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Métaux critiques. Breizh Ressources dans l’attente d’un avis du ministère de l’Industrie pour explorer le sous-sol breton

Alors que l’Europe consomme 20% des métaux critiques produits à l’échelle mondiale, elle n’en produit que 3% et certains pays comme France, aucun. C’est dans ce contexte et avec la volonté affichée de la France d’assurer son approvisionnement et réduire sa dépendance que l’entreprise Breizh Ressources (Lorient-56) a déposé, courant 2023, un permis exclusif de recherche (PER) en vue d’explorer le sous-sol de 20 communes au sud de la Bretagne et identifier et évaluer une vingtaine de métaux rares, pami lesquels l’antimoine, l’étain, le zinc ou encore l’or. Dans l’attente d’un avis du ministre de l'Industrie et alors que certains habitants ont monté un collectif pour s’opposer au projet, Guillaume Mamias, responsable RSE et Relations institutionnelles a détaillé les contours du projet, ce mardi 21 octobre 2025, à la presse.
V.Maignant
Guillaume Mamias, responsable RSE et Relations institutionnelles chez Breizh Ressources, entreprise créée en juillet 2023 à Lorient .

Zinc or, antimoine, étain, cuivre, argent …Au global ce sont une vingtaine de métaux dont certains considérés comme stratégiques ou rares que l’entreprise Breizh Ressources souhaiterait identifier dans le sous-sol Armoricain. Trois demandes de permis exclusifs de recherche ont été déposées dont une pour le projet « Taranis », couvrant un périmètre de 359,5 km² sur vingt communes à cheval entre le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique. L’Autorité environnementale s’est d’ores et déjà prononcée en faveur du projet , en émettant des recommandations afin que les sondages soient les plus éloignés possibles des habitations, des points de captage d’eau pour la consommation humaine et des zones humides. Aujourd’hui,  Breizh Ressources est dans l’attente du sésame du ministère pour démarrer les travaux. « Ce n’est plus qu’une question de semaines », précise Guillaume Mamias, géologue de formation, responsable RSE et Relations Institutionnelles chez Breizh Ressources.

Réaliser un inventaire

Téléphones, voitures électriques, ordinateurs … Toutes ces technologies du quotidien sont produites avec des métaux rares. « Il s’agit bien dans un premier temps de mesures exploratoires, peu intrusives, à savoir des études géologiques, des prospections en hélicoptères, des prélèvements ou encore des prospections géophysiques au sol, poursuit Guillaume Mamias.

« C’est un travail de longue haleine, il faut entre 15 et 20 ans pour certifier un gisement. Notre recherche est polymétallique. Notre mission est de réaliser un inventaire, connaitre le sous-sol de la région resté inexploré depuis les années 1980 et ainsi évaluer la possibilité de relocaliser certaines ressources critiques. Prenez l’exemple de l’antimoine, une métal critique retardataire de flamme utilisé dans les batteries, les retors d’éolienne ou encore dans les plaquettes de frein. La France en utilise chaque année 9 300 tonnes. En 1930, elle était le premier producteur au monde. Aujourd’hui nous dépendons à 80 % de la Chine. On est là pour trouver, pas pour exploiter ou extraire, mais moins de 5% des prospections dans le monde aboutissent à une exploitation minière », assène Guillaume Mamias.

En France, l’exploitation d’une mine, quand elle est autorisée par le ministère, relève d’une autre procédure et est assurée par des industriels, des majors comme Imerys ou Eramet.

Un projet à horizon 2040

Créée en juillet 2023 à Lorient (56), Breizh Ressource est une filiale détenue par le groupe Canadien Aurania cofondé par le Dr Kelth Barron, géologue, qui a notamment découvert le gisement de Fruta del Norte en Equateur (cuivre argent et zinc) et préside également Potentate Mining USA, second producteur mondial de saphirs. En France, un permis exclusif de recherche est valable cinq ans, renouvelable deux fois. . Si dans les semaines à venir, le projet Taranis obtenait un avis favorable du ministère, Breizh Ressources envisage d’investir entre 0,5 M€ et 3 M€ lors de la première phase de recherche (2025-2030), entre 5 et 25 M€ durant la seconde phase (2030-2035) et jusqu’à 70M€ pour la troisième et dernière phase (2035-2040). Ce qui nous amène à 2040. « À tous moments, au cours de chacune de ces différentes phases de recherche, on peut décider d’abandonner le projet », précise  Guillaume Mamias.

Explosion des besoins en métaux rares

Actuellement, Guillaume Mamias travaille avec la Chambre d’Agriculture. « On souhaite rédiger une convention qui encadre les demandes d’autorisation aux agriculteurs à sonder leurs terres. Terres agricoles, forêts : tout accès est conditionné à l’accord du propriétaire. »

En cas d’obtention du permis, Breizh Ressources a prévu la mise en place d’un comité éthique environnemental par projet (deux autres périmètres font l’objet de demandes similaires, l’un près de Lorient (projet Epona), l’autre entre Châteaubriand et Angers (projet Bélénos). « Il y aura également un comité éthique qui chapeautera l’ensemble des 3 projet. Nous sommes conscients que les collectivités locales et parties concernées doivent avoir un contrôle sur ces recherches. Je souhaiterais qu’on nous laisse mener nos travaux afin de prendre des décisions avec un avis éclairé. On est là pour qualifier un potentiel du sous-sol.

Avec la transition énergétique*, la demande de tous ces métaux rares explose (visuel ci-contre). J’entends et je comprends les craintes environnementales. Mais en même temps, je constate qu’on laisse des pays comme le Congo, où sont produit 70 % du cobalt indispensable à la fabrication de nos téléphones portables, exploiter des mines dans des condition sociales déplorables ? Les ressources minérales sont au cours des tension géopolitiques. En Europe, les industriels sont en train de revoir leur copie. L’exploitation de nouveaux gisements passera par un surcoût environnemental », conclut Guillaume Mamias.

*Les matériaux critiques : piliers invisibles de la transitions énergétiques par l’Ademe

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