Quand elles arrivent en fin de vie, 90% des menuiseries fabriquées en France partent à l’enfouissement. Face à ce constat, les deux premiers fabricants de menuiseries en Bretagne, Atlantem Industrie et Fenêtréa s’associent et créent Menrec, basée à Saint-Allouestre dans le Morbihan. Cette première structure en France, dédiée au recyclage des menuiseries en fin de vie, intègre aussi Riou Glass et le Groupe Bohelay, société de transport spécialisée dans la logistique. Menrec entend convaincre le plus grand nombre d’installateurs en Bretagne mais aussi en Mayenne, en Manche et en Loire Atlantique à utiliser ses services et ainsi réduire leur empreinte carbone.
C’est dans le train, il y a un an, au retour d’une réunion à Paris, que Dominique Lamballe, Président de Fenêtréa (56) et Bruno Cadudal, Directeur général d’Atlantem Industries (56) ont élaboré leur projet. Menrec s’inscrit dans les objectifs fixés par la Loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC). « 10 millions de menuiseries sont fabriquées chaque année en France, 1/3 pour le neuf, 2/3 pour la rénovation. 90 % d’entre elles partent à l’enfouissement dans des carrières, en particulier celles en bois (100%) et en PVC (80%). L’aluminium est généralement réutilisé. Ce n’est plus acceptable, soulignent les deux dirigeants. Une fenêtre en fin de vie est une source importante de nouvelles matières premières et d’économie de carbone ». Atlantem produit, chaque année, 130 000 menuiseries, Fenêtréa, 180 000.
Projet collaboratif
Afin de créer une structure solide, les deux Bretons ont intégré deux autres entreprises familiales aux compétences complémentaires : Riou Glas (Fougères-35), leader français indépendant du vitrage. « Aujourd’hui, explique Pierre Riou, Président du Conseil de surveillance, nos feuilles de verre intègrent 35 % de calcin, nous souhaitons augmenter cette part. Menrec doit pouvoir nous permettre de répondre à un besoin complémentaire qui est celui du recyclage du verre « consommé ». La pérennité de nos activités passe aussi par ce type de partenariat ». Le 4ème associé est le Groupe Bohelay (Baud-56), société de transport spécialisée dans la logistique du recyclage qui dispose d’une plateforme de 9,5 ha à Saint-Allouestre où se situe le siège et l’unité de démantèlement de Menrec. « C’est une situation géographique centrale pour la collecte dans le Grand Ouest », souligne Adrien Bohelay, président de Menrec, créée le 4 décembre dernier. Celle-ci est une SAS indépendante détenue à parts égales par les quatre co-fondateurs. Elle a pour ambition de devenir une entreprise à mission. L’activité débutera au 1er mars 2021. L’organisation prévoit le recrutement de dix collaborateurs à horizon fin 2021. Elle s’adresse aux installateurs de Bretagne mais aussi des départements limitrophes, Loire Atlantique, Mayenne et Manche.
5 000 installateurs potentiellement intéressés par la démarche
Menrec propose à chaque installateur, ils sont environ 5 000 sur le Grand ouest, une solution clé en main en matière de collecte et de démantèlement de menuiseries en fin de vie, sans surcoût par rapport à la situation actuelle. « A la fin de chaque année, il se verra délivrer une attestation d’économie de carbone prouvant le nombre de menuiseries enlevées qui sont ensuite rentrées dans un dispositif d’économie circulaire. C’est une formidable façon de valoriser son engagement responsable auprès de ses clients », poursuivent les deux dirigeants. Menrec met à disposition des installateurs (artisans, menuisiers, réseaux de fenêtriers…), un rack ou une benne spécifiquement créés par l’entreprise. « Dans un premier temps, nous allons installer 200 à 300 racks et bennes sur le grand-Ouest ». Coût de l’investissement : 500 000 euros. Lorsque le contenant est plein, le professionnel en informe les équipes de Menrec via le site Internet. « La démarche est ainsi simplifiée, il n’y a pas de tri à effectuer en amont », explique Adrien Bohelay.
Un camion plateau avec chariot embarqué effectuera une tournée pour collecter les racks et les bennes. Les déchets seront ensuite acheminés vers l’unité de démantèlement qui dissocie le PVC, l’aluminium, le bois et le vitrage, stockés sur une plateforme de 1 000 m², avant d’être démantelés puis envoyés dans les centres de recyclage spécialisés. « Notre objectif est de les réintroduire dans de nouveaux process de fabrication au sein de nos propres sites de production », concluent Dominique Lamballe et Bruno Cadudal.