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Eloi (35) met sur pied un plan de financement de 3 M€ pour accélérer son développement en faveur de l’agroécologie

Eloi a vu le jour en 2019, à Rennes et Paris, sous l’impulsion de deux quadra, Maxime Pawlak et François Moret. Le premier, ingénieur diplômé de Centrale Lille est entrepreneur depuis 15 ans et le second diplômé d'HEC, également. Depuis 2 ans, ils réadaptent des fermes en transmission afin de diminuer le montant de l’investissement initial et attirer des jeunes agriculteurs tournées vers l’agroécologie. La digitalisation du processus d’installation permet à Eloi de compter déjà 300 porteurs de projets qualifiés et une vingtaine d’exploitations en cours de transmission. Elle en vise 1 500, par an, d’ici cinq ans. Un plan de financement de 3 M€ est sur les rails dont une levée de fonds citoyenne de 300 K€ sur Lita.co. Entreprise à mission, Eloi compte parmi ses premiers business Angels une douzaine d’entrepreneurs à succès.

L'équipe d'Eloi avec au premier rang , au centre,  les deux confodateurs : Maxime Pawlak (a gauche) et François Moret (à droite)
L'équipe d'Eloi avec au premier rang , au centre, les deux confodateurs : Maxime Pawlak (a gauche) et François Moret (à droite)

Après la vente de son entreprise d’informatique en 2018, Maxime Pawlak, originaire de Bretagne, cherche à monter un projet qui a du sens, à savoir un impact écologique et social fort. « Très vite j’ai fait le constat que la transmission des fermes est un enjeu majeur pour l’équilibre des écosystèmes », explique-t-il.

 

Vague des porteurs de projets tournés vers l’agroécologie

En France, on compte environ 400 000 fermes dont une bonne partie implantée en Bretagne. La moitié d’entre elles sera à vendre dans les 10 prochaines années.  « Or, aujourd’hui, du fait de leur taille et de leur prix, en moyenne 70 ha et 600 K € (pour une installatin laitière en Bretagne), les agriculteurs peinent à trouver un repreneur. Beaucoup d’entre eux n’ont d’autres solutions que de céder leurs terres sans les bâtiments. Financièrement, ils sont perdants mais surtout, cette solution ne fait que renforcer les mégastructures au détriment des jeunes agriculteurs tournés vers l’agroécologie. Ces derniers sont de plus en plus nombreux, + 45%, en un an. On assiste à une véritable vague. » Ils cherchent des fermes de taille plus modeste, accessibles pour mener un projet qui a du sens sur le plan écologique et sociétale, « comme l’élevage de caprins ou d’ovins beaucoup moins gourmand en surfaces agricoles », mais aussi le maraichage, l’arboriculture ou les grandes cultures. Ces néo-ruraux privilégient la vente directe, le circuit-court et l’économie circulaire. Leur principal obstacle réside dans le manque de fermes adaptées en taille et en prix à leur projet. C’est là qu’intervient Eloi.

 

Deux ou trois porteurs de projet par ferme en transmission

La start-up voit le jour en 2019. Maxime Pawlak s’appuie sur son expérience dans le domaine du numérique et rencontre François Moret qui le rejoint en tant que co-fondateur début 2020. Leur solution de reprise consiste à réunir plusieurs porteurs de projets, deux ou trois au maximum, pour une même ferme en transmission. « On organise des grappes de fermes à savoir qu’on prédéfinit des activités complémentaires sur la ferme. Cela permet de baisser les investissements initiaux et réduire les coûts de fonctionnement. » Chaque porteur de projet reste indépendant mais doit pouvoir trouver des synergies avec ses voisins. « Par exemple, pour une activité de vente directe, si l’un fait de l’élevage et l’autre des cultures, il y a des synergies sur le plan commercial mais aussi agronomique, les matières organiques des animaux servant d’engrais aux cultures. »

 

Eloi assure le portage de la ferme pendant 4 mois

Le cédant s’engage avec Eloi sur la base d’une proposition de prix qui comprend les bâtiments et les terres si elles sont à vendre. « C’est nous qui nous portons garants et trouvons les porteurs de projet. Le compromis de vente n’est signé qu’après avoir reçu l’accord de prêt des acquéreurs. » Ce portage temporaire de la ferme dure 4 mois mais il est essentiel pour rassurer le cédant. « Notre dispositif s’adresse aux cédants qui n’ont pas trouvé de solution de transmission classique à travers les acteurs traditionnels de la transmission agricole, tels que la chambre d’agriculture. Nous avons vocation à intervenir en complément de l’écosystème existant, pas en alternative. » Eloi intervient aussi à l’occasion d’une diversification. « Le propriétaire de la ferme est confronté soit au départ d’un associé, à une séparation ou souhaite simplement rompre l’isolement. Dans ce cas, nous n’avons pas besoin d’assurer le portage. »

 

60 transmissions en 2023, 1 500 par an d’ici 5 ans

Le mode opératoire d’Eloi est opérationnel depuis un an, via la plateforme www.Eloi.EU  . L’équipe comprend 7 peronnes en charge du suivi de toute l’ingénierie des projets.  « On se rémunère via une commission auprès du cédant qui comprend les frais de géomètres, l’assurance lié au portage et tout le temps passé au montage du projet. On apporte une solution qui valorise les bâtiments agricoles. L’agriculteur accepte ou pas le prix. » Une première opération de transmission a abouti fin 2021, en Pays-de-la-Loire avec un projet de diversification concernant une ferme de 120 ha. « Nous avons installés deux jeunes couples, l’un en élevage d’ovins, l’autre en maraîchage. Le propriétaire a cédé une partie de ses bâtiments et loue 40 ha de terres. »  Une vingtaine d’autres projets sont en cours dont la moitié en Bretagne. Ils représentent environ 1 200 ha. « Une quinzaine d’entre eux va aboutir d’ici la fin de l’année ». En parallèle, la start-up, a qualifié plus de 300 porteurs de projets dans les trois régions de l’Ouest avec une moyenne d’âge inférieur à 40 ans. Face à cette demande grandissante, les deux cofondateurs se sont fixés comme objectif d’atteindre 60 transmissions de fermes en 2023 et 1500 par an, d’ici 5 ans.

 

Un plan de financement de 3 M€

L’entreprise a bénéficié d’une avance remboursable de 150 000 euros auprès de la Région Bretagne via le Fonds de soutien à l’innovation sociale (Fiso). Elle compte parmi ses business Angels, des entrepreneurs à succès comme Yves Thibault de Silguy, Francis Nappez, ancien cofondateur de Blablacar, Jean-Charles Morisseau, président de Cleante En tout une douzaine d’investisseurs. « Pour monter en puissance et assurer à terme, le portage et l’audit de 1 500 fermes, nous démarrons un appel de fonds d’environ 3 millions d’euros. La moitié se fera via une ouverture de capital ou des prêts remboursables comme Fiso. Une autre partie via un plan d’amorçage de 700 000 euros. » D’ores et déjà Eloi a lancé une levée de fonds citoyenne de 300 000 euros sur Lita.Co.

« Nous sommes une SAS à mission. Notre vocation est d’accélérer la transition agroécologique partout en France, en aidant à l’installation des jeunes agriculteurs. Toutefois, nous ne sommes pas naïfs, les désillusions sont nombreuses. C’est pourquoi nous insistons sur le fait que nous n’accompagnons pas les personnes qui veulent changer de vie et ne savent pas comment s’y prendre. Nous arrivons en bout de chaîne, un fois que le projet est mûr », souligne en forme de conclusion Maxime Pawlak.

Découvrir  le projet et l’équipe d’Eloi

Participer à la levée de fonds citoyenne sur Lita.co

 

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