Les jeunes dirigeants bretons imaginent de nouveaux modèles économiques et sociaux dans un monde en mutation. La Bretagne, top-model de demain ?

Quel business model pour l’entreprise de 2030 ? L’entreprise de demain peut-elle ressembler à celle de « papa »?
Son modèle est-il devenu has-been, entre crises chroniques, croissance en berne et consommateur « sauvage » ? A l’heure où l’Europe insiste sur la nécessité de mesures structurelles pour relancer la machine, nous avons demandé à François Picart, Ludovic Stéphan et Jean Ollivro de nous donner leur sentiment. Le premier, nouveau Président du CJD Bretagne, est co-dirigeant de Cobredia à Brest. Le second, Ludovic Stéphan, jeune entrepreneur depuis 3 ans à la tête de Seol (Arradon - 56) 3ème exercice. Quant au dernier, Président de Bretagne Prospective et géographe intervenant à Rennes 2, il mise sur la « mondialité ».
Ludovic Stephan, dirigeant de Seol

« Imaginer de nouveaux modèles économiques et sociaux », franchement, cela part d’un bon sentiment mais pourquoi, encore et toujours, envisager de « nouveaux modèles » ? Quelle est ici la nouvelle urgence ?

François Picard


Vous savez, notre entreprise est née en 1956. Après mon grand-père et mon père qui, avant nous, ont développé l’entreprise, je suis aux manettes avec mon frère depuis environ 15 ans. Nous sommes la 3ème génération. Donc, c’est vrai qu’on a un certain recul. Aujourd’hui tout va plus vite. Les technologies évoluent. Les moyens de communication changent. L’économie fluctue. Cela nous impose d’être plus performants. Un exemple frappant : celui de la statistique de nos clients qui viennent dans nos concessions automobiles. Ils font aujourd’hui leur choix sur le net avec visite « physique » dans… deux concessions seulement ! Il y a encore 10 ans ils faisaient le tour de 10 garages ! Cette simple statistique montre bien une accélération de l’information avec une montée de connaissances -de nos produits et de nos services – chez nos clients.


Le client ne se déplace plus « qu’à coup sûr » ou vers une concession avec laquelle il a des affinités. Cela nous oblige, plus que jamais, à une relation de proximité et de qualité avec lui.

Ludovic Stéphan


Les besoins des clients ont évolué, c’est certain, leurs connaissances aussi… Sont-ils de plus en plus qualifiés pour autant ? Oui et non. Ils pensent l’être ! (rires)… poussés dans ce sens par les médias. Notre but à nous, c’est d’être professionnel : quand on vend un produit ou une prestation, il faut « connaître son affaire ». Or, on se trouve en face de clients qui, parfois, c’est vrai, en savent plus que nous. Donc notre manière de vendre, de communiquer, d’intervenir chez eux a changé… Et l’acte de vente devient compliqué. Et ce, pour deux raisons.


La première est que la valeur des choses a augmenté avec une heure de main d’œuvre qui a considérablement progressé. D’un autre côté, dans mon secteur, la perception que les gens se font du « bricolage » a beaucoup changé, certaines surfaces spécialisées ayant donné le sentiment que faire du carrelage, un toit… c’est très facile !


La valeur de nos prestations dans tout cela ? Entre « faire soi-même » et « faire faire » par quelqu’un de compétent, le client a du mal à percevoir qu’il y a prestation de services avec des garanties, des normes mises en place… Donc la perception de la valeur des choses est totalement faussée !


Et tout cela est encore renforcé par Internet qui vous permet d’acheter un écran LCD à 200 euros à l’autre bout du monde alors que le même produit fabriqué en France coûterait 1 000 euros.

Jean Ollivro


Je me suis toujours méfié du terme de « modèle » pour la Bretagne. On a parlé du « modèle agricole », du « modèle industriel »… Avec, on a pu le voir, des limites à cette réalité. En revanche, on est face à une mutation fantastique et inédite : ce que je nomme la « mondialité ».


C’est-à-dire mondialisation + instantanéité + re-territoralité en raison de la hausse des coûts de l’essence et de l’énergie.


Il faut donc se préparer à une mutation en liaison avec ces évolutions structurelles. Je pense que l’on va avoir différents secteurs porteurs pour l’avenir, en lien avec ces évolutions de fond. Même si on a parlé pendant la dernière campagne de démondialisation, il y a tout de même des tendances irréversibles, à l’image d’Internet et autres…



Propos recueillis par Serge Marshall


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