Pour la Bretonne Clarisse Lacourt , il devient urgent aujourd’hui que l’Union européenne s’aligne sur les mêmes exigences que Santé Canada, la FDA (USA), Anvisa (Brésil), TGA (Australie), KFDA (Corée du Sud), MHLW (Japon)… « Ces pays considèrent les tampons, protections hygiéniques et les cups comme des dispositifs médicaux, contrairement à l’Europe qui les considère comme des produits de grande consommation. La conséquence : des risques pour la santé des femmes et une distorsion de marché pour les entreprises européennes qui doivent, elles, se faire certifier pour pénétrer les marchés étrangers quand les entreprises étrangères entrent comme elles veulent, avec des produits en contact direct avec les muqueuses des femmes tout de même, non-contrôlés.»
Syndrome du choc toxique
Cette différence réglementaire territoriale conduit aujourd’hui à une inégalité concurrentielle anormale sur le marché international mais, surtout, dangereuse pour les Européennes puisqu’elle les expose aux dangers représentés par l’utilisation de produits non contrôlés. Pas de marquage CE. Pas de notice (changement tous les 6h). Pas de traçabilité des lots. « On parle ici de contamination par des perturbateurs endocriniens, des agents cancérogènes ou mutagènes. Mais on parle aussi du syndrome du choc toxique qui touche chaque année une centaine de femmes uniquement en France. 80% d’entre elles terminent aux soins intensifs, au mieux avec une infection, au pire une amputation ou un décès. Perdre un membre ou perdre la vie pour des règles, ce n’est pas entendable !»
Une solution simple pour en faire des dispositifs médicaux
La délégation d’élues bretonnes* a été reçue ce mardi 14 novembre à Bruxelles par Leticia Zuleta de Reales Ansaldo, directrice de cabinet de la Présidente, Roberta Metsola et plusieurs conseillers. Ensemble elles ont formulé leur solution. « Elle est simple : il faut ajouter les protections hygiéniques dans un cadre déjà existant, le nouveau règlement européen sur les dispositifs médicaux (MDR). Dans son annexe 16, il liste les groupes de produits n’ayant pas de destination médicale prévue, mais considérés comme des dispositifs médicaux. A ce jour, les lentilles oculaires de couleur, purement esthétiques, y sont considérées comme des dispositifs médicaux. Il faut donc ajouter un point 7 à cette liste : les protections hygiéniques féminines réutilisables, jetables, externes et internes ».
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Des démarche urgentes à entreprendre
« Ce fut un moment important du combat » poursuit Clarisse Le Court, « car ils étaient eux-mêmes extrêmement étonnés qu’il n’y ait pas d’harmonisation sur cet enjeu de santé publique. Ils nous ont donné plusieurs démarches urgentes à entreprendre pour réussir à modifier ce règlement européen lors de la prochaine mandature ». Parmi ces démarches on peut citer celle d’exercer son droit de pétition rapidement pour que la commission parlementaire des pétitions puisse être saisie avant la fin de cette mandature; saisir l’ensemble des chefs de parti représentés au parlement pour qu’ils mettent ce sujet au débat lors de la campagne des Européennes qui arrive ou encore mobiliser les députés européens dans le prochain mandat pour auditionner les futurs commissaires à l’égalité et à la santé afin qu’une proposition législative soit enclenchée
Le combat est loin d’être fini. « Le cabinet de la Présidente du Parlement y a été extrêmement sensible et le poussera avec bienveillance dans les prochaines semaines et mois pour qu’il puisse toucher au but dès que le nouveau parlement sera installé. »Les européennes n’ont pas de doute à avoir quant à la détermination des bretonnes à remporter cette bataille.