Un mariage, un baptême ou une alliance ? La construction d’Heuliad Environnement, à Elven (56), représente tout cela à la fois.
Une rencontre d’abord entre deux chefs d’entreprise engagés et bien ancrés dans leur secteur d’activité : Bénédicte Jézéquel, dirigeante du groupe Silvadec basé à Arzal et spécialisé dans la fabrication de bois composite pour terrasses et bardages, et Grégoire Bureau, cofondateur de Cairn groupe, né en 2010 à Nantes pour optimiser la collecte, le tri et la valorisation des déchets plastiques. « Ensemble, nous sommes animés par la volonté de construire un projet industriel d’avenir dans un monde en quête de modèles plus pérennes », s’accordent les partenaires.
Un mariage ensuite entre ces deux industriels aux activités complémentaires, l’un sachant valoriser les déchets plastiques que l’autre est en mesure d’intégrer dans ses formulations composites. « Aucune de nos deux entreprises n’aurait eu la capacité de porter ce projet seule. La collaboration et l’intelligence collective – et toute la richesse et la complexité que ce mode de fonctionnement génère – constituent le socle de l’aventure industrielle que nous portons », souligne Bénédicte Jézéquel.
Un baptême enfin, celui d’Heuliad Environnement, l’usine bas-carbone qu’ils ont créée en commun pour transformer à échelle industrielle des plastiques recyclés en pétales de polyéthylène ou plastique PE et/ou de polypropylène ou plastique PP et ainsi, structurer une filière bretonne du recyclage. « Le recyclage constitue un enjeu stratégique pour le passage d’un modèle d’économie linéaire à un modèle d’économie circulaire, et Heuliad Environnement cristallise la volonté de s’inscrire dans ce changement de modèle qui caractérise la période actuelle », conclut Grégoire Bureau.
Le seul opérateur de cette envergure en France
Mise en route il y a quelques mois, cette usine déploie un process unique, conçu et assemblé par les partenaires de ce projet. « Nous sommes le seul opérateur en France à garantir cette qualité de tri, de valorisation et de production de plastique recyclé« , affirme Grégoire Bureau, dirigeant-fondateur de Cairn groupe et, à ce titre, associé au développement de l’outil Heuliad Environnement. Avec une capacité d’incorporer jusqu’à 16 000 tonnes de déchets plastiques recyclés, issus majoritairement des collectivités territoriales donc du tri ménager, l’usine d’Elven pourra fournir in fine et revendre jusqu’à 10 000 tonnes de pétales propres de plastique recyclé chaque année, réutilisables dans des process de fabrication industrielle en tous genres.
Parmi les débouchés, l’entreprise Silvadec deviendra un client majoritaire. « Nous travaillons actuellement à intégrer ces plastiques recyclés dans nos formulations composites », explique Bénédicte Jézéquel, dirigeante du groupe morbihannais. Deux autres entreprises se sont d’ores et déjà rapprochés d’Heuliad Environnement pour exploiter sa production : un industriel français pour la fabrication des bacs poubelles et un industriel allemand pour celle de tuyaux d’arrosage. L’application à échéances programmées de la loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire) assurera la diversification et l’amplification des commandes.
Extension et recrutements programmés
Déjà, les partenaires d’Heuliad Environnement prévoient d’étendre la surface de production afin d’intégrer une nouvelle boucle de valorisation dédiée aux paillettes plastiques de moins de 5 cm, qui pour l’instant passent entre les mailles des premiers tamis en fonctionnement. En attendant, ils planifient la montée en charge progressive de l’outil existant, avec le passage d’une organisation des plannings en 3X8 dès le 1er janvier 2026. « Nous ouvrons quatre nouveaux postes pour cela, en cours de recrutement », annonce Grégoire Bureau. Au total, une quinzaine de personnes travailleront sur ce site.
Etendue sur un terrain de 20 000 m2, l’usine Heuliad Environnement a nécessité un investissement de 14 millions d’euros, soutenu à hauteur de 2,5 millions d’euros par l’Etat, opéré par l’Ademe dans le cadre du programme France 2030, et par la Carsat à hauteur de 700 000 euros. L’engagement à parts égales des associés et l’implication de Bpifrance et d’un pool bancaire finalisent le budget.
