Marlène Piasco, le 02.11.2020
CCF au fil de l’eau : une plus grande reconnaissance du passage en entreprise
Fini le traditionnel oral de fin de cursus pour valider une formation en alternance. Depuis l’an dernier, les élèves apprentis de la Faculté des métiers, centre de formation des apprentis (CFA) de la CCI Ille-et-Vilaine, bénéficient d’un nouveau dispositif d’évaluation : le Contrôle en Cours de Formation (CCF) au fil de l’eau. Double objectif de ce CCF : permettre aux jeunes de se positionner en véritable acteur dans leur apprentissage et surtout donner une place plus importante aux entreprises qui les accompagnent.

« Avec ce changement de référentiel, les diplômes ont été bouleversés. Auparavant, l’élève était évalué uniquement sur ses connaissances théoriques. Désormais, la partie pratique est plus valorisée » explique Armelle Steib, responsable du Pôle Commerce –Tertiaire sur le site de Saint- Jouan des Guérets. « Concrètement, le passage en entreprise est mieux pris en compte dans la validation du diplôme. Les compétences sont évaluées et validées au fur et à mesure qu’elles sont mises en application au sein de l’entreprise. L’idée est vraiment de passer de la théorie à la pratique de manière optimale pour tout le monde. »
Un dispositif flexible
Pour cela, les outils de suivi ont été révisés et une plate-forme numérique interactive est désormais à disposition des tuteurs. Un changement qui nécessite une nouvelle posture de la part des formateurs. « Beaucoup de pédagogie est en effet nécessaire car tout cela peut faire peur de prime abord aux tuteurs en entreprises. Parmi les questions qui reviennent le plus : vais-je avoir le temps ? Comment utiliser la plate-forme ? A quelle fréquence ? Nous échangeons beaucoup avec eux. Des réunions d’informations sont organisées. Des visites en entreprises sont assurées par les formateurs afin de faciliter ce nouvel accompagnement, précise Armelle Steib (en photo). De fait, la relation est plus étroite entre le CFA et l’entreprise qui accueille. »
Ainsi par exemple, parmi les 120 entreprises qui accueillent des jeunes en apprentissage dans le bassin malouin, toutes n’ont pas le même profil. « Dans le commerce, cela va de la boulangerie du village, à la supérette, en passant par la grande distribution, la distribution spécialisée… chaque cas est unique. Le CFA s’adapte à ce que l’entreprise peut mettre en en place dans l’apprentissage et la validation des compétences requises pour l’obtention du diplôme à la fin des deux années, qu’il soit en BTS, en Bac pro ou CAP »
Plus souple, générant moins de stress pour les jeunes, le CCF au fil de l’eau crée un pont entre le CFA, l’entreprise et les jeunes. « Tous les protagonistes sont plus en lien, dans une relation tripartite. Chacun peut faire connaitre ses attentes et ses contraintes. »
Formation des jeunes. Avec le CCF, les entreprises sont mises dans la boucle
Des jeunes plus responsables de leur cursus
« Avant le jeune était interrogé de façon ponctuelle. Il devait réaliser un dossier et passait un oral à la fin des deux ans d’apprentissage. Désormais, il est évalué de manière régulière et plus juste sur ses compétences. Ce qui est intéressant, c’est que sa marge de progression est également prise en compte. Cela va bien au-delà de la connaissance théorique. Que sait-il faire concrètement ? Comment l’a-t-il mis en œuvre dans l’entreprise ? De quelle manière ? Avec quel état d’esprit ? Autant de paramètres qui sont désormais mis dans la balance et ce sur toute la période de son apprentissage. C’est lui qui doit apporter la preuve de ce qu’il a initié au sein de son entreprise. Il devient de fait plus autonome mais aussi plus responsable. »
CCF : un dispositif à la carte pour des jeunes plus responsables de leur parcours
Du côté des jeunes, le nouveau système d’évaluation est plutôt bien accueilli. Même si, plus que le dispositif, c’est l’apprentissage en général qu’ils plébiscitent. « J’avais le choix de faire un BTS commerce en filière générale ou en alternance » explique Julie 19 ans. « Je n’ai pas hésité une seconde et je ne le regrette pas ! Je compte d’ailleurs poursuivre en licence pro l’année prochaine. »
Les premiers retours de ce nouveau mode d’évaluation seront tangibles dès la fin de cette année scolaire. Mis en place au niveau des BTS dès la rentrée 2018, il a été généralisé au CAP et Bac pro en septembre dernier. Un premier bilan pourra alors être tiré et des ajustements seront réalisés si nécessaire. « Il s’agit d’une période de mise en place. Comme toute nouvelle démarche, elle va être évaluée grâce aux retours réalisés par les formateurs qui sont en première ligne. Nous allons prendre en compte ce qui a fonctionné et, le cas échéant, nous ajusterons » conclut Armelle Steib.

Philippe Coirre
Vice-président CCI Ille-et-Vilaine
Parole d'élu
Dans un contexte très particulier qui a vu arriver une réforme structurelle de l’apprentissage, une crise sanitaire inédite et un plan de relance ambitieux en faveur de l’apprentissage, la rentrée en apprentissage s’annonçait complexe et imprévisible. Les premiers chiffres du ministère sont encourageants et montrent que les effectifs ont réussi à se maintenir malgré la crise. C’est une très bonne nouvelle !
A la Faculté des Métiers – CCI Ille et Vilaine, les chiffres ont même connu une progression sensible (environ 10%) avec près de 1 600 nouveaux apprenants accueillis en septembre sur les 65 formations proposées. On constate une progression des formations post bac en apprentissage notamment des BTS et des licences.
Au-delà des chiffres, on parle surtout de qualité en cette rentrée au cours de laquelle, la Faculté des Métiers lance de nouvelles modalités de suivi des alternants en entreprise afin de mieux valoriser le travail fait en entreprise dans l’obtention des diplômes préparés donnant toute sa place aux missions du maître d’apprentissage !