Publiée par l’Union européenne, la directive CSRD – pour Corporate Sustainability Reporting Directive -, oblige les entreprises à établir un rapport de durabilité basé sur leurs performances extra-financières, afin de mesurer et comparer de façon objective leurs impacts sur la société et l’environnement. Inscrite dans le Pacte vert européen, cette nouvelle directive participe à l’objectif de neutralité carbone, en 2050.
Dans un premier temps, seules les grandes entreprises, comme le groupe Baxter à Pluvigner, et les PME cotées en bourse sont concernées. Mais par effet de ruissellement, dû à des relations de sous-traitance notamment, l’ensemble des entreprises, même les plus petites, sont concernées par cette mise en conformité.
La CCI du Morbihan mobilisée
C’est le message que porte Philippe Rouault, président de la CCI du Morbihan, qui depuis plusieurs mois mobilise ses élus et les chefs d’entreprise du département à l’arrivée de cette nouvelle réglementation. « Il est de notre rôle d’alerter les dirigeants sur directive qui concerne bien toutes les directives. Même si elle est présentée selon des critères de taille et d’effectif d’entreprise, il faut la considérer par le vecteur de la chaine de valeur. Sous cet angle, toutes les entreprises, même les plus petites, se retrouvent potentiellement concernées », indique le président consulaire qui tient à sensibiliser l’ensemble des ressortissants de la CCI Morbihan. Des ateliers spécifiques seront prochainement proposés.
Illustration avec le retour d’expérience de Marc Capdeville, directeur général de l’usine Baxter à Pluvigner (56)
Depuis cette année, votre entreprise est concernée par la mise en conformité imposée par la directive européenne baptisée CSRD. Quels changements importants pour votre entreprise ?
« Les changements commencent dès la conception du produit où nous avons intégré ces nouvelles exigences, au niveau de la gestion du cycle de vie du produit avec le bilan carbone de nos solutions, sur l’administration des ventes avec l’intégration de critères RSE dans les appels d’offre sur lesquels nous travaillons, sur nos flux logistiques avec la déclaration du bilan carbone de façon très précise et suivant les codes douaniers de toutes les matières entrantes et sortantes. »
Quelles ressources devez-vous mobiliser pour cela ?
« Au regard de la modification de l’organisation et de nos procédures pour répondre à ces nouvelles directives, l’impact agit sur le temps de travail supplémentaire réparti sur l’ensemble de la chaîne de la valeur. Sur le seul site de Pluvigner, la mise en place des normes CSRD équivaut à quasi 5 ETP, sur un effectif de 450 salariés au total. »
Considérez-vous cette nouvelle directive comme une contrainte ou une opportunité ?
« Elle a un double effet. A court-terme, c’est une contrainte budgétaire par rapport au nombre d’heures travaillées à Isopérimètre donc un coût supplémentaire pour l’entreprise. Mais rapidement, elle devient une opportunité stratégique qui va nous permettre de nous différencier vis-à-vis de la concurrence internationale, en faisant de ces nouvelles directives un avantage compétitif. »
Par effet de ruissellement, cette norme va également concerner vos sous-traitants, des PME qui ne sont pas directement ciblées par son application. Quel message et/ou conseil pouvez-vous adresser aux dirigeant(e)s de ces entreprises ?
« Si vous n’avez pas engagé cette démarche de mise en conformité, vous êtes déjà en retard ! D’ores et déjà, je conseille de considérer ces nouvelles normes européennes comme des investissements nécessaires et obligatoires, et non comme des coûts supplémentaires. Maîtriser ce savoir est un gage d’avenir et de performance pour l’entreprise. »
Installée à Pluvigner, votre entreprise fait partie d’un groupe international Baxter, dont la maison mère est aux Etats-Unis. Au regard du cahier des charges nord-américain, la directive CSRD est-elle une nouvelle contrainte ou un gage d’exemplarité ?
« Une des valeurs du groupe BAXTER est de respecter l’éthique et la conformité dans tout ce que nous faisons, partout et tous les jours afin de servir au mieux notre mission : sauver et préserver des vies. Sur le site de Pluvigner, nous avons la volonté d’être un acteur majeur dans l’industrie médicale en intégrant les trois piliers qui font la performance des entreprises : Environnement, Social et Economie. Alors, depuis début 2000, nous travaillons continuellement à l’amélioration de nos process : nous sommes ISO 14001, engagés sur la labellisation ECOVADIS depuis 2018, puis récemment certifiée IS0 50001 sur le management de l’énergie avec également pour 2024, un objectif de certification ISO 450001 sur le management de la santé et de la sécurité au travail…
Le site de Pluvigner évolue dans un domaine très réglementé du fait de son marché, les équipements médicaux, et de son scope à l’international (plus de 120 pays livrés dans le monde entier avec des réglementations spécifiques à chacun de ces pays). Ainsi, pour nous, les réglementations CSRD et ESPR (Ecodesign for Sustainable Products Regulation) sont des gages de qualité et d’exemplarité. Nous devons en faire des indicateurs différentiateurs à l’international.
Pour finir, je voudrais rappeler la genèse de cette décision européenne, qui donne du sens à tout cela dans nos entreprises : l’idée originelle de ces nouvelles exigences est de protéger notre bien commun, notre planète ! Ne l’oublions pas. »
