
Dans un contexte peu propice à l’investissement du fait d’une incertitude politique et budgétaire/financière qui domine, l’édition 2025 de l’Open de l’industrie a permis aux acteurs bretons de resserrer les liens, s’informer et générer du business. « Pas d’industrie forte sans un écosystème uni, et c’est une chance dans ce territoire de pouvoir discuter avec les acteurs publics », observe Thierry Troesch, chef de file de France Industrie en Bretagne. D’autant plus que le dispositif Breizh Fab*, a beaucoup contribué à cette dynamique collective. »
Près de 500 PME accompagnées par Breizh Fab
Depuis 2018, année de son lancement, près de 500 PME et TPE ont été accompagnées dans la numérisation et/ou l’automatisation de leur outil de production, le redéploiement de leur stratégie, la décarbonation de leur site, l’intégration d’une gestion sociale plus adaptée (marque employeur), etc. « Ce travail collectif est indispensable pour assoir notre souveraineté industrielle. Jusqu’à fin 2026, 120 nouvelles PME pourront bénéficier du dispositif Breizh Fab* », indique Jean-Pierre Rivery, président de la CCI Bretagne qui a remis le prix dans la catégorie innovation/diversification à Paulic/Merci les algues.
Au cours de cette journée anniversaire, qui a réuni plus de 600 industriels bretons et acteurs de l’économie à Lannion, les Trophées Crisalide Industrie ont mis en lumière trois entreprises industrielles bretonnes, qui se sont distinguées dans les domaines de la décarbonation, de la relocalisation et de la diversification. « Au-delà de la remise des prix, le concours Crisalide c’est un travail de découverte et d’échange autour des entreprises candidates. C’est aussi un travail d’accompagnement de ces industries remarquables sélectionnées au regard de leurs performance et impact », a rappelé Alexandre Colomb, directeur de Bretagne Compétitivité, co-organisateur de l’Open de l’Industrie, en charge de cette remise des prix.
Trophée Décarbonation -Transition Environnementale : EverEver-Arradon (56)
Martin Hacpille, fondateur d’EverEver, aura mis plusieurs années pour faire sortir de terre son usine de lave-vaisselle durable et réparable. Avec l’appui d’investisseurs et d’équipementiers industriels, majoritairement basés en France, cette usine devrait ouvrir en 2026 en Bretagne.
« Imaginez un produit pensé et fabriqué pour diminuer notre empreinte environnementale. De sa conception à sa fin de vie. Un produit qui divise par 3 votre quantité de déchets. Albert est notre lave-vaisselle Éco-conçu pour révolutionner notre manière de consommer », lance Martin Hacpille , fondateur d’EverEver en 2019 . Cet ingénieur des Arts et métiers a un credo : repenser l’électroménager de demain. Ce qui se traduit concrètement par un produit plus facilement réparable, plus robuste et surtout made in France.
Il y a un an la start-up, lauréate de l’appel à projet « Première usine » a bénéficié d’une première aide de 3,8 millions d’euros de Bpifrance, pour un montant de 3,8 millions d’euros de quoi financer la mise en place de sa première usine dédiée à la production de son lave-vaisselle innovant .Ce premier site sera situé dans le Morbihan, plus précisément dans le territoire de Golfe du Morbihan-Vannes agglomération (GMVA). 60 000 unités ont été commandées par la grande distribution. EverEver cherche encore 3 millions d’euros. Pour cela, elle se tourne vers le crowdfunding, à hauteur de 500 000 €. Le groupe Trèves devrait également investir dans l’aventure.
La start-up table sur l’embauche de 140 personnes d’ici 2029 et sur un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros. Réparable, durable et made in France (pour 80 % des pièces), Albert promet une durée de vie d’une vingtaine d’année.
Trophée Innovation – Diversification : Merci les algues ! – Paulic meunerie (56)
Le minotier breton, basé à Saint-Gérand (56) a lancé en 2020 une farine responsable issue de blé cultivé en Bretagne, sans insecticide ni fongicide, grâce à des solutions alternatives à base d’algues.
« Cette farine à base d’algues s’inscrit dans une démarche d’alimentation responsable qui vise à encourager la mise en place de nouvelles méthodes culturales avec les agriculteurs locaux, de favoriser les circuits courts et de proposer des farines répondant aux préoccupations environnementales« , déclare Jean Paulic qui a pris la suite de son père à la tête de la minoterie familiale créée en 1957. Froment, blé noir, riz mais aussi farine à destination de l’entomoculture, l’élevage d’insectes…Paulic Meunerie a investi 15 M€ ces dernières années pour moderniser et accroître sa production. La minoterie s’approvisionne essentiellement en France, notamment en Bretagne pour ce qui est du sarrasin et assure 80 % de ses ventes également en Bretagne. Elle table sur un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2028 contre 20 millions aujourd’hui. L’effectif s’élève à 46 salariés.
La démarche entreprise par le dirigent en faveur d’une farine responsable est aussi le fruit du travail d’une chaine d’acteurs bretons au premier rang desquels les agriculteurs engagés, l’association Merci les algues !, la société Olmix Group qui fournit les solutions algo-sourcées ou encore la société GN Solutions de Réguiny (Morbihan), qui accompagne les agriculteurs d’un point de vue technique.
Trophée Décarbonation -Transition Environnementale : ETT (Ploudalmezeau-29)
Pionnier sur les solutions de performance énergétique, qu’elles concernent la climatisation, le chauffage, la ventilation et la déshumidification, le groupe finistérien ETT pour Energie Transfert Thermique (375 collaborateurs et un CA de 72 M€) , intègre l’intelligence artificielle dans ses process pour optimiser les consommations énergétiques et la décarbonation des bâtiments.
Portée par l’innovation, la croissance de l’entreprise bretonne est de l’ordre de 8,5% par an et devrait être accélérée ces prochaines années avec l’intégration de l’intelligence artificielle, « responsable et raisonnée », dans les développements techniques et stratégiques de l’entreprise. « L’intelligence artificielle est un formidable atout pour accélérer la transformation de nos modèles. Pour autant, il est essentiel de garder en tête la juste place de l’IA, qui reste un levier dans le faisceau de solutions pour décarboner. On parle beaucoup de décarbonation mais n’oublions pas que le champ des possibles grâce à l’IA est bien plus large : sobriété, utilisation raisonnée des équipements thermiques, résilience aux chocs climatiques », explique Stéphane Antoine Millot, Directeur général d’ETT.
Dans ses applications, l’entreprise utilise déjà les datas pour améliorer le pilotage des équipements, « comme la régulation des systèmes de climatisation en fonction de la météo« , illustre l’entreprise. Ou encore l’auto-régulation des machines. « Des études comparatives démontrent qu’une régulation optimisée des équipements grâce à l’IA c’est déjà diviser par deux leur consommation énergétique ! Et nous n’en sommes qu’au début … », plaide Antoine Millot. En parallèle. ETT se lance dans la maintenance prédictive pour anticiper les pannes, grâce à l’installation de capteurs communicants. « Cette technologie est en cours de développement et des premiers tests sont prévus en 2025″, annonce la direction.
Pour aller plus loin : Bretagne. Pas d’industrie forte sans un écosystème uni, et « à condition qu’on nous laisse travailler »
*Breizh Fab est un dispositif financé par la Région Bretagne qui bénéficie du soutien de partenaires influents tels que Cetim, UIMM, CCI Bretagne, Bretagne Compétitivité, Abea, Fibois, France Chimie et Polyvia.