Plateforme Loustic : les consommateurs testent les TIC du futur

Située en plein centre de Rennes (35), boulevard de la Liberté, la plateforme Loustic permet d’étudier les réactions des individus face aux TIC de demain. Mis en situation dans un appartement meublé et équipé, des testeurs pris au hasard dans la rue sont invités à essayer de nouveaux appareils. Leurs réactions sont filmées, puis analysées par des sociologues, psychologues et ergonomes.

On entre d’abord dans un petit salon : canapé, TV, téléphone, plante verte, bougies et tasses de café, tout y est. Depuis la régie, un technicien suit toutes les actions des testeurs grâce à la caméra cachée sous une table basse. La pièce suivante est décorée comme un bureau. Sur l’un des meubles trône un terminal familial en cours de tests. Démonstration : une jeune ingénieur s’en approche et le manipule, elle apparaît sur l’écran TV du salon. Elle est filmée de dos, mais son visage apparaît dans un miroir accroché face à elle. En bas à droite de l’écran, un encadré montre ses actions sur le terminal en temps réel.

« On trouvait plus discret de mettre un miroir et de filmer le reflet du visage, plutôt que d’accrocher une caméra sous le nez des gens », explique Eric Jamet, directeur du Laboratoire d’observation des usages des technologies de l’information et de la communication (Loustic). « Nous voulons que leurs réactions soient spontanées. C’est pour quoi nous ne disons pas aux personnes que nous sollicitons dans la rue qu’elles seront filmées. On les laisse dans l’appartement face à l’outil à tester, puis on leur demande de remplir un questionnaire sur le produit. Et seulement après, on les informe qu’elles ont été filmées et on leur demande l’autorisation d’utiliser ces images à des fins scientifiques. »

Les chercheurs analysent ensuite les actions des testeurs sur le produit (combien de mauvaises manipulations, combien de temps pour réussir à faire ce qu’ils veulent), le questionnaire, et leurs réactions filmées. « Les mots grossiers par exemple, sont un très bon indicateur de la facilité d’usage d’un produit », confie Eric Jamet.

Tester les Tic et la domotique

Ces pièces serviront à tester des TIC nouvelles, mais aussi de la domotique, et notamment des appareils de maintien des personnes âgées à leur domicile. Le laboratoire permet d’évaluer l’acceptabilité des produits avant qu’ils ne soient mis sur le marché : utilité, analyse des coûts et des marchés, préférences, etc. « Souvent, ces tests sont faits trop tard, explique Eric Jamet, quand le produit est fini et qu’on s’aperçoit qu’il ne se vend pas, ou quand les appareils sont envoyés en service après-vente parce que les consommateurs croient qu’ils sont en panne, alors qu’ils n’ont juste pas compris son fonctionnement. »

Dans une autre pièce, un autre ingénieur joue à « où est Charlie ? » sur un ordinateur. Une caméra HD et des diodes infra-rouges filment son regard. « Tous les déplacements de ses yeux sont filmés au millimètre près. Cela permet d’étudier l’ergonomie d’un site Internet : combien de temps pour trouver l’information demandée ? Où est-ce que la personne regarde en premier ? Cette technologie peut aussi être utile pour les tétraplégiques qui peuvent contrôler leur ordinateur avec les yeux. »

La plate-forme servira autant à la recherche fondamentale qu’appliquée. « Notre but premier est de trouver comment mesurer la satisfaction d’un consommateur, précise Eric Jamet, mais nous réalisons aussi des expertises pour des entreprises. Cela permet de faire collaborer ces dernières avec les universités ». Une collaboration importante pour les filières sciences humaines et sociales qui travaillent rarement avec les entreprises.

Loustic est un ensemble de plateformes qui dépendent de la Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne. Les Université des Rennes1, Rennes2, Bretagne Sud, ainsi que l’ENS Cachan et l’IFPEK* font partie du projet. Deux autres plateformes ont été créées à Brest-Lannion, et Lorient-Vannes. Chacune s’est spécialisée sur un domaine : « Travail coopératif et mobilité » pour la première, « Interfaces et mobilité » pour la deuxième, et « TIC, habitat et cité » pour la plateforme rennaise. Trois personnes travaillent en permanence sur cette dernière, deux ingénieurs et un technicien, pour un budget d’un million d’euros pour 6 ans, financé en majeure partie par les collectivités locales.

Julie Durand

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