Si la conjoncture a résisté en 2022, l’année à venir s’annonce beaucoup plus périlleuse. Tour d’horizon avec Jean-Philippe Crocq , président de la CCI Ille-et-Vilaine, des principaux sujets d’actualité qui impactent les entreprises du département : guichet unique des formalités, inflation, coût de l’énergie et dégradations de certains commerces rennais en marge de la manifestation du 19 janvier dernier.
L’activité devait s’arrêter le 31 décembre 2022 pour les CCI. Au final, devant les difficultés rencontrées par l’INPI dans le déploiement de son guichet unique dématérialisé, le Centre des Formalités des Entreprises (CFE) de la CCI Ille-et-Vilaine ne désemplit pas et se voit même obligé de redéployer des ressources. Ses missions vont de l’immatriculation d’une entreprise, à la prise en compte de certains changements (déménagement, nouveau statut, nouvelle activité…) jusqu’à la radiation. « En cas d’impossibilité de mettre à jour ces formalités , les conséquences peuvent être dramatiques. C’est pourquoi, nous avons été mandatés par le Gouvernement pour continuer à accompagner les entreprises durant cette phase de rodage du guichet unique. »
Pour autant, la CCI Ille-et-Vilaine, comme les autres CCI, n’a pas la main sur la plateforme gérée par l’INPI. L’équipe a dû réactiver ses propres outils. « Via notre logiciel métier et si nous prenons les formalités dès le démarrage du processus d’enregistrement, on y arrive, indique Corinne Saura, Directrice Relation clients Formalités. Cependant, ça nous prend plus de temps : environ 1 heure contre 15 minutes en moyenne auparavant. » Résultat, sur la même période, du 1er au 24 janvier, le CFE de la CCI Ille-et-Vilaine a traité 105 dossiers en 2023 contre 308 en 2022.
Soutien aux commerçants rennais
Autre sujet d’actualité pour le président de la CCI Ille-et-Vilaine : la dégradation de certains commerces en marge de la manifestation contre la réforme des retraites, le 19 janvier dernier. « Je m’indigne de voir ces dégradations dans le centre de ville de Rennes. L’impact matériel mais plus encore le traumatisme subi par certains personnels est inadmissible. Faire grève est un droit, celui d’exercer son travail en est un autre. Par conséquent, et en perspectives de nouvelles manifestations, nous nous devons de soutenir les commerçants. Nous réfléchissons, avec l’ensemble des acteurs (Rennes métropole, forces de l’ordre…) au déploiement de mesures pour les sécuriser et éviter qu’ils se sentent seuls. On peut manifester sans rendre la ville inaccessible. C’est d’autant plus préjudiciable que nous sommes en pleine période de soldes. »
L’inflation piège les entreprises dans un effet de ciseau
L’inflation s’est considérablement renforcée au cours de l’année 2022. L’augmentation du coût des approvisionnements, renforcée depuis juin par la crise énergétique, a dégradé la rentabilité des entreprises. Le solde d’opinion* pour la rentabilité atteint -34 points au 2e semestre 2022. En aval, l’inflation détériore le pouvoir d’achat des clients et pèse sur le chiffre d’affaires des entreprises (solde d’opinion à – 6 au 2e semestre 2022), dans l’incapacité de répercuter l’intégralité des hausses de charges sur le prix de vente. « C’est particulièrement net dans le commerce. L’inflation piège ainsi les entreprises dans un effet de ciseau, caractérisé par une hausse des charges et une baisse du chiffre d’affaires. »
Accélération de la hausse du coût de l’énergie
« Au 1er semestre 2023 , la hausse moyenne de la facture énergétique globale des entreprises interrogées ( un peu plus de 1 000 entre le 8 et 20 décembre 2022) est de + 68 %. Mais elle peut atteindre jusqu’à 900 %. Il y a six mois, cette hausse était de +42%. Aujourd’hui, ce qui rend la situation complexe est que chaque cas est différent. Il en existe autant qu’il y a de contrats. Clairement, la situation s’est dégradée et ce malgré les différents boucliers mis en place. A charge pour les CCI de faire remonter au gouvernement tous les trous dans la raquette », déclare le président de la CCI Ille -et-Vilaine. « Les industriels étant les plus impactés , nous allons mener prochainement une campagne d’appels auprès d’environ 300 d’entre eux. Il s’agit de bien appréhender chaque situation pour trouver au plus vite des solutions appropriées . »
Face à cette envolée du prix de l’énergie , 59 % des entreprises interrogées privilégient les mesures d’économie, en particulier sur le chauffage, pour faire baisser la facture. Elles sont aussi 62% à augmenter leur prix pour ne pas trop dégrader leur marge. Heureusement, très peu d’entre elles envisagent des fermetures de sites ( 4%) ou du chômage partiel (2%). « Cette crise énergétique, c’est un coup de tabac qui se rajoute aux difficultés d’approvisionnement et de recrutement rencontrées depuis maintenant plusieurs mois. Cependant, le système s’adapte et ne craque pas. »
Un numéro vert : 0805 484 484
Dans cet environnement économique agité, les CCI se doivent d’être encore plus présentes auprès des entreprises. Elles ont déployé un numéro vert unique . Au bout du fil, un opérateur prend en charge les chefs d’entreprise pour comprendre où ils en sont par rapport à leur contrat d’énergie et ensuite les aiguiller vers le bon dispositif. « Dans un second temps, s’ils le souhaitent , ils peuvent appeler leur CCI pour réaliser un diagnostic énergétique complet et mettre en place des solutions d’économie. Par ailleurs, nous avons réactiver la cellule d’urgence pour accompagner, si besoin les entreprises en très grande difficulté. », conclut Jean-Philippe Crocq.