Chantiers Piriou, 20 ans après, un leader ouvert sur le monde

Croissance géographique et diversification sectorielle sont les clés de la réussite du groupe Piriou depuis sa création en 1965 à Concarneau. En 40 ans, l’entreprise s’est hissée à la 1ère place nationale pour la construction navale pêche et à la 2nde place pour la construction et la réparation navales civiles.

« Il n’y aura pas de 3ème génération, prévient Pascal Piriou, 45 ans, l’actuel président du directoire du groupe Piriou qui a succédé à son père Guy, l’un des deux créateurs. C’est une des raisons pour lesquelles, en 2006, nous avons cédé une grande partie du capital. Aujourd’hui, l’essentiel de mon travail est de le valoriser mais plus encore de réussir à maintenir le savoir-faire sur Concarneau. » Il faut dire que l’enjeu est de taille. Sur 800 personnes que compte le groupe à travers le monde, 280 sont basées à Concarneau. Le CA consolidé 2007 s’élève à 90 millions d’euros et le prévisionnel 2008 à 120 millions. Deux tiers sont réalisés en France, l’autre à l’étranger :île Maurice, Pologne, Nigeria et Vietnam. « Cette année, les commandes publiques ont représenté environ 15% du CA et la réparation navale militaire 1/3 de l’activité réparation du site de Concarneau » poursuit Pascal Piriou. Son frère Jacques, 50 ans, directeur général en charge du commercial, quittera bientôt le groupe. Aujourd’hui, ils détiennent avec Alain Le Berre (directeur financier) et Yannick Moreau (directeur de l’ingénierie) 20% du capital du groupe. Le reste est réparti à parts égales entre Axa Private Equity, un fond d’investissements privé et Jaccar (groupe Bourbon), le holding personnel de Jacques de Chateauvieux, partenaire de longue date de la famille Piriou.

1992-1993, une crise salutaire
_ Ces années sont particulièrement noires pour la pêche. La baisse européenne des quotas impacte fortement les carnets de commande de l’ensemble du secteur. Ceux de Piriou connaissent alors leur plus bas niveau. « Ce fut la période la plus difficile qu’ait connu l’entreprise, explique Pascal Piriou. Mais notre capacité à répondre à toutes les commandes et ensuite nous débrouiller pour les honorer nous a permis de rebondir. Nous récupérons à cette époque la jumboïsation du Saint-Denis, un des bateaux de pêche de Pescanova. En 1993, ce groupe espagnol vient de reprendre le 1er armement français de pêche au bord du dépôt de bilan, l’armement Jego-Quéré basé à Lorient. » Cet épisode va pousser plus encore l’entreprise à se diversifier. En 1995, elle met les pieds dans l’offshore pétrolier via la Cie Surf (groupe Bourbon ) à Marseille. A partir des années 1996-1997, l’offshore représentera 25% de l’activité de Piriou alors que la pêche ne pèsera plus que 50%.

1998-2000, un tournant pour l’entreprise
_ Le marché thonier ne cesse d’évoluer, la concurrence des pays de l’Est se fait pressante, il devient nécessaire de s’installer au plus près des sites d’exploitation des navires. Bourbon rentre discrètement, à hauteur de 10%, au capital. « Il ne fallait pas inquiéter les clients et les salariés mais ce nouvel actionnariat était indispensable au développement de l’entreprise. Cette même année, nous créons un chantier à l’île Maurice, une filiale à 50 –50 avec le groupe Mauricien IBL et ouvrons un bureau d’études en Pologne (Seatech Engineering). La sous-traitance des coques en Pologne est indispensable pour pouvoir répondre à une commande de 5 palangriers de 55 m. Aujourd’hui, selon l’activité internationale, l’offre de prix des chantiers peut varier du simple au double. A chaque fois que nous le pouvons, nous privilégions le site de Concarneau. Si nos prix ne passent pas ou si nous ne pouvons tenir les délais, nous sous-traitons en Pologne. » Cette entrée de Bourbon au capital a été déterminante pour la poursuite du développement de Piriou. Elle leur a permis d’accélérer l’activité à l’export, démarrée dès 1981, et de passer à travers les crises quand le marché national s’effondrait.

Nouvelle organisation du travail
_ En l’espace de 5 ans, l’écart de prix des bateaux entre l’Europe et la Chine varie de 30 à 40%. En 2005, Jacques de Chateauvieux, le client fétiche et actionnaire, leur demande de les suivre au Nigéria, puis en 2006 au Vietnam «Pour participer à ce projet, nous devions mettre 45 millions sur la table. Nous n’étions plus de taille à suivre tout seul cette aventure. Mais d’un autre côté, refuser une telle offre entraînait, à terme, le risque de tout perdre. Nous avons choisi de céder 80% de notre capital avec l’engagement de maintenir le savoir-faire à Concarneau. Là était notre priorité! En 2007, Sapmer, la filiale de Jaccar, nous interroge pour trois thoniers de 90 m. En termes de prix, nous ne ne passions pas. Pour sortir de l’impasse, elle nous proposait de nous acheter les plans et d’aller construire en Chine. Pour la première fois, nous avons dit non ! Le risque de perdre notre savoir-faire était trop grand. Par contre, nous leur avons proposé une alternative acceptable par chacune des parties : le prototype serait construit à Concarneau et sa coque sous-traitée en Pologne. La construction des deux autres thoniers serait réalisée au Vietnam» C’est cette organisation du travail répartie sur différents continents et mise en place au fils des ans qui a permis à Piriou de maintenir une activité sur le site historique de Concarneau. Une organisation alliée à une capacité de répondre à toutes les commandes, petits et grands navires, public et privé, civil et militaire, dans presque tous les secteurs : pêche, maritime, offshore et aujourd’hui fluvial.

De Concarneau s’organise la diversification
_ « Notre dernier bateau de pêche pour la France remonte à 2005. Désormais nous en construisons au rythme de un tous les 4-5 ans. La pêche et les pêcheurs n’ont pas leur destin en mains. L’actualité des dernières semaines est là pour nous le rappeler. Quotas, déconstruction, hausse du carburant et mesures réglementaires liées à la gestion de la ressource ne cessent de s’accumuler.» Dans ce contexte, Piriou poursuit sans relâche sa diversification géographique et sectorielle : les dernières commandes, un ferry de 80 m, 2 bateaux de 30 m pour pour l’offshore, « à chaque fois du sur mesure, très peu de séries, tout le contraire des asiatiques. Tout est possible ! Je crois beaucoup aux marché des sabliers et dragues. Ils représentent un nouveau segment avec de réelles perspectives. Nous en livrerons un de 85 m en 2010 à la Cetra. Sur le plan de notre développement à l’international, le Vietnam va nous permettre de couvrir l’Asie. Mais notre base, d’où sortent tous les plans avec 18 personnes au bureau d’études, reste Concarneau. Nous n’imaginons pas qu’elle soit un jour déconnectée d’un site de production» conclut Pascal Piriou qui a déjà vu passer de nombreuses crises et a su visiblement en tirer les leçons.

Véronique Maignant
_ Bretagne économique N° 190 décembre 2008/janvier 2009

_
_ Retrouvez l’actualité des Chantiers Piriou:
_ « Avec le « Franche-terre’, les Chantiers Piriou battent des records’| « Avec le « Franche-terre’, les Chantiers Piriou battent des records’FR

Évènements

AGENDA DES ÉVÈNEMENTS À VENIR

Palmares
des entreprises
bretonnes

PALMARES 2023-2024 Je commande

Bretagne Économique