Si le volume d'affaires (fret et passagers) vers le Royaume-Uni peine à retrouver les niveaux de 2019, la voie ouverte vers l'Irlande réalise des performances traduites par une hausse de 172% du fret entre l'Irlande et l'Espagne et de 606% entre la France et l'Irlande.
Les conséquences du Brexit semblent se mesurer au regard de l’activité fret, en forte baisse depuis et vers le Royaume-Uni. Dans cette première année post-Covid, la compagnie Brittany Ferries enregistre -27 % d’activité fret sur les liaisons entre la France et la Grande-Bretagne et -22 % entre la Grande-Bretagne et l’Espagne.
Dans le même temps, le Brexit a créé des opportunités de développement de routes maritimes directes vers l’Irlande, évitant le transit par le Royaume-Uni. « Sur les lignes France-Irlande, les volumes ont été multipliés par 6 avec 9 587 unités transportées. La liaison Irlande-Espagne a, quant à elle, enregistré une incroyable performance traduite par une hausse de 172 %, soit un volume de 13 644 unités« , rapporte la compagnie maritime bretonne qui publie ce jour ses résultats de trafic 2022, couvrant la période novembre 2021 à octobre 2022 (les résultats chiffrés seront publiés à l’issue de l’Assemblée générale prévue en mars 2023).
Forte baisse du trafic passgers vers le Royaume-Uni
Côté passagers, la tendance se confirme, même si les volumes de passagers sur les liaisons Royaume-Uni/Espagne sont en hausse de 9 % pour atteindre 320 364 passagers. Le succès de la ligne France/Irlande s’est pour sa part concrétisé avec le doublement de la ligne Roscoff/Cork. « Alors que les longues routes sont en plein essor, la Manche est une préoccupation majeure pour la Compagnie », déclare Christophe Mathieu, président du directoire de Brittany Ferries. « Les volumes de passagers sont en baisse de 35 % sur la Manche, et plafonnent à 1,22 million. En cause, la réouverture des frontières françaises à la mi-janvier 2022 qui a fortement impacté les projets de vacances des Britanniques d’une part, et d’autre part, les passeports rendus obligatoires pour les passagers français se rendant au Royaume-Uni. Pour aider à la reprise, redynamiser le marché et stimuler la demande pour l’année 2023, une action concertée des acteurs touristiques en France et au Royaume-Uni est indispensable », appelle-t-il de ses voeux.
Développer la liaison Irlande/Espagne
Depuis ce 2 novembre 2022, le nouveau navire de Brittany Ferries, le Salamanca, remplace le Connemara sur les lignes Rosslare/Bilbao et Rosslare/Cherbourg, à raison de deux liaisons hebdomadaires entre Rosslare et Bilbao et une traversée reliant Rosslare à Cherbourg. Le Connemara sera quant à lui restitué à son propriétaire, le suédois Stena Ro-Ro afin que tous les navires Ro-pax de la flotte Brittany Ferries battent au premier registre du pavillon français : un engagement pris par la compagnie bretonne en 2018. « C’est une étape importante pour Brittany Ferries, nos marins et le pavillon français« , commente Jean-Marc Roué, président du Conseil de Surveillance de Brittany Ferries. « Avec nos nouveaux navires de croisière, mis en service sur les lignes entre l’Irlande et le nord de l’Espagne, nous allons aussi développer les flux touristiques entre ces deux destinations, avec pour objectif un gain de 50 000 passagers par an ».
Une réserve envoyée au ministre de la Mer
Dans une semaine, se tiendront les Assises de l’économie de la mer à Lille. Acteur majeur, le président du Conseil de Surveillance de Brittany Ferries y participera en annonçant d’ores et déjà la tonaluté du débat : « Toutefois, malgré ces nouvelles positives, je dois continuer à émettre une réserve : le dumping social reste un véritable problème pour le secteur des ferries, avec des marins travaillant dans des conditions sociales déplorables sur les lignes courtes du transmanche. Moralement et économiquement, nous ne pouvons tolérer cela. J’ai demandé au ministre de la Mer Hervé Berville de prendre le sujet à bras le corps et de garantir la protection sociale des marins dans le secteur du ferry. J’attends avec impatience ses annonces sur la question lors de ces Assises de l’Economie de la Mer ».