Compétences

Internationalisation durable. Les patrons bretons témoignent

L’Open de l’International a une nouvelle fois réuni, ce 3 juillet à Saint-Brieuc,  près d’un millier d’entrepreneurs et décideurs économiques de Bretagne et d’ailleurs. Parmi eux : Vincent Faujour, président de Piriou (29), Jacques le Mancq, directeur général de Broadpeak (35), Sébastien Floc’h, directeur général de Sill Entreprises (29)  et Marc Capdeville, directeur général du site morbihannais de Baxter International . Grands témoins de la plénière organisée par Bretagne Commerce International (BCI), ils ont souligné la montée en puissance des enjeux sociétaux et environnementaux dans leur business model. Au cours de cette 11e édition de l’Open de l’International, près 800 rendez-vous B to B ont par ailleurs été organisés, preuve que malgré toutes les crises à répétition que nous traversons, les entreprises bretonnes poursuivent leurs ambitions.

de g à d : Vincent Faujour, président de Piriou (29), Jacques le Mancq, directeur général de Broadpeak (35), Sébastien Floc’h, directeur général de la Sill (29)  et Marc Capdeville, directeur général du site morbihannais de Baxter
Vincent Faujour, président de Piriou (29), Jacques le Mancq, directeur général de Broadpeak (35), Sébastien Floc’h, directeur général de la Sill (29) et Marc Capdeville, directeur général du site morbihannais de Baxter
« L’export et l’attractivité de la France sont indissociables. 30% des exportations françaises proviennent d’investissements internationaux et sont donc comptabilisés dans notre  balance commerciale, indique Laurent Saint-Martin, présent ce 3 juillet à l’Open de l’International. Le nouveau directeur de Business France est venu délivrer quelques messages à l’ensemble des élus et institutionnels bretons réunis pour l’occasion . « En 2022, nous avons dépassé les 145 000 entreprises exportatrices en France. On peut faire mieux. Pour ça, il faut aller sur le terrain. » Alors que le gouvernement  a lancé début 2021 la « Team France Invest », fédérant les acteurs publics (Régions, CCI , BPI …) autour de Business France, il a également rappelé qu’à l’international, « il était essentiel de se montrer sous une bannière unique pour mieux détecter et accompagner les projets d’investissements étrangers dans les territoires et faciliter leur installation grâce à des sites clé en main et des procédures simplifiées. »

Concernant le Plan France 2030 , il a ajouté,  « nous parions sur l’avenir dans des secteurs stratégiques tels que l’industrie verte, l’hydrogène, les énergies renouvelables et le nucléaire. Aujourd’hui, les États-Unis sont les premiers investisseurs (c’est vrai aussi en Bretagne). Ça veut dire que la France est vue comme un leader de la décarbonation et une porte d’entrée pour accéder au marché européen. »

 

Navires décarbonés : 10% du CA de Piriou

Piriou, le constructeur de navires  installé à Concarneau a démarré l’export dans les années 1990 avec un premier site à Tahiti. Une trentaine d’années plus tard, le groupe compte quatre autres sites, à l’Île Maurice, au Nigeria, au Vietnam et en Roumanie. « Au Nigeria, nous nous sommes installés en 2005, en pleine guerre. Nous y avons investi 50 millions d’euros à l’époque. Ensuite, en 2009, on s’est installé à Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam, pour construire des navires civils. Depuis que nous exportons, nous avons multiplié par trois les équipes en Bretagne. Preuve que l’international est salvateur. Si nous étions restés à Concarneau , nous ne serions plus là.» Aujourd’hui, le site finistérien emploie 600 salariés sur les 1 400 que compte le groupe.

Son principal défi est de contribuer à la décarbonation du transport maritime mondial qui représente environ 3% de l’ensemble des émissions de carbone dans le monde. Pour ce faire, le  groupe  travaille sur des nouveaux produits ,des navires à propulsion vélique et à propulsion hydrogène. « Nous avons 4 à 5 contrats importants en cours, avec Grain de Sail, Towt et Jean-Lou Etienne à qui nous venons de livrer le Persévérance, spécialement construit pour l’expédition Polar POD»  Piriou, fabrique par ailleurs à Concarneau une drague aspiratrice équipée d’une pile à hydrogène pour la Région Occitanie.  « Le corpus règlementaire n’existe pas encore. Nous travaillons dessus en parallèle. En 2022 et 2023, ces nouveaux navires entièrement décarbonés ou presque contribuent à 10% de notre chiffre d’affaires. », conclut Vincent Faujour, président de Piriou.

 

La Biomasse et la méthanisation : 60% du mix énergétique de  Sill Entreprises

Pour Sébastien Floc’h, Directeur général de Sill Entreprises (29), dès le lancement du projet de construction d’une première unité de production de lait infantile à Landivisiau,  le groupe a eu une vision internationale : « Quand vous investissez 100 millions d’euros, vous avez l’obligation de présenter un standard  industriel de niveau international. En quatre ans, nous avons doublé notre chiffre d’affaires à 610 millions d’euros et passés un certain nombre de crises. Tout d’abord,  le Covid, période durant laquelle nous avons développé un véritable esprit de solidarité entre les 9 sites.  Quotidiennement, chacun devait préparer des paniers pour les autres. Ensuite, la guerre en Ukraine. Elle nous a obligé  à repenser tout notre mix énergétique pour éviter de voir multiplier par 6 ou 7 notre facture énergétique. Nous avons dès lors misé sur  la biomasse et la méthanisation qui représentent  désormais 60% de notre mix énergétique. La facture a « seulement » été multipliée par 2 .»  Cependant, le directeur général met en garde : « un méthaniseur coûte entre 6 et 8 millions d’euros . Si nous voulons équiper l’ensemble de nos exploitations, faire en sorte qu’ils soient autosuffisants , reconstituer les talus, les haies et s’inscrire dans une logique d’économie circulaire, l’enjeu est véritablement collectif. »

 
Engagé dans les transitions, le groupe Sill  a entamé son bilan carbone depuis 4 ans. « On s’est aperçu que 80% de nos émissions de carbone venaient de nos exploitants agricoles ». Résultat : une équipe de 10 personnes est aujourd’hui en charge de collecter les données d’émissions de CO2 au sein de chaque exploitation, soit 600 au total. «  Dans  18 mois, nous aurons les résultats. Selon chaque bilan, nous devrons apporter une solution. » L’un des autres enjeux tient dans la gestion de l’eau. « L’objectif est de rendre autonome en eau notre usine historique. Comment ? En réutilisant les 90% d’eau contenus dans le lait que nous transformons. » Cette fois, la réponse est entre les mains du Gouvernement . Un  projet de décret levant les freins réglementaires à la réutilisation des eaux usées traitées (ReUse) est en cours.

 

L’engagement des équipes, essentiel pour Broadpeak et Baxter

De leur côté, les directeurs généraux du site de Baxter à Pluvigner (56) (anciennement Hill Rom) et de Broadpeak (35) ont témoigné de l’importance de l’engagement des équipes dans la réussite de leur entreprise.  430 personnes travaillent sur le site morbihannais où sont fabriqués des lits médicalisés. Ce dernier a été repris en 2021 par l’américain Baxter, fabricant de médicaments et produits médicaux. En 2010, 80% de son chiffre d’affaires était réalisé en France, 20% à l’international. « Quinze ans après, nous faisons 80% à l’international. Notre recette ? Ici en Bretagne, c’est vraiment la qualité des hommes et des femmes, qui font la différence au sein du groupe. La Bretagne est le centre du monde et nous y trouvons toutes les compétences pour  nous adapter à un univers de plus en plus réglementé et concurrentiel.  Nous menons tout un travail pour que chacun trouve un sens dans ce qu’il fait. », explique Marc Capdeville.

Pour Jacques Le Manc, dont l’entreprise Broadpeak est spécialisée dans le streaming vidéo, l’enjeu est aussi d’uniformiser l’ensemble des avantages sociaux à l’échelle du groupe. « Aux Etats-Unis par exemple, on essaye de mettre en place un 4e semaine de congés payés contre trois aujourd’hui. Le bien-être au travail fait partie de nos priorités. » L’entreprise, basée à Rennes, réalise , 96% de son CA à l’international et est implantée dans 123 pays. « 200 millions de personnes à travers le monde utilisent notre technologie. » Les deux entrepreneurs saluent EcoVadis un outil d’évaluation et de notation (de 0 à 100) de la RSE sur lequle ils s’appuient pour cahllenger leurs équipes. « L’organisme collecte les données relatives à l’environnement, aux droits humains, à l’éthique ou encore aux achats responsables. Chaque année, nous sommes évalués ce qui donne lieu à des scores compris entre 0 et 100.  On nous attribue alors des médailles (bronze, argent, or) et des plans d’action pour améliorer notre performance. Plus de 5 000 entreprises utilisent cet outil à travers le monde. »

Les entreprises bretonnes repartent à l’assaut de l’international , sur la base d’une enquête réalisée par BCI et CCI Bretagne

 

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