
Les yeux rivés sur les systèmes météo, Sébastien Musset voudrait espérer que l’été arrive enfin… mais dehors, il bruine encore. « Plus que la pluie, c’est l’annonce de la pluie qui douche la venue des visiteurs. Une journée comme aujourd’hui, on va faire 300 entrées au lieu des 1500 habituelles en été, qui nous garantissent un fonctionnement à l’équilibre« , explique le fondateur et directeur des Terres de Nataé, parc animalier de Bretagne axé sur la protection des espèces les plus menacées.
Ouvert en juin 2022, après la liquidation du zoo de Pont-Scorff, le refuge Les Terres de Nataé s’est refait une beauté et une santé* qui le hissent, en moins de deux ans, parmi les sites de préservation animale reconnus par les programmes de coordination internationale. « Nous sommes reconnus pour l’exemplarité des soins et des conditions de vie apportés aux animaux, et comptons, à cet effet, parmi les rares parcs au monde qui accueillent un couple de panthère nébuleuse pour la reproduction », se réjouit Sébastien Musset qui en deux ans à peine, a réussi à (re)gagner la confiance des investisseurs et des visiteurs qui franchissent le portail et passent une journée mémorable, à la découverte des 120 espèces hébergées.
« On a besoin que l’été se lance ! »
Ce qui le réjouit moins, en cette mi-juillet, c’est la météo en berne (-50% d’ensoleillement depuis le début de l’été) et la fréquentation qui suit : une relation de cause à effet direct et palpable au quotidien. « 300 visiteurs au lieu de 1500, c’est une perte sèche de 40 000 euros ! On a besoin que l’été se lance et avec lui, que les gens reviennent », supplie le directeur qui place son espoir sur août, mois qui représente 1/4 de la fréquentation annuelle du parc.
Avec son équipe (47 soigneurs, vétérinaires, paysagistes et/ou techniciens de maintenance), ils se relèvent à peine de la tempête Ciaran, qui a soufflé en novembre dernier et occasionné 500 000 euros de dégâts dans le parc animalier. « L’envie de tout envoyer balader et la chance d’être très soutenus, notamment par une cagnotte en ligne et ces centaines de personnes venues nous aider à nettoyer le parc juste après Ciaran« , rappelle Sébastien Musset.
L’émotion et le plébiscite battent également à l’unisson quand le parc organise des événements, comme les Animaux de lumière, exposition spectaculaire proposée en fin d’année, ou quand il annonce la naissance de nouveaux animaux, comme l’arrivée récente de quatre bébés pandas roux, une espèce classée « en danger » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. L’adhésion du public est immédiate à chaque évolution de la population des Terres de Nataé. « C’est le fruit d’un travail énorme mené par les équipes des Terres de Nataé, mais aussi d’une véritable collaboration avec tous nos visiteurs qui rendent ce projet possible », soutient Sébastien Musset, qui espère atteindre les 175 000 entrées payantes cette année : le seuil pour pouvoir perpétuer les échanges avec les associations de préservation d’espèces animales menacées, et assurer les investissements nécessaires au bon développement du parc.
Un projet d’extension
A ce chapitre, Sébastien Musset et ses associés (huit personnes) prévoient l’extension du parc sur 20 hectares contigus. Soumis à enquête publique, ce projet pourrait aboutir d’ici la fin de l’année. « Cet agrandissement est nécessaire pour garantir l’espace vital des espèces protégées, comme les girafes qui passeraient d’un enclos de 5000 m² à deux hectares, ou bien l’hippopotame Habari qui pourrait être accompagné d’une femelle s’il évoluait dans un espace approprié. L’agrandissement du parc nous garantit sa survie, et un levier favorable pour recréer des conditions de vie de ces espèces sauvages les plus proches de la nature. Leur bien-être reste notre priorité. »
*Lors de sa réhabilitation, 6.8 millions d’euros ont été investis dont 600 000 euros de canalisations pour le raccordement des eaux usées issues du fonctionnement des infrastructures humaines. « Tout est désormais connecté aux réseaux d’assainissement, sauf bien sûr les déjections animales qui sont collectées pour être épandues », tient à préciser Sébastien Musset.