Jessica David est manager de commerce, au service de 18 communes situées au sud de l'Ille-et-Vilaine et regroupant 44 000 habitants. Recrutée il y a plus d’un an par Vallons de Haute Bretagne communauté, elle a pour principale mission d éviter la fermeture de commerces et renforcer l’attractivité commerciale. L’enjeu est de taille, alors que le territoire abrite quelque 300 commerces situés en zone rurale, répartis sur 500 km². Pour dresser un premier état des lieux et mesurer la vacance commerciale, la communauté de communes a choisi Viz’Up, un outil de data visualisation développé par le réseau des CCI bretonnes.
Son poste, Jessica David le doit en partie à la Banque des Territoires, bras armé du plan de relance en région qui vise à réduire les inégalités entre les territoires urbains et ruraux. Sur les 18 communes que compte Vallons de Haute Bretagne, trois sont des « petites villes demain » *. « C’est dans le cadre de ce programme que j’ai été recrutée et mon poste en partie financé pour un période de deux ans. Je travaille en lien étroit avec toute l’équipe du « deveco », soit 6 personnes en charge du développement touristique, des zones d’activités, de l’économie circulaire ou encore de la création d’entreprise ainsi que Justine Delaroche, cheffe de projet « petites villes de demain » sur les 3 communes . »
A la demande des élus, Jessica David a prioritairement mis sur pied une stratégie de développement commercial et rencontré avant cela tous les meilleurs experts terrains auprès des CCI, CMA, Région, communes…pour une analyse approfondie du territoire en particulier des trois bassins de vie reconnus « petites villes de demain ».
Des cellules trop petites et des commerçants à la moyenne d’âge élevée
« Beaucoup de locaux vides présentent des surfaces trop petites, environ 20 m². Difficiles de les faire matcher avec les attentes actuelles des porteurs de projets, « environ 70 m² et les normes en vigueur en particulier dans les commerces de bouche », explique-t-elle. Autre constat : « Certains propriétaires surestiment leur bien. Ils habitent souvent au-dessus et veulent le récupérer pour le transformer en habitation. Faut-il encore que leur demande soit conforme au PLU. Notre priorité aujourd’hui est de recentrer tous les commerces au sein d’une même rue. Pour ce faire, il faut un linéaire de protection commerciale. Toutes les communes n’en n’ont pas. On s’aperçoit aussi que certaines activités comme les pharmacies se déportent de plus en plus vers des maisons de santé ou que certaines activités manquent à l’appel. Cela ne fait qu’accélérer le phénomène d’évasion. » L’autre sujet qui inquiète les élus est la moyenne d’âge des commerçants. Sur le territoire des Vallons de Haute Bretagne, elle s’établit autour de 50 ans, « 30% ont même plus de 55 ans ». Tout l’enjeu pour Jessica David est d’aller à leur rencontre, échanger sur leurs projets et ainsi mieux anticiper leur départ en retraite. Avec les Conseillers des CCI et CMA, il lui faut aussi trouver des porteurs de projet et ainsi éviter que la vacance s’installe.
Viz’Up , une base de donnée de tous les commerces
Afin de comprendre et analyser la structure du tissu commercial du territoire et agir en conséquence, la manager de commerce s’est dotée d’un outil de data visualisation. « J’ai choisi Viz’Up, une plateforme de données développé par le réseau des CCI de Bretagne. Il me permet de visualiser l’implantation de chaque commerce sur une carte interactive à l’échelle d’un territoire, d’une commune voire même d’une rue. C’est un super outil ! Tous les locaux sont répertoriés et géolocalisés. Chaque typologie de commerce (boulangerie, fleuriste, restaurant…) est clairement identifiée par une couleur et à chaque radiation, liquidation ou difficulté d’entreprise, je reçois une alerte. Toutes les créations me sont transmises mensuellement, à moi de mettre à jour ma base. J’ai également intégré toutes les vacances. Aujourd’hui, je peux les visualiser en un clic, par commune. Pour mes élus, c’est très important. Petit à petit je vais qualifier chaque commerce, car l’outil est évolutif : historique du local, accompagnement Pass commerce, site Internet, chèque cadeaux… Dans les prochains mois, il sera beaucoup plus facile d’agir en cohérence sur tout le territoire et adapter le PLU si nécessaire. »
En un an, plus de créations-reprises que de fermetures
Ce travail de proximité porte déjà ses fruits : en un an, six commerces se sont maintenus et une douzaine de créations-reprises a vu le jour. Parmi ces dernières, on trouve une librairie, trois opticiens, une couturière, une vannerie, une coiffeuse, une épicerie fine, une sandwicherie, etc. « Nous avons plus de créations que de fermetures », se réjouit Jessica David. Sans compter que des porteurs de projets frappent à la porte. Depuis le Covid, les territoires ruraux attirent de nouveau. Des communes comme Guichen (8 000 habitants), reconnue « Petite ville de demain », manquent de logements. « La tendance est à la mixité avec de l’habitat aux étages et des commerces rez-de-chaussée. Dans certains cas il faut se battre pour garder une activité. Je pense par exemple à un photographe dans une de nos communes. Pour attirer un porteur de projet il a fallu trouver une salle de shooting de 2, 5 m de haut. On a trouvé une solution en louant une salle dans un bâtiment communal, mais ce n’est que du provisoire… Le métier est passionnant », conclut Jessica David.
Vallons de Haute Bretagne communauté
Découvrir Viz’Up – contact : guillaume.millau@bretagne.cci.fr
*Les trois Petites villes de demain : Guichen, Guipry-Messac et Val d’Anast.