Croissance

Economie bretonne : coup de frein sur la croissance au 1er semestre 2018

La croissance économique a freiné en France ce 1er semestre 2018, après une forte accélération en fin d’année. En Bretagne, le chiffre d’affaires et la rentabilité des entreprises décélèrent. Difficultés de recrutement et baisse de la demande intérieure expliquent en partie ce coup de frein. Toutefois les perspectives pour le 2è semestre sont à la hausse.

De g à d : François Bareau (CCI Bretagne) Julie Rio (Chambre d'agriculture de Bretagne, Jean-Pascal Prévet (Banque de France) et Eric Lesage (Insee)
De g à d : François Bareau (CCI Bretagne) Julie Rio (Chambre d'agriculture de Bretagne, Jean-Pascal Prévet (Banque de France) et Eric Lesage (Insee)

Rendez-vous annuel, ce point de conjoncture est l’occasion pour l’Insee, la Banque de France, la CCIR et la chambre d’agriculture en Bretagne de confronter  leurs points de vue sur la conjoncture. « Les visions convergent » : après l’euphorie, le coup de mou.

D’après les estimations l’Insee, la croissance a ralenti en France au premier semestre. Le produit intérieur brut (PIB), qui avait progressé de 0,7 % sur le dernier trimestre de l’année précédente, plafonne à 0,3 % pour les six  premiers mois de 2018. « L’atonie de la consommation des ménages français pèse sur la croissance, estime Eric Lesage directeur régional de l’Insee. Malgré tout linvestissement des entreprises garde un bon tonus. Il croit de 3,1%  contre 4,4% en 2017.

« On a sans doute atteint un point haut fin 2017. Il n’y a  rien de surprenant  à ce  léger tassement, souligne pour sa part  Jean-Pascal Prevet, directeur régional de la Banque de France. En cause  selon lui, la contraction de la production manufacturière « Au second semestre 2017, les entreprises avaient  le pied au plancher. Elles  ont parié sur une demande qui n’a pas été aussi forte qu’attendue, alors aujourd’hui, on peut penser qu’elles déstockent ». En outre, la demande globale et étrangère a été moins vivace que prévu. L’euro s’est apprécié par rapport au dollar, les prix du pétrole ont augmenté, les menaces de guerre commerciale persistent entre Washington et Pékin et les négociations sur le Brexit piétinent. « On reste malgré tout dans une zone de croissance avec des taux d’intérêts toujours aussi bas, entre 1 et 1,5 %,  un taux de création d’emplois qui en Bretagne est l’un des plus élevés. En 2018, les défaillances d’entreprise continuent également de baisser. Pour maintenir un bon niveau de  croissance, nous devons accroître la compétitivité dans le privé comme dans le public  et concentrer nos efforts sur la formation professionnelle. Ils conditionnent la baisse du chômage structurel en France ».

 

Une croissance attendue de 1,7% en 2018

Au quatrième trimestre 2018, l’Insee prévoit une nette accélération  du pouvoir d’achat des ménages. « La baisse des cotisations sur les salaires comme la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % de ceux qui la règlent aujourd’hui vont entrer en vigueur et entrainer une hausse des revenus, souligne Eric Lesage. La hausse de la consommation devrait donc reprendre progressivement au second semestre, entretenue par un marché de l’emploi qui reste dynamique». Malgré le tassement du premier trimestre, l’Insee table sur une croissance évoluant en France aux alentours de 1,7% en 2018. Pour mémoire, elle était de 2,2% en 2017.

 

Coup de frein aussi sur l’activité des entreprises bretonnes

Pour François Bareau Directeur des relations institutionnels à la CCI Bretagne, « les difficultés de recrutement, en particulier dans les secteurs de l’agroalimentaire, des transports et des BTP pèsent sur l’activité des entreprises bretonnes». Si l’investissement et l’emploi maintiennent une bonne dynamique, le chiffre d’affaires et la  rentabilité décélèrent. En effet sur le premier semestre 2018, 38,8% des chefs d’entreprise ont observé une amélioration de leur chiffre d’affaires alors qu’ils étaient 42,2% fin 2017. Ils sont aussi 22,6% à constater une baisse (contre 18% fin 2017). Ainsi le solde d’opinions atteint 16,2% et recul de 8 points par rapport au semestre précédent. Le constat est similaire concernant le chiffre d’affaires export. Concernant la rentabilité, 52,7% des dirigeants ont relevé une stabilité de leur rentabilité, 25,5% d’entre eux ont déclaré une baisse, soit une augmentation de 4,9 points par rapport à fin 2017. Le solde d’opinions redevient donc à nouveau négatif (-3,6 points) et retrouve son niveau du 1er semestre 2017.

L’élan acquis reste porteur

Ces différents tendances sont à nuancer selon les activités, poursuit François Bareau : « dans  les services, par exemple, la perspective d’une baisse de la rentabilité se renforce depuis 2017 en même temps que les projets de recrutement restent parmi les plus nombreux, tous secteurs d’activité confondus ». Dans la  construction, les entreprises expriment pour leur part, un regain d’optimisme tant sur l’évolution de leur CA (de 17 ,7% d’opinions positives à 28,8%) que leur  rentabilité (de 12 à 21%) ou encore de leurs effectifs (de 17 à 29%). « L’élan acquis l’an passé reste  porteur », conclut-il.

Retrouvez l’analyse de la conjoncture bretonne 

 

Agriculture : monter en gamme pour monter en revenu ?

En dépit d’une conjoncture un peu meilleure en 2017, les marchés agricoles restent tendus. La filière lait joue aux équilibristes, écartelée  entre des prix du beurre au sommet , des cours de la poudre à l’étiage et un marché français morose. Concernant le porc, la baisse de la demande intérieure et la moindre demande asiatique ont fait pression sur le marché. Les prix se sont nettement dégradés sur  la deuxième partie de l’année et «  2018 démarre  difficilement », souligne Julie Rio , chargée de mission économie agricole et agroalimentaire à la Chambre d’agriculture de Bretagne

Quant au poulet breton la liquidation de Tilly Sabco et la reprise de Doux redessinent le marché. Avec LDC, la filière perd des plumes sur le marché  mondial mais se réoriente désormais  sur le marché français avec des produits à valeur ajoutée.

Pour répondre à la baisse structurelle des revenus des agriculteurs français, les Etats généraux de l’alimentation invitent les acteurs de la chaîne alimentaire à reconnaître à son juste niveau la valeur créée par chacun de ses maillons, notamment par celui de la production agricole. « En contrepartie d’évolutions législatives sur les relations commerciales entre acteurs, l’Etat demande  aux  différentes filières agricoles de s’engager  dans un processus de transformation vers une montée en gamme », conclut-elle

téléchargez l’édition 2018 de « Agriculture et Agroalimentaire de Bretagne » 

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