisième niveau est le numérique collectif de centre-ville. "Il propose, sur un même site, l'offre des différents commerces et les services de la ville liés à la dynamique commerciale comme les places de stationnement disponibles, les menus du jour des restaurants ou encore les séances de cinéma". Enfin un quatrième niveau est le numérique d'identification des flux à même de mesurer la fréquentation.

Une transformation rapide s'impose

Cette course vers plus d'e-commerce et de phygital implique davantage d'investissement, la maîtrise des nouvelles technologies et une capacité à transformer très rapidement son entreprise : compliqué pour les commerçants, surtout pour les plus petits. "Pourtant, la vitesse d'exécution de cette transformation digitale est essentielle pour être rentable, souligne Renald Lelièvre, conseiller entreprise à la CCI des Côtes-d'Armor, chargé du numérique. Le ticket d'entrée pour un site web se situe entre 5.000 et 6.000 €. C'est élevé pour un commerce de proximité, surtout que rien ne certifie qu'il générera des ventes." Malgré tout, le site web devient un standard. La frontière entre le magasin physique et le site web n'existe plus.

>> Lire le témoignage de Bagages & Compagnie, maroquinerie de Landivisiau

Définir sa stratégie, se former aux outils

Google My Business l'a bien compris et invite les commerçants à activer et mettre à jour leur profil de manière à apparaître sur Google Maps et dans le moteur de recherche. L'outil est devenu incontournable pour accroître sa visibilité et son référencement. "C'est gratuit, précise Mélanie Morin, chargée de Google Atelier à Rennes. Surtout, si vous ne prenez pas la main, n'importe qui peut le faire à votre place. Autre intérêt, vous pouvez gérer les heures d'ouverture, les avis clients et même créer votre mini-site Internet". Depuis son ouverture en juin 2018, l'Atelier Google de Rennes accueillent environ 600 personnes par semaine. "L'Union du commerce et le Carré rennais nous aident à informer leurs adhérents sur le programme des ateliers et conférences". Parmi ces derniers, tous ceux en lien avec le référencement, les réseaux sociaux ou encore la stratégie de contenus rencontrent un vif succès". Il y a une vraie prise de conscience des commerçants des bénéfices du "click and collect".

"Il faut dans un premier temps utiliser des outils gratuits de localisation, préconise de son côté Morgane Geffroy, conseillère entreprise chargée du programme numérique SoluTIC à la CCI métropolitaine Bretagne ouest.  Ensuite, réfléchir à sa stratégie commerciale et aux actions à mettre en place sur les réseaux sociaux en fonction de sa cible.Les clubs e-commerce ou les ateliers gratuits (dont certains en partenariat avec Google Ateliers) proposés par les CCI bretonnes permettent aux commerçants bretons de se sensibiliser au Web et à ses nouveaux outils. "Pour approfondir et se perfectionner, la CCI propose plusieurs formations", indique Morgane Geffroy.

 

>>Lire le témoignage de Maison Simon à Rennes, spécialisée dans les arts de la table

L'avènement du web-to-store

Un site web ne règle pas à lui seul le problème de la visibilité. La tendance est à la communication par la marque et les produits, le web-to-store s'intensifie. "De plus en plus de commerçants misent sur Instagram pour générer du trafic en boutique et renouveler leur clientèle. C'est particulièrement vrai pour les plus jeunes d'entre eux", poursuit Rénald Lelièvre. Par contre les tablettes dans les magasins ne sont pas encore légion. "Une majorité de commerçants n'est pas encore entrée dans une logique de produit-prix. Ils ont encore trop tendance à partir du postulat que tout le monde les connait".

>>Lire le témoignage d'Idylle Chaussures à Saint-Brieuc

Ne pas perdre de vue les fondamentaux

"Les défis d'aujourd'hui sont les mêmes que ceux d'hier pour les petits commerces : arriver à capter de nouveaux clients et les fidéliser. Les petits commerçants cherchent à élargir leur clientèle, à augmenter leur chiffre d'affaires et à doper le montant du panier moyen", indique Gille Blanshong, président de la commission appui aux entreprises et aux territoires à la CCI Bretagne. Les nouvelles technologies s'emparent du commerce mais beaucoup de start-up proposent encore des abonnements SaaS à petit prix pour une petite valeur ajoutée.
 
Et c'est là le cœur du problème pour les petits commerçants : impossible pour eux de se doter d'une multitude de solutions, dont chacune répondrait à une problématique bien précise. Mais difficile également d'envisager s'offrir des solutions plus complètes et souvent très chères. Ils doivent donc, avant tout, bien définir leurs besoins et prendre le temps de rédiger leur propre cahier des charges avant d'investir dans un site Internet qu'il soit individuel ou partagé.

La conversion du commerce aux nouvelles valeurs numériques ne doit pas leur faire perdre de vue les fondamentaux. Les vidéos et les photos postées sur les réseaux sociaux attirent indéniablement le client. Mais un magasin irréprochable et des vendeurs exemplaires le retiennent et le font revenir.

Gilles Blanschong

Gilles Blanschong
Président de la commission appui aux entreprises et aux territoires à la CCI Bretagne.

Parole d'élu

"Le digital touche tous les métiers, celui de commerçant tout particulièrement. Le comportement du consommateur a radicalement changé. Les commerçants qui n'ont pas de visibilité sur le net sont amenés à disparaître. Mais avant de se lancer, il faut se demander quel est le service que l'on va vraiment apporter au client. Ensuite, il faut désigner une personne en interne qui prend en charge la transformation. S'entourer de prestataires extérieurs est également nécessaire… C'est le travail des CCI d'accompagner ces changements et d'aider les commerçants à saisir les nouvelles opportunités que propose le digital. En Bretagne, les conseillers entreprise des CCI organisent à rythme régulier des ateliers numériques. De même, des diagnostics numériques sont organisés chez les commerçants suivis dans la foulée de préconisations et de solutions. Enfin, différents modules de formation sont proposés, en partenariat avec des acteurs locaux du numérique. Cet accompagnement est indispensable pour la réussite de leur projet digital et aussi pour l'appropriation de la transformation globale par le personnel."



789 M€

C'est le montant dépensé par les ménages bretons sur Internet. En 2017, la part du e-commerce dans les dépenses de consommation non alimentaire des ménages bretons s'élève à 8,6% et a augmenté de plus de 3 points par rapport à 2013. Autrement dit lorsque les ménages bretons ont 100€ à dépenser pour des produits non alimentaires, ils dépensent 8,6€ via le e-commerce.

Source : Panorama du commerce de détail en Bretagne

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