« Notre technologie brevetée, dite H2-ICE, s’appuie sur un nouveau cycle mécanique, avec un design et des matériaux spécialement sélectionnés pour les caractéristiques physico-chimiques de l’hydrogène. Le moteur est compatible rétrofit par le remplacement de celui d’origine. Il est particulièrement bien adapté à la mobilité lourde », explique Didier Arenal, cofondateur d’Efficient Hydrogen Moteur (EHM) à Brest devant les nombreux participants réunis à l’occasion du BrittanHY Day. C’est le groupe Transdev qui va bénéficier de ce premier moteur à hydrogène. A terme, les dirigeants espèrent remplacer une grande partie de leur flotte d’autocars. A ce jour, EHM a déjà levé 4 millions d’euros pour développer ce prototype. « Nous allons aller chercher 10 millions d’euros supplémentaires pour accélérer la phase industrielle. »
Transdev, premier partenaire
Dans un premier temps, les pièces seront usinées par différents sous-traitants en Bretagne et assemblées sur le site de EHM à Châteaulin . Puis, Alliance Automotive Group assurera le remplacement des moteurs diesel des autocars Transdev par des kits EHM (200 K€ /unité). « Il faut compter entre 600 K€ et 1 million d’euros pour investir dans des bus électriques avec pile à combustible. Notre solution de moteur à hydrogène permet de diviser ce budget par trois à cinq en proposant, en sus, une plus grande autonomie des véhicules ! Une centaine de moteurs devrait ainsi être installée courant 2024, entre 3 000 et 8 000 lorsque le projet d’usine aura vu le jour. » Sa construction est prévue à l’horizon 2026. « Nous sommes en discussion avec la Communauté de communes de Châteaulin pour l’acquisition d’un terrain de 20 000 m². En parallèle, nous menons des pourparlers avec un groupe de transport routier pour équiper ses camions (19 tonnes et 44 tonnes). » EHM propose aussi à ses partenaires la fourniture de station de ravitaillement en hydrogène.
Sur chaque autocar, ce seront entre 30 et 40 Kg d’hydrogène qui sont embarqués sur le toit, via des bonbonnes. Leur autonomie sera d’environ 400 km. Pour les poids lourds, elle devrait se situer entre 800 km et 1 200 km. « Non seulement notre solution décarbone le transport mais avec un prix du diesel compris entre 2,10 et 2,30 / litre le TCO d’un autocar équipé avec un de nos moteurs à hydrogène devient alors équivalent à celui équipé d’un moteur thermique. », conclut Didier Arenal.
H2X Ecosystèmes : bientôt une usine de plus de 8 000 m² sur le Polder de Brest
Parmi les autres projets présentés au parc des expos de Saint-Brieuc, on pouvait également découvrir « Hermione » le drone hydrogène développé par H2x Ecosystèmes. « C’est un drone de 500kgs qui peut transporter de l’énergie, des drones mobiles pour faire de la reconnaissance plus précise et être utilisé pour de nombreuses autres applications, militaires mais aussi par exemple pour la lutte contre des feux de forêt, explique Stéphane Paul. Créée en 2018, sa société emploie aujourd’hui 34 personnes. Actuellement, elle dispose de plusieurs sites en France. « Notre siège est basé à Bruz (sud de Rennes). « Nous avons deux ateliers à Redon et Brest, ainsi qu’un bureau à Bordeaux. D’ici 2025, nous prévoyons d’ouvrir notre future usine d’une superficie d’au moins 8 000 m² sur le Polder de Brest. Le site fait 2 ha et les financements sont trouvés. A terme 250 personnes pourraient y travailler. »
Piles à combustibles, armoires, réservoirs, générateurs … toutes les briques technologiques développés par H2X Ecosystèmes depuis 2021 pourraient ainsi être produite sur le site brestois. « Ces technologies sont là pour compléter les autres Energies renouvelables et réguler l’intermittence. Ainsi nous avons développé avec notre partenaire ENEDIS le plus gros générateur en Europe à ce jour pour l’alimentation du réseau électrique, ainsi que sur des solutions destinées à l’industrie, aux secteurs portuaire et aérien. Deux générateurs viennent d’être signés pour deux groupes agroalimentaires , un breton et un ligérien.» A ce jour le chiffre d’affaires 2023 d’H2X Ecosystèmes s’élève à 2,5 millions d’euros.
Que ce soit pour des usages maritimes ou terrestres, la Région Bretagne accompagne et structure depuis 2020 sa filière hydrogène locale. Portés par des acteurs publics et privés, de nombreux projets sont en cours et visent la création d’écosystèmes couvrant toute la chaîne de valeur de l’hydrogène. « L’objectif de la Bretagne est de décarboner les usages à travers l’hydrogène et de construire une filière industrielle », résume André Crocq, élu à la Région.
